20, 14, 12 et 10 ans de prison. Après les lourdes condamnations des cinq jeunes reconnus coupables de la mort de Wilhem Houssin ce vendredi 25 octobre, la famille du musicien attend désormais que la justice les accompagne pour que l'histoire ne se répète pas.
"La justice est là, elle a fait son travail. Ils vont être emprisonnés." Ce vendredi 25 octobre, René-François Houssin espère enfin retrouver le sommeil.
Après huit heures de délibérations, les jurées ont prononcé des condamnations plus lourdes que les réquisitions pour quatre des cinq jeunes accusés d'avoir tué Wilhem Houssin.
Ce musicien de 49 ans s’était rendu à Saint-Jacques-de-la-Lande le mercredi 21 juillet 2021 pour visiter un appartement. Et c'est alors que pour un motif non établi, une dispute s’est produite avec un groupe de jeunes hommes.
Cette condamnation, ce n'est pas une victoire pour nous, c'est clair. Depuis le début, on n'a pas de haine.
René-François HoussinPère de Wilhem Houssin
Trois jeunes ont été condamnés à des peines de 10 et 14 ans, ceux pour qui l'intention de tuer n'a pas été retenue. Tandis que les deux principaux agresseurs ont écopé de 12 et 20 ans de prison, 12 ans pour celui qui était mineur au moment des faits.
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Mais pour ce père endeuillé, cette condamnation, "ce n'est pas une victoire pour nous, c'est clair. Depuis le début, on n'a pas de haine."
Pas de haine, mais de l'incompréhension face à "un déchainement de haine pour une histoire de cigarettes, des postillons sur un tee-shirt, une condamnation à mort qui se passe en quelques secondes..." et beaucoup de questions.
C'est énorme, quand on a 24, 25 ans, d'être condamnés pour des peines aussi longues, quel avenir on a ?
René-François HoussinPère de Wilhem Houssin
Un procès dans l'espoir de moyens pour éviter que cela se reproduise
Des questions, auxquelles René-François Houssin estime avoir trouvé des réponses lors de ce procès. "On a vu des gens, des personnalités, de très jeunes hommes."
Des profils très divers : des jeunes "vraiment dangereux", assure le père de Wilhem Houssin, "pour l'un d'eux, selon l'expert psychiatre, il faudrait 40 ou 50 ans pour qu'il redevienne quelqu'un de normal", mais aussi de jeunes hommes entraînés par leurs pairs, vis-à-vis desquels René-François Houssin, également maire de la commune de Vezin-Le Coquet qui abrite un centre pénitentiaire, dit se sentir "presque responsable" : "Ce que je souhaite, c'est qu'il y ait quand même un support pour qu'ils puissent être accompagnés et que toutes que ces années ne soient pas perdues, qu'elles puissent être mises à profit. Parce que c'est énorme, quand on a 24, 25 ans, d'être condamnés pour des peines aussi longues, quel avenir on a ?"
Évoquant, tour à tour, la surpopulation carcérale, les manques de moyens en éducateurs, de psychologues, René-François Houssin, appelle à "mettre des moyens, pour que ça puisse évoluer, qu'on n'ait pas des nouveaux assassins qui vont redevenir assassins dans une chaîne infernale."
J'ai eu un grand moment d'émotion avec [la] grand-mère [d'un des accusés]. Nous, on a perdu notre fils, mais pour elle, c'est pareil.
René-François HoussinPère de Wilhem Houssin
Au milieu de ce procès difficile, René-François Houssin loue l'humanité des avocats de la partie civile comme ceux de la défense et de l'ensemble des familles. Il évoque les regrets des accusés auxquels il "ne croit pas" sauf pour l'un d'eux.
"J'ai eu un grand moment d'émotion avec sa grand-mère. Nous, on a perdu notre fils, mais pour elle, c'est pareil : quand on a 74 ans, on se dit comment il va sortir, dans quel état je serai à ce moment-là. Quand elle m'a serré l'épaule, j'ai senti qu'on partageait le même sentiment."
Alors que les accusés ont désormais neuf jours pour faire appel, René-François Houssin redoute désormais un nouveau procès : "On ne sait pas sous quels délais et comment ça va se passer. Ce seront encore non pas des piqûres de rappel, mais des coups de couteaux dans le cœur, cet appel."
