Ce 10 avril, il ne reste plus que 107 jours avant le début des Jeux olympiques 2024. Les athlètes sont dans les starting-blocks, les commentateurs et vocalisateurs ont, eux aussi, commencé l’entrainement. Et pour faire vivre l’événement aux téléspectateurs en situation de handicap, Sylvie, Rennaise non-voyante, les guide dans leur préparation.
Sur l’écran de télé, les joueurs de rugby se préparent pour la mêlée. Simon et Pierre-Alexandre se lancent : "le numéro 8 est un jeune blond, cheveux rasés sur le côté". Ils sont vocalisateurs. Lors des Jeux Olympiques de Paris, ils seront chargés de faire vivre les épreuves aux personnes mal ou non-voyantes.
Sylvie les écoute et parfois corrige. Née malvoyante, désormais aveugle, elle fait office de consultante. "C’est mieux de parler au présent", souligne-t-elle. "Là, tu as dit, le jeu a repris, c’est mieux si tu dis, le jeu reprend."
"Oui, mais si quand le jeu a commencé, le commentateur disait quelque chose, j’ai attendu… je ne peux pas dire le jeu reprend puisque ça joue déjà ?"
Sylvie, Simon et Pierre-Alexandre cherchent ensemble, les bonnes formules, courtes, mais pertinentes. "Reprise du jeu ? " propose Simon, comme cela, ça va vite, on peut même parler sur le commentaire ? " Sylvie acquiesce ! Validé !
"On y est presque, sourit Sylvie. On y arrive petit à petit."
Décrire la tenue des joueurs, le stade...
Dans les locaux de Transperfect Media France à Paris, Pierre-Alexandre et Simon peaufinent leurs phrases pour rendre plus immersives les retransmissions de France Télévisions à des non-voyants ou mal – voyants.
"Ils auront les mêmes informations que tout le monde, mais aussi des descriptions de l’endroit où se passe l’action, des visages, de la tenue des athlètes", précise Laure Morisset, responsable audiodescription et vocalisation à Transperfect Media France.
4 months before the Olympics 🥇
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26th July 2024. We can't wait ! pic.twitter.com/nIuBuzRWFB
"C’est en cela que les vocalisations sont différentes des audio descriptions qui sont plus destinées aux films. La vocalisation se fait en direct, il s’agit de s’insérer dans les commentaires des journalistes sportifs et de les compléter. Mais le défi, c'est de se glisser entre leurs phrases, car les vocalisateurs ne savent jamais exactement à quel moment ils vont parler, ni ce qu’ils vont dire. Et ils doivent apporter d’autres éléments, des détails qui n’en sont pas, qui permettent aux non-voyants de se faire une idée de la scène. Ils auront les mêmes informations que tout le monde, mais aussi des descriptions de l’endroit, de la pelouse où se passe l’action, des visages, de la tenue des athlètes."
Médaille d’or de l'inclusion
"Le ballon file en touche", décrit Simon. "On sent quelques joueurs qui peinent à retrouver un second souffle" poursuit le commentateur. "Le stade est plein" reprend aussitôt Simon.
Sylvie Ganche a le sourire. "Ça crée des images, on les voit. Ça va vraiment permettre de faire des heureux. Ça aurait été dommage de laisser une partie du public sur la touche. Les jeux, il faut que tout le monde participe !"
(Avec Eric Pinault)