Marie, victime présumée de Joël Le Scouarnec : "J'ai été opérée l'après-midi, il m'a violée le lendemain matin."

Marie était âgée de 10 ans lorsqu'elle a été violée par Joël Le Scouarnec, à la polyclinique du Sacré Coeur à Vannes. Lorsqu'elle a appris que son nom apparaissait dans les carnets sordides de l'ex-chirurgien, elle a pu comprendre les difficultés qui jalonnaient jusqu'à maintenant sa vie intime.


"C'est bien de le savoir, je sais ce qui m'est arrivé. Je comprends désormais mes réactions." Marie fait partie des victimes de Joël Le Scouarnec et comme d'autres elle a pris la parole face à la presse le 25 novembre, en présence de son avocate Maître Francesca Satta.

Plus de 200 mineurs ont été identifiés et auraient été abusés par cet ex-chirurgien. Des carnets ont été retrouvés chez lui lors d'une perquisition, dans lesquels il détaille ces agressions sexuelles. 

C'est dans ces carnets que le nom de Marie apparaît. Trois paragraphes lui sont consacrés. "J'ai un premier texte où il me décrit dans la salle d'opération, prête à me faire opérer, donc il parle de ma nudité..."
 
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Quand ils m'ont annoncé que je faisais partie des victimes, j'ai fait le lien avec des problèmes que j'avais dans ma vie intime

Marie est âgée de 10 ans lorsque Joël Le Scouarnec devient son médecin, le temps d'une hospitalisation pour une appendicite, à la polyclinique du Sacré Coeur à Vannes. "J'ai été opérée à l'après-midi, il m'a violée le lendemain matin." 

Lorsqu'elle apprend qu'elle est une de ses victimes, le fil de sa vie se dénoue : "J'ai dit ça y'est, j'ai compris les morceaux de puzzle qui me manquaient". "J'ai toujours eu des problèmes. J'ai même demandé à ma mère il y a huit ans s'il m'était arrivé quelque chose dans mon enfance. Puis j'ai appris à vivre avec, avec le soutien de mon conjoint." 

Elle précise : "Quand on est couple et qu'on veut avoir un rapport et que vous ne supportez pas qu'on vous touche la poitrine, qu'on vous touche tout court." Elle ajoute : "Mon corps refusait tout rapport. Mon corps avait tout retenu mais ma conscience avait occulté cette information." 

Avec sa mère, elles ont retrouvé les comptes-rendus opératoires, signés par Joël Le Scouarnec. Marie a déposé plainte et alors qu'elle avait réalisé un travail sur elle-même, cette affaire ébranle ses efforts. "J'accueille cette annonce mais ce n'est pas sans conséquences. J'avais appris à vivre avec, ça allait même un petit peu mieux dans mon couple mais avec l'affaire Le Scouarnec, on est reparti en arrière." 

Elle décrit le retour des insomnies alors qu'elle avait réussi à réguler son sommeil. Les souvenirs du viol remontent, "des sensations plutôt que des images", dit-elle.

J'attends juste qu'il finisse ses jours en prison et qu'il paie pour ce qu'il a fait

Désormais, Marie attend le procès. "Ce qu'il pourrait dire m'importe peu. Quand je lis des articles, je vois que c'est une personne qui n'éprouve pas de remords, de regrets. Je n'ai pas envie d'entendre ce genre de choses. Je préfère encore ne rien entendre." Elle souligne : "C'est quelqu'un qui est vraiment malade. Je suis personnellement persuadée qu'il ne guérira pas de cette perversion." 


Les interrogations des victimes


Pendant cette conférence de presse où les victimes ou leurs proches ont pu s'exprimer, Maître Satta a rappelé ce qui se joue derrière cette affaire. "Les victimes se demandent pourquoi on ne s'est pas réveillé plus tôt", à propos des carnets dont l'existence est connue depuis 2017.

"On aurait sans doute gagné deux ans d'enquête lors de la perquisition qui a suivi la dénonciation de la fillette (Joël le Scouarnec a été arrêté en mai 2017 à la suite d'une plainte pour viol déposée par les parents d'une fillette, une voisine de sa maison de Jonzac)."

"Il y a un deuxième volet dans cette affaire" a-t-elle rappelé "il est clair qu'on ne va pas faire l'impasse sur la responsabilité de chacun, pour déterminer la raison pour laquelle pendant 30 ans on n'a pu dire 'nous ne savions pas, nous n'étions pas informés'. Pourquoi les institutions ne se sont pas posées la question d'écarter ou au moins de surveiller ce médecin ? Comment sur autant d'années, personne n'a pu rien voir ?"


 
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