Le 6 août dernier, à Glasgow, le jeune vitréen Léo Louapre devenait champion du monde de BMX dans la catégorie Cruiser. Trois jours plus tard, il réalisait le doublé en l’emportant en 20 pouces. Rencontre.
Quand il regarde les images de cette course folle du 9 août dernier, Léo Louapre en a encore des frissons. "Je pense que mon plus gros souvenir, c’est cette deuxième finale sur le 20 pouces (un vélo équipé de plus petites roues que le cruiser, ce qui le rend plus joueur, dixit Léo Louapre). C’était compliqué de profiter à la fin de la première course parce que je savais qu’il y avait la deuxième quelques jours plus tard."
Pour cette seconde épreuve, l’athlète avait choisi de se tenir en embuscade. Au départ, il s’est donc installé à la deuxième position et "après le virage, au moment où je double le premier, j’entends que ça hurle dans l’arène. Ça m’a donné des frissons. "
Quelques secondes plus tard, le jeune breton passe la ligne d’arrivée en vainqueur. "J’ai poussé un cri se souvient-il. Je me suis dit, tu l’as fait ! C’est un rêve de gamin qui est devenu réalité."
Tombé dans la marmite
Léo Louapre est monté sur un BMX à l’âge de 5 ans et demi. Le colosse d’1 mètre 90 et 94 kilos sourit en se remémorant son arrière-grand-père qui lui a offert son premier petit vélo. "Je tournais, je tournais, je ne voulais jamais le quitter, je faisais des tours dans le salon."
Quitte à le voir tourner, ses parents l’ont donc amené sur le terrain de BMX et c’était parti. Les premiers titres de champion d’Ille-et-Vilaine, puis de Bretagne… puis l’arrivée chez les pros. "Je suis un vieux moi. Ça fait maintenant plus de 18 ans que je fais du BMX et cela fait 10 ans que je suis sur le vélo tous les jours. "
Titré et diplômé
Léo Louapre s’entraîne au moins deux heures par jour. Il y a quelques mois, il a choisi de redescendre chez les amateurs pour pouvoir concilier sport et études d’abord, sport et travail aujourd’hui. Si en août, il a décroché les titres de champion du monde, en septembre, il a obtenu son diplôme d’ingénieur et vient de signer un premier contrat chez Thales.
Le BMX, c’est un sport où il n’y a pas d’argent. Les gens qui en vivent se comptent sur les doigts d’une main
Léo Louapre
"J’ai roulé chez les pros pendant 4 ans, confie-t-il. C’était évidemment un rêve. Mais le BMX, c’est un sport où il n’y a pas d’argent. Les gens qui en vivent se comptent sur les doigts d’une main. Pour se maintenir au plus haut niveau, c’était un rythme de deux entraînements par jour, avec beaucoup de déplacements. L’Ouest n’a pas suffisamment de terrains. Il faut les infrastructures et la concurrence qui tire vers le haut ", explique le champion.
Léo Louapre passe donc du maillot de vélo à la blouse blanche d’ingénieur et vice-versa. "J’ai toujours aimé l’équilibre entre la vie professionnelle et le sport. J’en ai besoin. Le sport libère la tête après une journée de boulot et j’aime le boulot pour tout ce qui est challenge. "
Des sacrifices qui valent le coup
Tu rates des moments sympas, mais c’est pour en vivre d’autres, inoubliables
Léo Louapre
Une double vie qui exige évidemment bien des sacrifices. À 23 ans, c’est dur. "Ce n’est pas toujours facile quand les collègues de l’école vont boire un verre après les cours et que toi tu es obligé de dire Non", soupire Léo Louapre avant d’ajouter aussitôt : " Tu rates des moments sympas mais c'est pour en vivre d'autres, inoubliables."
"Quand on arrive à maîtriser son engin, on a l’impression de voler sur son vélo, c’est magique."
Le jeune homme va d’ailleurs une nouvelle fois s’envoler bientôt. Ses titres lui donnent un ticket direct pour participer aux championnats du monde de l’année prochaine qui se dérouleront aux États-Unis.