Ce 17 mars, lendemain de passage en force de la réforme des retraites devant l’Assemblée nationale, les blocages et annonces de rassemblement se multiplient en Bretagne. À Rennes, entre 2 600 personnes (préfecture) et 5 000 personnes (syndicats) défilent dans le calme dans le centre-ville depuis 11 heures.
Après l'annonce de l'utilisation du 49.3, provoquant de vives réactions chez les députés bretons, après une nuit de heurts et de casse dans le centre-ville de Rennes, la mobilisation reprend ce vendredi 17 mars à l'appel du collectif Maison du Peuple pour des blocages, et à des manifestations dans la journée pour l'intersyndicale.
Sur une carte publiée par la CFDT, on peut constater que des manifestations sont prévues à 10 heures à Quimper, Lorient et Vannes 10h30 à Brest, 11 heures à Rennes et Saint-Malo, 14 heures à Saint-Brieuc...
Manifestations à Rennes et Quimper
Un cortège réunissant 2 600 personnes (préfecture) et 6 000 personnes (syndicats) est parti de la place de Bretagne à Rennes vers 11 heures le 17 mars. Selon un premier bilan dressé vers midi, la préfecture d'Ille-et-Vilaine dénombre 750 étudiants et lycéens environ dans le cortège et n'a pas observé de débordements.
Pour les personnes interrogées dans la foule, le recours au 49.3 ne signe pas du tout la fin de la constatation. Ils considèrent que le recours à cet article de la Constitution est un "déni de démocratie", un "passage en force". "On veut qu'il retire cette loi, on n'en veut pas. Pour nous le 49.3 c'est une trahison. On ne lâchera rien," glisse un manifestant rennais.
Ça ne peut plus fonctionner comme ça. Le 49.3 prouve au grand jour que le gouvernement ne peut plus faire autrement. Symboliquement, c'est fort.
un manifestant à Rennes
Dès lundi, de nouvelles manifestations auront lieu et les syndicats appellent à une grande journée de grève et de manifestation le jeudi 23 mars.
À Quimper, environ 500 manifestants se sont rassemblés à 11 heures sur la place de la Résistance, pour ensuite déambuler dans le centre-ville, notamment devant la permanence de la députée Renaissance Annaïg Le Meur.
Déploiement de la CRS8
Ce vendredi 17 mars, le ministre de l'Intérieur et des Outremers Gérald Darmanin a condamné les violences qui ont émaillé la soirée de la veille à Rennes. Répondant à l'appel de la maire (PS) Nathalie Appéré, il a annoncé l'envoi dans la capitale bretonne de la CRS8, unité de police spécialisée dans le maintien de l'ordre et les violences urbaines.
Barrages filtrants
Au petit matin, l'accès à Rennes était difficile en plusieurs endroits, à cause de barrages filtrants sur des ronds-points d'accès.
À Ploërmel, dans le Morbihan, la N24 entre Rennes et Lorient a été coupée à la circulation dans les deux sens.
"Ça a été immédiat, dès que la décision du 49.3 est tombée, le téléphone a commencé à sonner. On a reçu un nombre incalculable d'appels, des gens qui ne sont pas syndiqués, des artisans qui nous disaient, qu'est-ce qu'on peut faire ? Ou vous voulez qu'on aille ? " décrit Fabrice Lerestif, secrétaire général de Force Ouvrière d'Ille-et-Vilaine.
Ce vendredi 17 mars au petit matin, les trois sites d'enlèvement des déchets de l'agglomération rennaise à Chartres-de-Bretagne et Pacé sont bloqués.
Dans les Côtes d'Armor, un piquet de grève est installé devant le centre technique des déchets de Ploufragan.
Des blocages spontanés
Un peu partout dans la région, des petits groupes se sont rassemblés pour faire entendre leurs voix.
À Rennes, le rond-point de Vern a été occupé ce qui a rendu la circulation dans le secteur de la Poterie compliquée. Il a été rendu aux automobilistes peu après 9h.
D'autres manifestants se sont déployés à Saint-Jacques de la Lande devant le magasin Castorama générant là aussi des difficultés de circulation.
La Nationale 24 bloquée pendant 2 heures
Sur la Nationale 24, à hauteur de Ploërmel, un barrage a été installé à 5h 30. La circulation a été coupée dans les deux sens entre Rennes et Lorient.
"Nous nous sommes retrouvés à 18h hier, avec l'intersyndicale et des citoyens, témoigne Virginie Gortais, secrétaire générale de l'union locale du Pays de Ploërmel, et les gens avaient envie de passer à l'action. Le 49, 3 a mis tout le monde en colère. Bien sûr, ils ont le droit de l'utiliser, mais on en a ras le bol d'un Président qui n'écoute pas le peuple. On était des millions dans la rue, ce n'est pas ça la démocratie."
"Il y a des choses qui passent par nous et qu'on accompagne, explique Fabrice Lerestif, et d'autres qu'on rejette parce qu'elles nuisent au mouvement." Et le secrétaire général de Force Ouvrière cite Camus. "Il disait, le mépris en politique prépare ou instaure le fascisme. C'est exactement ça. Avec ce 49,3, le gouvernement déroule un tapis rouge au Rassemblement national."
L'intersyndicale appelle à un rassemblement à 11h Place de Bretagne à Rennes avant de futurs blocages en début de semaine prochaine. "Il faut qu'ils retirent cette loi, analyse Fabrice Lerestif, et tout de suite, la sérénité reviendra. "