Une conférence de presse était organisée ce 29 mai, sous l'égide du procureur de la République de Rennes, avec des responsables de la gendarmerie, de la douane et de la police. Alors que Rennes connaît des règlements de compte liés au trafic de drogue, la réponse pénale se veut ferme. 


"Nous pouvons qualifier cette situation de tensions, comme étant sérieuse."
Philippe Astruc, procureur de la République de Rennes évoque le contexte rennais, où le trafic de stupéfiants se laisse remarquer, avec des "tensions importantes" ou règlements de compte.

Lors d'une conférence de presse, en présence de responsables de la gendarmerie, de la douane et de la police, il a dressé un état des lieux de la situation et de la politique pénale engagée. 

Plusieurs quartiers ont été identifiés par les autorités : Villejean, Maurepas, le Blosne et "dans une moindre mesure" Cleunay. Des incidents et tirs à balles réelles ont eu lieu ces derniers mois, mettant en avant des luttes pour la conquête de territoires.

"Ces événements occasionnent des troubles du voisinage, de l'inquiétude de la part des riverains ou des commerçants", relève Philippe Astruc. Il ajoute : "Ces balles perdues ne sont pas socialement acceptables." Il évoque aussi "des victimes collatérales, avec des mineurs impliqués dans ces affaires." 
 

Rennes ne doit pas devenir une ville où ces phénomènes se banalisent 


Face au trafic de drogues, pas d'impunité


Face à ce constat, les autorités envisagent une "politique publique engagée dans la durée, construite et coordonnée". Parmi les mesures envisagées, celles du terrain. Il s'agit d'abord d'identifier et de perturber les approvisionnements par les voies terrestres, maritimes (via les ports) ou aériennes. "Les connexions sont nantaises, parisiennes ou guyanaises. La Bretagne n'est pas une zone de production."

Un travail doit aussi s'opérer dans les quartiers, avec une approche "par micro-territoire". Un renforcement de la présence policière est prévue, une rencontre avec la population la semaine prochaine. 

La réponse pénale se veut ferme : une information judiciaire sera systématiquement ouverte avec une saisine de la police judiciaire. Philippe Astruc souhaite le maintien des qualifications criminelles pour ce genre de faits. "Les mis en cause iront s'expliquer devant une cour d'Assises, devant un jury." 
 
Le trafic de drogues répond à une logique de marché. "Il faut agir sur la demande", insiste Philippe Astruc. Il en appelle à la responsabilisation de l'usager qui, selon lui, participe au système et à la dégradation de lieux de vies en allant s'approvisionner auprès d'un dealer. L'expérimentation de l'amende forfaitaire doit démarrer à Rennes entre le 3 et 16 juin, et sanctionnera la consommation de drogue.  


Un travail collectif entre les autorités


La police judiciaire a lancé en 2019 une cellule de renseignements opérationnelle sur les stupéfiants qui mobilise trois enquêteurs. Selon Gilles Soulie, Directeur interrégional de la Police judiciaire, le profil des trafiquants a évolué, avec "des gens qui connaissent bien le système judiciaire, n'ont pas peur d'une garde à vue. Même s'ils vont en prison, ils mettent ensuite une stratégie de défense."

La gendarmerie possède une unité stupéfiants départementale avec sept enquêteurs dédiés. Les douanes restent mobilisées sur les flux et la marchandise. Des contrôles embarqués ont lieu sur le réseau ferroviaire ou de bus. Pendant le confinement, l'attention a été portée sur les centres de tris postaux.
 

Il faut faire en sorte que le crime paie le moins possible


Autre moyen de toucher les trafiquants, les atteindre au porte-monnaie, en identifiant leurs biens, leurs comptes, en traçant les mouvements d'argent, en réalisant des saisies. 


En chiffres


Les faits de règlements de compte augmentent à Rennes. Huit ont eu lieu en 2020, contre quatre en 2019. "Ils sont tous liés aux stups" affirme Gilles Soulie. 

En Ille-et-Vilaine, les délits liés aux stupéfiants voient une hausse : + 3 % en 2017, 2018 et 2019. + 6 % depuis 2020. A noter une augmentation de 22 % à Rennes (-40 % à Fougères, - 16% à Saint-Malo)
 

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