VIDEO. Agriculture. Comment les éleveurs font face à la crise énergétique et climatique

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Agriculture. Comment les éleveurs font face à la crise énergétique et climatique ©France 3 Bretagne

Crise énergétique, sécheresse, prix du lait, dérèglement climatique... Pour les agriculteurs, les motifs d'inquiétude sont nombreux. Alors que le Space, le salon international de l'élevage, débute à Rennes ce 13 septembre, rencontre avec deux éleveurs en Ille-et-Vilaine. L'un a choisi la filière bio, l'autre travaille de manière conventionnelle.

"Le changement en soi, il n'est pas grave. Il le devient si on ne s'y prépare pas". Julien Sauvée est céréalier et éleveur de truies et de vaches à Melesse, en Ille-et-Vilaine.

Cet agriculteur bio sait que le modèle agricole actuel arrive en bout de course. Qui plus est dans un contexte de flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation animale, de terres et de bêtes qui, comme cet été, ont souffert de la sécheresse. "Même si cela fait trente ans qu'on se projette dans ces changements climatique et géopolitique, remarque Julien Sauvée, je pense que le monde paysan n'est pas prêt à gérer ces changements et la rapidité avec laquelle ils surviennent. Ça va plus vite qu'on ne pensait"

"Vision systémique des enjeux"

Depuis qu'il s'est installé, Julien Sauvée a tout misé sur l'autonomie de sa ferme. Il a, par exemple, dimensionné son élevage de cochons en fonction de la capacité de ses terres à les nourrir. "J'avais 40 à 50 hectares de disponibles, dit-il. Une truie a besoin d'un hectare, j'ai donc 40 truies, c'est aussi simple que ça. Cela me permet de réduire les charges car j'achète très peu d'aliments pour mes animaux à l'extérieur de ma ferme"

Pour les cultures servant à l'alimentation humaine, les engrais sont naturels. "Les 20 hectares de terre sont nourris par les déjections de mes cochons, explique l'éleveur. Tous les intrants sont indexés sur le prix de l'énergie. Le fait de peu en consommer réduit l'impact de la hausse du coût énergétique"

Julien Sauvée indique "être au maximum de ce qu'il peut faire en termes d'économies". "En bio, précise celui qui est également à la tête de la Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne (FRAB), on a une vision plus systémique des enjeux. L'énergie est une chose, mais il y a également la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la place de l'alimentation humaine, la qualité de l'eau, etc. On ne peut pas prendre un problème indépendamment d'un autre car tout est lié".

"Le prix de tout subit des variations importantes"

Au Rheu, près de Rennes, Romain Marqué a repris l'exploitation familiale en 2017. Il a choisi de revoir le modèle économique, social et environnemental de l'élevage qui compte, aujourd'hui, 140 vaches laitières. Une ferme moins consommatrice en eau et en énergie qui, en quatre ans, est parvenue à réduire son empreinte carbone de 1.000 tonnes.

Chauffe-eau solaire, récupérateurs d'eau, compteurs d'eau connectés qui alertent, notamment, en cas de fuites... L'agriculteur, qui travaille de manière conventionnelle, a mis le paquet pour abaisser les coûts énergétiques. "Une économie reste une économie, relate-t-il. Pas seulement pour le climat mais aussi pour son porte-monnaie. Maintenant, on a des inquiétudes face à la raréfaction de l'énergie et du prix qu'elle aura. On ne sait pas non plus comment va évoluer le prix du lait. Le prix de tout est tellement sujet à des variations importantes que l'on va de surprises en surprises. La seule chose que l'on peut faire aujourd'hui, c'est faire des stocks pour passer l'hiver et encore si les trésoreries le permettent".

Les vaches de cet élevage pâturent de mi-février à début novembre. "Une vache qui va au pâturage, c'est une vache qui fait ses besoins dans le champ et fertilise les sols. Sans élevage, pas de fertilisation, sans fertilisation, rien ne pousse".

Romain Marqué dit "être entièrement autonome en fourrage. Ce qui est une bonne base" constate-t-il. Les compléments alimentaires donnés à son troupeau proviennent en partie de la ferme. "On transforme et conserve toutes nos céréales. La part du colza que j'achète à des coopératives agricoles représente 5 %. Avec une grosse inconnue sur le prix en fonction des marchés qui, eux, sont mondiaux".

Ces deux jeunes agriculteurs d'Ille-et-Vilaine, l'un bio, l'autre conventionnel, savent tous les deux qu'il y a urgence à revoir le modèle de production. Ils n'ont d'ailleurs pas attendu la sécheresse ou la crise énergétique pour modifier leurs pratiques et s'adapter. Chacun à sa manière.

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