Réforme des retraites. Pour protester, ces profs d'université donnent des cours en marchant dans la rue

A Brest, les enseignants de l'UBO, mobilisés contre la réforme des retraites, ont choisi un mode d'action singulier : donner des cours ouverts à tous en marchant. A chaque jour, son thème, voté en assemblée générale. Au programme de ce mardi 21 mars, de la physique et de la biologie pour aborder les questions du temps et du vieillissement.

Des cours déambulatoires, ouverts à tous, sur fond de mobilisation contre la réforme des retraites, voilà ce que proposent des enseignants-chercheurs de l'UBO, à Brest. Ils sont en grève et ont choisi ce mode d'action pour échanger sur des principes tels que la temporalité, le vieillissement, l'évolution et même le 49.3.

Chaque matin, le thème du jour est voté lors d'une assemblée générale. Et à l'heure de midi, le groupe se poste sur un rond-point, près de la faculté des Sciences, pour distribuer des tracts, avant d'entamer le cours dans la rue. Et en marchant.

Dans un système démocratique, le savoir et l'échange de savoir appartient à tout le monde.

David Dekadjevi

Enseignant-chercheur en physique

"C'est une manière de montrer que l'UBO [l'Université de Bretagne Occidentale] est aussi en lutte, témoigne David Dekadjevi, enseignant-chercheur en physique. Autrefois, il y avait ce type, Aristote, qui avait créé l'école péripatéticienne. Il enseignait en marchant avec ses élèves. Nous avons appliqué la formule, tout simplement, car dans un système démocratique, le savoir et l'échange de savoir appartient à tout le monde".

Temps et vieillissement

Ce mardi 21 mars, il est question du temps, du principe de la relativité d'Einstein, de la vitesse, "de la place du temps dans nos vies, son histoire et ce qu'il représente, indique l'enseignant qui, tout au long du parcours, fait le lien avec la réforme des retraites.
"Tous les éléments que l'on amène aujourd'hui, on veut les faire rebondir par rapport à ce qui arrive dans la société, dit-il. On veut les faire rebondir d'une façon ludique car on pense que l'on peut être ensemble, même en étant en désaccord. Quand on voit les choses qui se sont passées alors qu'une grande partie de l'ensemble n'était pas en adéquation, on se pose des questions. Donc oui il y a des messages dans ce que nous faisons".

Réfléchir à la place que l'on accorde à la vieillesse dans nos sociétés

Valentine Federico

Enseignante en biologie

Le vieillissement est également au programme de la déambulation. Valentine Federico, enseignante en biologie, explique que ce thème "n'est pas anodin. Connaître les déterminants biologiques du vieillissement permet d'ouvrir une porte pour réfléchir à la place que l'on accorde à la vieillesse dans nos sociétés".

"Avoir du temps à nous"

Les étudiants qui participent à ces cours déambulatoires ne sont pas tous des scientifiques. Ils viennent des filières littéraires, de l'image et du son, de l'enseignement technologique, du sport. "C'est hyperintéressant car on peut faire des passerelles, observe Youenn, qui, lui, prépare une thèse sur la toponymie maritime. Faire le lien entre des disciplines qui n'ont pas forcément vocation à se rencontrer en temps normal, c'est enrichissant" ajoute-t-il.

David Dekadjevi rappelle que ces cours universitaires hors les murs ne sont pas seulement destinés aux étudiants. "Tout le monde est bienvenu" sourit-il avant de reprendre le fil de sa démonstration et de souligner que "le temps est propre à chacun. Et ça, indépendamment de la physique. A des moments, on a envie d'avoir notre temps à nous". Une petite phrase qui fait écho la mobilisation contre le recul de l'âge légal de la retraite à 64 ans.

(Avec Muriel Le Morvan)

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité