L'accès au sport pour les personnes handicapées reste insuffisant. De nombreux clubs et infrastructures publiques ne sont pas adaptés, limitant ainsi la pratique sportive pour près de la moitié des personnes handicapées inscrites dans des clubs. C'est ce que met en lumière une enquête menée par l'Adapt auprès 700 personnes handicapées.
“Les peurs sont fondées. Pour les personnes handicapées, l’accès au sport est souvent empêché. Clubs, établissements publics, personnes concernées le chantier est encore très important” souffle une militante en faveur de l’accès à tous au sport.
Des obstacles persistants
La plus grande vitrine du sport, les Jeux Olympiques, est l’occasion de mettre à l’honneur la pratique sportive. L’Adapt, l’association qui accompagne les personnes handicapées dans leur combat pour une vie ordinaire, prend la balle au bond et a enquêté sur l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap.
Décrétée grande cause nationale par Emmanuel Macron pour cette année Olympique, la pratique sportive est encouragée par l’Etat. Il faut “bouger 30 minutes chaque jour” scande la campagne d’affichage du ministère des sports et des jeux Olympiques et paralympiques piloté par Amélie Oudéa-Castéra.
Si les moyens sont largement déployés pour faire rayonner les jeux Olympiques, les paralympiques n’ont vendu qu’un tiers de leur billet. Un chiffre à l’image de l’accès aux sports pour les personnes handicapées.
Sensibilisation des clubs sportifs
Les personnes en situation de handicap répondent à l’appel. Selon enquête menée par l’Adapt auprès de 700 personnes durant le mois de mars 2024, près de 80% des sondés souhaiteraient faire du sport. Un résultat logique, “cette pratique sportive associe amélioration de la santé et insertion sociale dont les personnes avec handicap ont besoin” assure une membre de l’association.
En France, près de 60% d’entre elles sont inscrites dans un club de sport. Mais, malgré l’approche imminente des Jeux, seule près d'une personne handicapée sur deux inscrites dans un club déclare que les infrastructures sont accessibles à sa situation.
Conséquence directe, 38% des pratiquants auraient préféré faire un autre sport mais ont été limités en raison de leur handicap.
“Manque de choix, manque d’information sur les sports disponibles, peur de ne pas réussir, craintes des préjugés, nous devons faire plus et communiquer auprès des clubs et des personnes” lâche une membre de l’Adapt. Pour favoriser la pratique sportive selon son envie, son handicap, sa domiciliation, il existe des plateformes mises en avant par le Comité paralympique comme Mon Club près de chez Moi et Trouve ton Parasport.
Une accessibilité toujours insuffisante
Pour l’association, la priorité est de faire tomber les obstacles au sport. “Les personnels dans les clubs doivent se rendre compte qu’il est possible de mieux accueillir. Il faut dédramatiser les éléments à mettre en place”. Côté personnes en situation de handicap, l’Adapt compte également leur montrer que l’accès au sport est possible.
En plus des battages médiatiques, des actions de terrain sont mises en place. “Près de 3.000 clubs sont actuellement sensibilisés” assure une membre de l’Adapt Bretagne. Accueil dans de bonnes conditions, session de formation, temps sportif entre professionnels du club et personnes handicapées, “nous voulons casser les préjugés” répètent les membres de l’association.
Autre action contre l’inactivité physique, en Bretagne un challenge des 1.000 pas par jour est instauré par l’Adapt. Seule ou en équipe pour plus de motivation, l’association veut pousser les personnes à bouger et bénéficier des bienfaits pour la santé de l’activité physique.
Des établissements publics encore peu accessibles
Si côté club, du travail reste à faire, côté établissement sportif public comme les gymnases, le chantier est encore trop important. Malgré l’arsenal législatif en faveur de l’accueil des personnes handicapées, car “c’est la loi, tous les lieux publics doivent pouvoir accueillir les personnes en situation de handicap”, seuls 62% des établissements sportifs déclarent le faire.
Cette donnée du Ministère des Sports prouve à elle seule que l’accessibilité au sport n’est toujours pas effective.
Pour l’Adapt, “il reste tant à faire. Il est urgent de créer les conditions pour qu’il y ait davantage de pratiquants en situation de handicap”. Autant dans un but de santé publique, d’une meilleure inclusion dans la société que pour faire émerger des sportifs paralympiques.