VIDEO. Route du Rhum 2022. Quand Franck Cammas remportait l'édition 2010

Quand Franck Cammas remportait l'édition 2010 de la Route du Rhum ©INA

GRAND FORMAT. En 2010, c'est le skipper Franck Cammas qui remporte en solitaire sur son trimaran géant Groupama 3 la transatlantique la Route du Rhum. Il aura fait le pari gagnant de prendre la voie du Sud, une voie plus adapté à son bateau. Retour sur les moments forts de sa course.

A bord de son gigantesque bateau initialement conçu pour dix personnes, Cammas a signé un bel exploit. Bien qu'il ne batte pas le record de Lionel Lemonchois fixé quatre ans plus tôt en 2006, sa performance reste spectaculaire. La météo n'aura pas été aussi favorable qu'elle a pu l'être à Lemonchois lors de la précédente édition.

Franck Cammas remporte la Route du Rhum 2010 avec un temps de 9 jours, 3 heures, 14 minutes et 47 secondes. 

Son choix tactique aura été le bon : en passant au sud des Açores pour traverser l'Atlantique, Franck Cammas prend tout le monde de court. Porté par des alizés généreux pendant les premiers jours de course, il a suffisamment affirmé son avance pour que plus personne ne le menace directement.

Un navire gigantissime

En 2010, les géants des mers sont de nouveau présents.

L’avenir de la voile ne peut s’écrire qu’en multicoques, assènent depuis longtemps déjà les plus grands marins français. Ils sont attachés à l’un des derniers espaces de liberté, tant d’un point de vue architectural que sportif. Dans la catégorie des Ultimes, le nom donné aux plus grands trimarans de la flotte, il y a donc du beau monde. À commencer par Franck Cammas.

Du haut de son mètre soixante-dix, il va tenter de mener, seul, son immense « Groupama 3 ». Certes, le mât a été raccourci, la surface de voile diminuée, mais ça reste un trimaran de 32m de long prévu à l’origine pour un équipage de dix marins. Quelques mois avant le départ de la Route du Rhum, Franck Cammas et son équipage décrochent le graal à bord de ce trimaran : le trophée Jules Vernes, un record du tour du monde en 48 jours.

Durant le trophée, ils se foutaient tous gentiment de ma gueule à bord. Manœuvrer seul un tel bateau, personne n’y croyait trop.

Franck Cammas,

skipper

Et pourtant, Cammas persiste dans son idée.

Du vélo en pleine mer 

Il bosse dur, se prépare physiquement, invente des astuces avec son équipe technique pour se simplifier la tâche.

Son « vélo des mers », destiné à border les voiles ou hisser les drisses avec les jambes plutôt qu’avec les bras, fait des ravages dans les médias. Comme ses autres compagnons de classe, Franck travaille également son physique et son endurance.

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Franck Cammas préparation physique 2010 ©INA

Le gigantisme paye ! On n’a jamais vu autant de monde et de bateaux à Saint-Malo. 85 marins s’apprêtent à prendre le départ, un record à l'époque [ils sont 139 pour l'édition 2022, NDLR]. Le tenant du titre, Lionel Lemonchois, retourne au combat. Mais il a changé de classe. « C’est le marin passé d’un baron à un prince » titre la presse.

Il reste l’homme le plus rapide sur la distance. Mais la famille Rotshild lui a signifié son congé, lui préférant Yann Guichard. Pour pouvoir jouer réellement la compétition avec les Ultimes, Gitana 11, qui avait mené Lionel à la victoire en 2006, est rallongé de 5 mètres.

C’est donc à bord d’un trimaran de 50 pieds que le Normand Lionel Lemonchois s’apprête à traverser une nouvelle fois l’Atlantique, forcément à vitesse plus réduite, mais visiblement toujours avec envie.

Cap vers le Sud

Comme à chaque édition du Rhum, durant les premières heures de course, chacun s’observe.

On regarde ceux qui se lancent dans l’ascension Nord, et ceux qui plongent au Sud. Ce coup-ci, tous les routages donnent le Nord gagnant. Une voie sans doute plus audacieuse mais également beaucoup plus physique.

À terre, les deux tacticiens de Franck Cammas, Charles Caudrelier et Jean Luc Nelias, hésitent : « Ça a été très difficile de choisir. Il fallait une voie qui soit adaptée aux caractéristiques du bateau et aux possibilités de Franck. Un dilemme…mais on y a cru ».

Voilà donc Cammas parti naviguer dans le grand Sud.

Les concurrents

J’ai compris que Cammas avait un avion, ce n’était plus du domaine du nautisme.

Francis Joyon,

skipper

Francis Joyon et son maxi trimaran IDEC (sept mètres plus petit que celui de Cammas) prennent sensiblement la même option. Mais rapidement, Joyon se retrouve largué. 

« J’ai compris que Cammas avait un avion, ce n’était plus du domaine du nautisme ! Le premier jour, il s’est envolé. Il nous a collé 100 milles. Je pensais qu’il avait un potentiel important mais un tel décalage, je ne m’y attendais pas. »

Alors Francis s’accroche malgré tout, il mouline, mouline encore et encore. Mais le trou est fait et l’écart conséquent.

Son deuxième adversaire : Thomas Coville

Thomas Coville, l’autre adversaire annoncé de Franck Cammas, a choisi de ne pas faire dans la demi-mesure. Pour gagner, il sait qu’il doit tenter « autre chose ». Ça sera donc la route Nord. Un choix ambitieux et osé mais qui peut payer.

Mais arrivé à la hauteur des Açores, la drisse de grand voile tombe. « Je me suis retrouvé avec la grand-voile sur le pont. Normalement, c’était l’abandon. Alors je m’y suis collé. Le mât fait 35 mètres. La première fois j’ai pu monter jusqu’à 30 mètres. La deuxième fois, c’était de nuit. Il y avait trop de houle ce qui m’a définitivement décidé à redescendre. »

Thomas parvient au terme de nombreux efforts à établir un gréement qui tienne la route. « Quand j'ai senti que mon bateau n’était pas à 100 % de son potentiel, c’est comme s’il était blessé. J’avais envie de le soigner mais ce n’était pas possible ».

Sur les ondes, Coville ne dit rien. Impensable de montrer à l’adversaire qu’il a été fragilisé.

Franck parait si petit sur ce bateau si grand

Le vent est tombé. Le géant vert peine dans la pétole. En short et tee-shirt, Franck Cammas reste dans l’action. « C’est la première fois que je vois la Guadeloupe sans brouillard » se souvient le marin. Les premiers bateaux suiveurs commencent à affluer.

Franck parait si petit sur ce bateau si grand. Il sait que désormais, on ne pourra plus le rattraper. Joyon et Coville sont loin. On pensait son trimaran trop grand, trop lourd, trop physique. Trop tout. C’est justement ce gigantisme qui est en train de le porter vers la victoire. 

Pointe-à-Pitre est en fête. Il est 11h16. Ivre de joie, le héros lève les bras au ciel. Il bondit, il cavale, d’un bout à l’autre de son trimaran. Il fait des signes aux dizaines de bateaux qui l’entourent et qui font de gros bouillons. Dans la marina, il est désormais à quatre pattes sur le flotteur pour répondre à la masse de journalistes. Il est crevé, il dit qu’il faut se méfier de son sourire : « C’est le maquillage qui coule » se marre-t-il.

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Maman de Franck Cammas 2010 Route du Rhum ©INA

Noyée dans la foule, Eliane sa maman est là. "Bravo Franck" lui hurle-t-elle. Il lui répond par un petit geste de la main.

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