Depuis le début du mois de décembre, des centaines de pins ont été abattus dans la presqu’île de Quiberon. Lentement, mais sûrement, les arbres étaient en train de coloniser les dunes et risquaient de détruire sa flore.
Sous l’épais tapis d’aiguilles de pins qui ne se dégradent pas, il n’y a que du sable, rien ne pousse.
Christophe Le Pimpec, directeur adjoint du Grand Site de France Dunes Sauvages de Gâvres à Quiberon balaie le sol de la main pour prouver ses dires. "Les pins et le boisement changent complètement la composition du sol" explique-t-il. Les pins étaient en train d’asphyxier la vie des dunes.
Or, les 25 kilomètres de dunes de Quiberon forment le plus grand massif dunaire de Bretagne. "Un espace unique en Europe qui abrite des espèces protégées que l’on ne trouve quasi nulle part ailleurs, comme l’omphalode du littoral ou des espèces d’orchidées qui se développent dans les dépressions humides des dunes, comme le liparis de Loesel ou la spiranthe d'été", poursuit Christophe Le Pimpec,
6000 m3 d'arbres abattus
Les pins avaient été plantés de l’autre côté de la route par l’Office National des Forêts dans les années 70.
L’objectif à l’époque était d’éviter que le sable ne vienne sur la route. Mais petit à petit, les pins ont commencé à essaimer.
Sur les photos aériennes prises en 1991, un hectare et demi de dunes avait été colonisé par les pins. Sur les derniers clichés, qui datent de 2019, les arbres recouvraient neuf hectares et demi. Ils ont donc été abattus.
"Un peu partout en Europe, les dunes sont en régression, expose Mickaël Ouisse, chef de projet environnement à l'Office national des forêts (ONF). Elles se font manger d’un côté par l’érosion littorale et de l’autre par la colonisation des pins, qui viennent de la terre et petit à petit, les dunes rétrécissent."
"Si Quiberon subit peu l’érosion du littoral, l’avancée des pins faisait concurrence aux espèces endémiques, rares et protégées. Le but c’est donc d’enlever les pins pour laisser la flore de la dune se développer à nouveau".
Régulièrement, tous les deux ou trois ans, les agents de l’ONF reviendront pour arracher les jeunes pins afin qu’ils ne se réinstallent pas sur la dune.
La nature va reprendre ses droits
Tous espèrent que la nature va reprendre ses droits et que les petites plantes vont pouvoir recommencer à pousser.
Là, où il n’y avait que peu de pins, ça devrait repartir rapidement mais il y a des zones où il faudra du temps. Deux à trois années seront nécessaires pour que les petites plantes recolonisent la dune grise, quatre ou cinq années pour que l’équilibre de l’écosystème de la dune soit retrouvé.
(Avec Nicolas Corbard)