Ce 22octobre, à Mordelles, en Ille-et-Vilaine, le Réseau des Territoires Accueillants 35 organise une rencontre pour débattre des questions de l'accès au travail des sans-papiers. Alors que plusieurs secteurs, le bâtiment, la restauration, l'aide à domicile sont en tension, le savoir faire et les compétences des migrants pourraient être un véritable atout pour l'économie bretonne.
Il y a un an, Evelyne Desilles, patronne du salon "Valentin coiffure" à Rennes a commencé à chercher une salariée pour remplacer un départ à la retraite. Un jour, elle a vu arriver une jeune femme, coiffeuse, désireuse de travailler… mais sans papier !
Mirela Allceniku a fui son pays en 2013 et est arrivée en France avec son mari et ses trois enfants.
9 années de galère
La jeune femme a vécu des moments très compliqués, dormi dans la rue. Des années de galère, de peurs. "On ne sait pas ce qui nous attend le lendemain ",témoigne-t-elle "On a peur de voir arriver quelqu’un qui nous renvoie dans notre pays d’origine."
"C’est une personne délicieuse", sourit Evelyne. "Et puis elle était la seule candidate. Alors, je lui ai fait une promesse d’embauche."
Le "Sésame"
Grâce à ce document, Mirela a pu obtenir des papiers. Une autorisation de séjour renouvelable tous les trois mois, et depuis le 1er septembre, elle est employée dans le salon de coiffure, ravie de retrouver les bacs à shampoing, les ciseaux et les sèche-cheveux.
"C’est un changement de vie à 360, explique-t-elle. Au salon, ils avaient les bras ouverts pour m’accueillir, c’est une deuxième maison."
Le bonheur des uns fait parfois le bonheur des autres
"Notre chiffre d’affaires se fait avec les mains de nos collaboratrices, indique Evelyne. Aujourd’hui, notre secteur est en tension, on a besoin de recruter."
"C’est terrible, constate Annick Aubin, membre du groupe emploi pour le Réseau des Territoires Accueillants 35. Il y a aujourd’hui des migrants qui connaissent des difficultés terribles pour se loger et pour vivre parce qu’ils n’ont pas le droit d'avoir un emploi et il y a des entreprises qui connaissent des difficultés terribles parce qu’elles ont besoin de salariés. Ce serait si simple de faciliter la vie des uns et des autres en permettant aux migrants de travailler !"
Aujourd’hui, une circulaire de Manuel Valls de 2015 exige que les personnes soient sur le territoire depuis au moins 5 ans pour exercer un emploi.
"Des talents dont on se prive"
"Mirela et les autres ont des capacités, des compétences, des talents dont on se prive", déplore Annick Aubin. Le Réseau des Territoires accueillants demande la suppression de cette circulaire et souhaite créer une Charte pour l’accès au travail des sans-papiers. Cela pourrait faire le bonheur des uns et celui des autres !