Ils estiment avoir été oubliés, lors de la création du nouveau régime de primes pour les enseignants-chercheurs. Les professeurs du secondaire qui travaillent à l’université ou dans les IUT, demandent une égalité de salaire par rapport à leurs collègues enseignants-chercheurs. Ils sont réunis au sein du Collectif 384 (pour 384 heures enseignées), qui appelle à arrêter de remplir les tâches administratives non rémunérées et non statutaires.
Ils ont un statut hybride. Ce sont des professeurs agrégés, certifiés et de lycée professionnel qui enseignent à l’université, et non dans le second degré. Ils assurent 384 heures annuelles de cours, soit deux fois plus que leurs collègues enseignants-chercheurs. Ils ne font pas de recherche, mais en plus de leurs heures de cours, ils assurent, comme les enseignants-chercheurs, des tâches administratives qui ne font pas officiellement partie, de leurs fonctions.
Grève des tâches administratives
Jusqu’à présent, ils touchaient la même prime, soit 1 200 euros par an, mais d’ici à 2025, le Ripec (régime indemnitaire des personnels enseignants-chercheurs et chercheurs) permettra à tous les enseignants-chercheurs de toucher une prime statutaire de 6 400 euros annuels. Pas les enseignants de l'Education nationale, qui réclament le même traitement et menacent de renoncer aux missions administratives qu'ils remplissent depuis 30 ans, comme les enseignants-chercheurs.
Certains professeurs du secondaire affectés dans le supérieur ont par exemple, arrêté d'examiner les dossiers des candidats sur Parcoursup, de suivre les étudiants partis en stage professionnel, explique Karl Pinault, prof agrégé affecté dans le supérieur à l'université de Rennes. Et à la rentrée, ils démissionneront de leurs fonctions administratives bénévoles. Tout ça, à contrecœur.
Karl Pinault enseigne en éco gestion à l'université de Rennes depuis 10 ans et il est membre du collectif 384. Il explique que ces tâches et missions sont remplies naturellement depuis plusieurs décennies, mais cette fois, il veut faire entendre sa voix.
Pendant 30 ans, nous avons bénéficié de la même prime que nos collègues chercheurs, et, à la suite d’une revalorisation des régimes de prime de nos collègues, nous avons découvert sans comprendre pourquoi, que nous étions écartés de ce régime. Nous souhaitons tout simplement bénéficier de ce régime comme auparavant.
Karl Pinault
L’université de Rennes a signé une motion pour soutenir la position de ces enseignants, mais la réponse ne peut venir que de Ministère, explique Karl Pinault.
Coincés entre deux ministères
Pour le ministère de l’enseignement supérieur, ces enseignants qui dépendent du ministère de l'Education nationale, ne font pas de recherche, et ne touchent donc logiquement pas le Ripec. Ils touchent une prime qui sera revalorisée pour atteindre plus de 3 200 euros en 2027. Soit deux fois moins que ce que toucheront à terme leurs collègues, au titre du Ripec. Pour autant, une revalorisation indemnitaire statutaire pour les enseignantes et enseignants hors recherche serait au programme.
En attendant, ils sont exclus de la prime d’attractivité et des mesures de revalorisation annoncées le 20 avril par le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye.