Peintres, photographes, sculpteurs, graveurs, une cinquantaine d’artistes ont répondu à l’appel d’Elovution. L’association malouine d’art-thérapie organise une exposition et une vente d'œuvres d'art pour aider les Ukrainiens.
"L’art peut être une arme plus forte qu’un missile" Caroline Maby, ne doute pas un seul instant de l’affirmation. Artiste peintre, et art-thérapeute, elle a fondé Elovution pour soulager les souffrances des enfants en difficulté.
Quand la guerre a éclaté le 24 février dernier en Ukraine, elle a tout de suite cherché un moyen d’action. Et il s’est imposé. L’art. "C’est une force de vie, explique-t-elle, un vecteur de résilience. Il détient le pouvoir de transformer notre vie en profondeur, quand les mots se révèlent vains, nous nous tournons vers les images pour raconter notre histoire."
Avec Carole Dubois-Deffains, elles ont commencé à appeler leurs carnets d’adresse : les artistes qu’elles connaissaient... et ceux qu’elles ne connaissaient pas. "On s’est dit qu’on allait organiser une vente d’œuvres d’art pour l’Ukraine. Des gens de toute la France nous répondaient 'Oui', s’étonne Carole, et ils semblaient tous heureux de pouvoir faire quelque chose. Ils nous donnaient leurs toiles ou leurs photos, mais c'est eux qui nous disaient merci ! "
"L'art nous sauve !"
Laëtitia Fauchoix-Masson, artiste malouine, n’a pas hésité un instant. Elle a donné plusieurs gravures. "C’est tout ce que je peux offrir, dit-elle humblement.je ne peux pas aller chercher des gens là-bas, je ne peux pas les héberger, je ne peux faire que des petits trucs comme ça."
"Mais pour moi, ajoute-t-elle, c’est plus fort qu’un billet ou qu’un chèque, parce que c’est une réponse à la violence et à la guerre. Quand tout semble perdu, quand on se sent malade, foutu, c’est l’art qui nous sauve, la musique, un livre, un dessin…"
"Moi, j’ai l’impression que tant que mes yeux voient et que ma main fonctionne, je pourrai être heureuse, confie-t-elle. Mais c’est une forme de grand écart. Il nous faut ouvrir les yeux sur ce qui est moche et quand même créer, ne pas baisser le regard, mais continuer à avancer. L’art nous sauve."
La lumière dans les ténèbres
Le photographe Olivier Adam a offert deux tirages de ses œuvres à l’association. "J’ai choisi des images qui pouvaient apporter un peu d’espoir pour apporter de la lumière dans ces ténèbres."
"A un moment, la guerre s’arrêtera, espère-t-il, il y aura besoin de lumières pour reconstruire les choses et reconstruire les gens."
Des crayons de couleur pour supporter la guerre
Les fonds récoltés par la vente seront versés à l’association Voices of Children qui œuvre déjà dans le pays. "Elle travaille notamment dans le Donbass, explique Caroline Maby. C’est important d’amener de la nourriture, de soigner, mais c’est capital d’apporter un accompagnement psychologique. Ils ont des ateliers d’art-thérapie pour les enfants et les adultes qui vivent en ce moment sous les bombes et dans la peur."
Sur son site, Voices of Children insiste, "aucun enfant ne doit être laissé seul avec un traumatisme de guerre". Avec des crayons de couleur, et de l'écoute, elle les aide à affronter leurs angoisses.
Les 130 œuvres seront exposées de 10h à 18h au Bercail à Saint-Malo puis vendues dans la soirée. Celles qui ne trouveraient pas preneurs seront mises en vente en ligne à partir du dimanche 10 avril.