Témoignage. "Il a quand même pas la coqueluche ?", symptômes, médecins, stress. Récit d'une journée avec mon enfant malade

Publié le Écrit par Benoit Thibaut
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La coqueluche a touché notre enfant, pourtant vacciné. Il a fallu du temps pour diagnostiquer et comprendre les effets du traitement. À l’heure où les cas s’accumulent, immersion dans le quotidien d’une famille touchée par la bactérie.

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"Votre enfant a la coqueluche". Avant que le diagnostic ne soit posé, il a fallu passer par quelques nuits blanches. La toux incessante d'un enfant de trois ans, cela engendre du stress pour des parents.

De la fatigue, des petites colères répétées, chez les enfants de deux ou trois ans cela arrive régulièrement. Le fameux "terrible two" bien connu des pédopsys. Bien malin celui qui comprend immédiatement que la crise à la maison est due à l'otite ou une autre infection que couve son enfant. Alors la coqueluche…

Des symptômes pas simples à repérer

Il était pourtant vacciné, mais malheureusement, il n’est pas passé à côté. La coqueluche se baladait dans les couloirs de l’école maternelle. De petites affiches discrètes indiquaient sa présence à l'entrée du groupe scolaire du quartier. Forcément, il l’a attrapée. Les symptômes ? Nez qui coule et toux. Que du classique.
Résurgence de la coqueluche : plusieurs cas dans une école d'Ille-et-Vilaine (francetvinfo.fr)

Mais à la différence des rhinos habituelles, les soins classiques ne fonctionnaient pas. Le combo soin de nez, sirop, doliprane, n’était d’aucune utilité. Jour après jour, notre petit blond se retrouvait de plus en plus cerné, fatigable et avec une toux de canard enroué de plus en plus prononcée. Une toux assez proche de ses crises d’asthme régulières. À côté de cela, un peu de température mais pas de fièvre… On espérait que nos efforts quotidiens finissent par faire effet.

C’est surtout son côté morve au nez qui aurait dû nous alerter plus rapidement. Nous ne le savions pas encore, mais la bactérie de la coqueluche provoque un écoulement nasal très abondant. Bien plus que pour un rhume traditionnel. Et l’absence de réelle fièvre était un symptôme.

Forcément, ces deux informations importantes, nous les avons apprises chez SOS Médecin, un soir peu avant 22 heures, avec un enfant malade dans les bras.

Il n’a quand même pas la coqueluche ?

Le médecin

Il a fallu du temps au médecin pour assurer son diagnostic. Après avoir ausculté les poumons, vérifié la gorge, observé les oreilles, ce spécialiste de la médecine générale lâchait… "il n’a quand même pas la coqueluche…". À cet instant, le docteur nous demande un instant pour vérifier son jugement. Assisté de la bible des médecins, il prend le temps sur son ordinateur et vérifie les différents signes de cette maladie rare qui revient chez les plus jeunes.

"Votre enfant a la coqueluche. Et vu son état cela fait plusieurs jours. Attention, c’est contagieux. Pas d’école pendant cinq jours, voici un traitement pour lui et toute la famille. Soyez vigilant." Voilà, c’est dit et inscrit sur l’ordonnance.

Nous n’avons pas fait de sérologie pour confirmer l’avis médical. Le médecin nous ayant prévenus, une sérologie dans un cas de coqueluche est considérée comme peu fiable. Information vérifiée via le site internet de l’Institut Pasteur. Au programme pour notre malade, repos et promenades au grand air pour qu'il retrouve un peu de forces.

Quatre jours de traitement… pour les autres

À la sortie du cabinet médical, passage obligatoire par la pharmacie de garde pour le traitement familial. Quatre jours d'antibiotiques pour l’enfant contaminé et toute la famille en contact direct. Nous pensions que ce traitement serait curatif, qu’il servirait à le guérir. Erreur de débutant.

Dans le cas de la coqueluche, le traitement donné ne permet pas de soigner. Il permet de limiter la contamination. Il n'existe pas de médicament pour lutter contre cette bactérie. Cette information, c’est un second médecin, le pédiatre et médecin traitant de notre enfant, qui nous la délivre.

"Votre enfant va tousser pendant au moins trois mois. Il va connaître des cycles. Deux semaines avec une toux qui va crescendo, un écoulement abondant du nez et une légère fièvre. Ensuite un petit mieux de quelques jours puis il va rechuter au moins deux semaines. Ensuite il ira mieux progressivement. Ne soyez pas surpris, la toux sera longue."

Le téléphone raccroche. Après avoir eu l’impression de soulever des montagnes pour obtenir un avis du spécialiste des soins pour enfants, la nouvelle fait office d’un nouveau choc. Il nous faudra donc encore patienter. Cette maladie respiratoire très contagieuse est dite "d'évolution longue" par les spécialistes.

Recrudescence partout en Europe

Il faut relativiser. Ce n‘est qu’une coqueluche. Même si cette maladie peut être particulièrement dangereuse chez un nourrisson, notre garçon a trois ans et bénéficie d’une attention optimale.

Partout en Europe, les cas de coqueluche sont en pleine recrudescence "avec des épidémies importantes en Croatie, au Danemark ou au Royaume-Uni et des hausses significatives en Belgique, Espagne et Allemagne" assure Santé Publique France.

Nous vivons à Rennes. À l’échelle de la Bretagne, l’agence de santé régionale (ARS) a recensé 88 cas de foyers infectieux de la coqueluche depuis le début de l’année 2024. Alors qu’elle n’avait connu aucun cas en 2021, 11 en 2022 et un seul en 2023.

Ces chiffres sont à pondérer, "la coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire" signale l’ARS Bretagne. L’agence prend les signalements de cas au sérieux. Prévenu par notre médecin, l’ARS prend le temps de nous interroger par téléphone. Leur but ? Comprendre comment la contamination a pu avoir lieu malgré la vaccination et s’assurer que nous suivons bien les préconisations médicales.

La politique vaccinale contre la coqueluche vise à réduire les formes graves, celles qui mettent en danger les nourrissons de moins de 6 mois. Santé Publique France le martèle dans sa dernière publication sur cette maladie. En plus de vacciner les plus fragiles comme les enfants ou les personnes âgées, ou ayant des maladies respiratoires, il est nécessaire que "les professionnels de santé et les personnes travaillant avec des nourrissons" le soient également.

Les pluies de printemps succèdent aux pluies d’hiver. Le pédiatre de notre enfant avait raison. Deux mois après le diagnostic, la toux commence enfin à disparaître. Côté énergie, il aura fallu un bon mois pour que le garçonnet sans énergie laisse progressivement sa place à notre jeune pirate plein de vie.

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