Originaire de Guémené-sur-Scorff (Morbihan), le footballeur Antoine Le Bigaut, attaquant au Stade pontivyen depuis 2018, a participé en avril dernier à la belle aventure des Jeux Olympiques avec l’équipe de France des sourds et malentendants au Brésil. A 22 ans, il veut se servir de cette expérience pour sensibiliser le public sur la filière handisport.
Sur un terrain de football, ses perceptions sont différentes des autres joueurs. Sourd de naissance, Antoine Le Bigaut a toujours joué au foot dans des clubs valides mais avec quelques adaptations.
Jouer au football
"Je suis obligé d'utiliser ma vision de jeu pour remédier à mes difficultés d'audition donc c'est important d'avoir une prise d'information importante et c'est une de mes qualités aussi", reconnaît Antoine.
Durant les entraînements, il se rapproche et se met en face de son coach pour bien entendre les consignes. "Je pense qu'il capte des sons. Quand ça crie, d'une certaine manière il réagit mais cela doit lui demander des efforts de concentration", explique David Le Goff, son entraîneur au Stade Pontivyen.
Avec son jeu percutant, offensif et grâce à une vision du jeu, le jeune attaquant de 22 ans, originaire de Guéméné-sur-Scorff, a su s'imposer rapidement. Il évolue aujourd'hui en régionale 2.
Ses partenaires de jeu ne manquent pas d'éloges à son égard. "Être capable de voir avant de recevoir, c'est peut-être plus important pour lui que pour des joueurs qui entendent comme nous", reconnaît Bruno Brieuc, défenseur central du Stade Pontivyen. "Là-dessus, il a ses qualités et c'est un bon joueur."
Médaillé d'argent avec l'équipe de France
Depuis toujours, Antoine a joué dans des équipes de football ordinaires. Son handicap a fait de lui un joueur unique et une force.
Ses performances sur le terrain lui ont ouvert les portes de l'équipe de France des sourds. Au Brésil, au printemps dernier, il a même participé aux Deaflympics, les Jeux Olympiques des sourds et malentendants.
À 22 ans, il a glané une médaille d'argent et a été l'un des meilleurs buteurs de la compétition toutes nations confondues. Un sacre qui vient récompenser des années d'effort et d'entraînement. "C'était une aventure magique. On est arrivé en finale avec des étoiles pleins les yeux", glisse le footballeur. "On a ramené une médaille en France. C'était exceptionnel."
Le sport, une tradition familiale
Des performances sportives qui sont presque une tradition dans la famille. Le grand-père d'Antoine, a été champion de Bretagne de cyclisme. Son père, Pierre Le Bigaut, a eu une belle carrière et a notamment remporté deux étapes sur le Tour de France.
Depuis tout petit, d'abord avec le cross-country puis avec le foot, Antoine a toujours eu le goût du sport. "C'était le bonheur quand on voyait Antoine sur la ligne de départ d'un cross d'école avec un sourire comme ça", raconte Pierre Le Bigaut. "Je n'ai vu que son amour, il le partageait avec l'histoire de sa famille, le sport."
Cela m'a permis de me battre jusqu'au bout pour prouver qu'un sourd, il n'est pas ridicule."
Antoine Le Bigaut, joueur de football sourd
La surdité d'Antoine a été détectée lorsqu'il avait 2 ans. Grâce à ses appareils auditifs, il n'a pas perdu l'usage de la parole. Il a vécu une scolarité ordinaire en obtenant son Bac S. Il mène actuellement des études universitaires tout en menant sa carrière de footballeur. "Cela m'a permis de me battre jusqu'au bout pour prouver qu'un sourd, il n'est pas ridicule", explique Antoine.
"L'idée, c'était qu'il vive comme les autres", ajoute sa maman. "Il fréquente plus de sourds maintenant que quand il était petit mais c'est deux mondes à part."
Son handicap, Antoine veut s'en servir aujourd'hui pour sensibiliser sur la filière handisport. Il veut se servir de son expérience pour faire connaître la Fédération handisport, et donc l’accès aux compétitions internationales, aux personnes sourdes et malentendantes.
Le jeune Morbihannais a été reçu en juillet dernier par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui a annoncé qu’il recevrait prochainement la médaille d’or Jeunesse et Sports et engagement associatif.
Antoine profite maintenant de toutes ces expériences avec dans un coin de la tête les Jeux Olympiques des sourds à Tokyo en 2025.