Ce mercredi, à Rennes, une manifestation de soutien à Laure Marivain aura lieu alors qu'elle conteste le montant de l'indemnisation, devant le tribunal, pour la mort de sa fille victime des pesticides. Elle se bat pour une meilleure reconnaissance financière du lien entre l’exposition aux herbicides et le cancer d'Emmy.
Ce mercredi 9 octobre, une mobilisation est prévue, en marge d'une audience, devant la cour d'Appel de Rennes. À l’appel du collectif de soutien aux victimes des herbicides, des manifestants se rassembleront pour apporter leur soutien à Laure Marivain. Cette mère endeuillée se bat aujourd’hui pour une meilleure reconnaissance des effets dévastateurs des pesticides, qu’elle estime responsables du cancer qui a emporté sa fille Emmy, à l'âge de 12 ans.
Une affaire révélée par Marie Dupin avec la cellule investigation de Radio France associée avec le journal Le Monde.
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Une famille en deuil, un combat pour la justice
Tout commence lorsque la petite Emmy n’a que 4 ans. Atteinte d’une leucémie, un cancer particulièrement agressif, elle engage avec sa famille un long combat contre la maladie. Huit années de lutte acharnée s’ensuivent, jusqu’à ce que la fillette succombe en 2022. Mais pour Laure, sa mère, la mort d’Emmy n’est pas une tragédie sans cause. Elle est convaincue que sa fille a été victime d’une exposition toxique aux pesticides.
Sans le savoir, je respirais en permanence des produits chimiques.
Laure MarivainTémoignage à Marie Dupin de la cellule investigation de Radio France
Pendant sa grossesse, Laure travaillait comme fleuriste, un métier passion, mais aussi une profession à risque. Elle livre son témoignage à Marie Dupin. "Sans le savoir, je respirais en permanence des produits chimiques", souffle-t-elle.
Derrière l’apparence inoffensive et esthétique des fleurs se cache une réalité bien plus sombre : "Sur une seule fleur, on peut trouver jusqu’à 38 pesticides différents", explique-t-elle avec amertume.
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Un tabou autour des pesticides dans l’industrie florale
La majorité des fleurs coupées vendues en France sont importées de l'étranger, où elles sont souvent traitées avec des produits interdits en Europe pour leur dangerosité. Pourtant, contrairement aux fruits et légumes, les fleurs échappent à toute réglementation en matière de résidus de pesticides. Les études scientifiques existent, elles soulignent un risque réel pour les professionnels du secteur, mais peu de fleuristes sont informés des dangers auxquels ils s'exposent. C’est précisément ce silence que Laure souhaite briser.
On n'a pas le droit de faire ça à des enfants.
Emmy MarivainTémoignage de sa mère à Marie Dupin de Radio France
Elle veut dénoncer le manque de réglementation et d'information dans l’industrie florale, un secteur où des substances toxiques continuent de circuler en toute impunité. "Emmy m'a fait promettre de me battre", confie-t-elle. Avant de mourir, la petite fille lui avait dit avec une lucidité poignante : "On n'a pas le droit de faire ça à des enfants. On empoisonne des enfants, on va détruire beaucoup de familles comme ça."
Une bataille juridique
Laure Marivain a déjà remporté une première victoire : la reconnaissance officielle du lien entre la leucémie d'Emmy et l'exposition aux pesticides. Le fonds d’indemnisation des victimes des pesticides a validé cette connexion, mais la mère conteste aujourd’hui le montant de l’indemnisation proposée, jugée insuffisante. C’est cette bataille qui se joue aujourd’hui devant la cour d’appel de Rennes, et qui mobilise les soutiens de Laure.
Le collectif de soutien aux victimes des herbicides appelle à manifester pour alerter sur le drame des pesticides qui continuent de faire des victimes invisibles. Le procès de Laure Marivain pourrait bien devenir un symbole pour tous ceux qui, comme elle, réclament justice face à des pratiques qu’ils jugent dangereuses.
Dans cette affaire, les regards sont désormais tournés vers Rennes, où la justice tranchera sur un procès qui met en lumière les conséquences de l’exposition aux pesticides.