CINEMA. La directrice du Paradis, à Quiberon, finaliste du meilleur exploitant de France

Claude Lelouch lui a dit un jour que sa vie ressemblait à un scénario de cinéma. Et il ne connaissait pas la dernière : Laurence Forin, la directrice du cinéma municipal de Quiberon est l’une des trois finalistes du Trophée du meilleur exploitant de France, parmi 5 000 établissements de l’hexagone. Zoom sur un sacré personnage.

"Il se passe toujours des choses incroyables au Paradis, sourit Laurence Forin.

Vendredi 13, "la preuve que ça porte chance" dit-elle malicieusement, elle a reçu un appel lui annonçant qu’elle était nominée au Trophée du meilleur exploitant de France. Sur les 5 000 cinémas de France, les professionnels du secteur l’ont sélectionnée aux côtés des exploitants d’un cinéma de Saint-Étienne et du directeur des cinémas CGR. Rien que ça.

Un scénario incroyable

Le clap du début de cette aventure remonte au début des années 2000. Laurence Forin, agent de comédiens à Paris tombe amoureuse d’un marin pêcheur de Quiberon, et décide de tout plaquer pour s’installer dans la presqu’île. On dirait du Lelouch.

Mais le film commence réellement en 2015, à la mort de l’exploitant du cinéma de la commune de 4 000 habitants. La mairie ne veut pas laisser mourir l’endroit. Elle redoute que le "Ciné" ne soit racheté par des promoteurs et transformé en appartements. La municipalité de Quiberon décide donc de se porter acquéreur. 

Laurence Forin devient la directrice du Paradis. "On a rouvert en janvier se souvient-elle. Au début, il y avait cinq ou six personnes par séance… mais au Paradis, toutes les histoires sont possibles "

Se retrouver au Paradis

 

"Nous sommes allés chercher les spectateurs, raconte Laurence Forin. On leur a dit, c’est votre cinéma, ce n’est pas un cinéma pour les touristes l’été… Vous aimez le surf, ok, on fait une nuit de la glisse, vous voulez voir de la danse, d’accord… En hiver, Quiberon c’est 4 000 habitants… et en moyenne, chaque jour, on a une centaine de personnes dans la salle. En été, parfois, c’est 300 voire 400 " raconte Laurence Fortin.

Un décor et un casting de rêve 

Pour faire vivre les deux salles (150 et 106 places) du Paradis, Laurence Forin se démène tous les jours. "Je me réveille, je pense cinéma, je vis cinéma," reconnaît-elle volontiers. Elle organise régulièrement des avant-premières, des animations, elle invite des acteurs, des réalisateurs. Vincent Lindon, Nicole Garcia, Elie SemounBenoit Delepine ou encore le réalisateur Gustave Kervern ont trouvé leur place au Paradis.


"Au début, les gens nous disaient, "Quiberon, mais c’est loin.  Mais c’est où ?? Ça existe ? ", puis, les premiers sont venus, et ils ont vu le décor somptueux du lieu ", raconte Laurence Forin. 


"Et tout le monde se met en quatre pour que ça marche, " poursuit-elle "Le centre de thalassothérapie et un restaurant de Quiberon accueillent les acteurs et les réalisateurs. Un petit cinéma municipal ne pourrait pas financer ça, mais c’est devenu leur cinéma alors ils nous aident. "

"Les bénévoles vont chercher les comédiens à la gare puis les emmènent… l’autre jour, lors de la visite d’Elie Semoun, sur le trajet retour, il a eu envie de s’arrêter dans un vide-grenier, les bénévoles m’ont téléphoné, ils déambulaient avec Elie Semoun dans un vide-grenier, ils étaient aux anges… et nous, on a un tel bonheur à les accueillir, à chaque fois, c’est une fête." 

"Maintenant, ceux qui sont venus disent à leurs copains, il faut que tu ailles au Paradis… ça c’est cadeau ! On a tellement galéré au début."

Quand Laurence fait son cinéma

Le cinéma, c’est des belles histoires, des émotions et de la technique et là, Laurence Forin ne plaisante plus. "Quand on accueille des réalisateurs, il faut que ça roule. Certains sont extrêmement pointilleux. Avant la séance, ils demandent à venir dans la cabine de projection pour vérifier que le son et l’image sont de bonne qualité. On a deux projecteurs et un système de son tout neufs. On veut mettre le cinéma en valeur ", revendique Laurence. 

Un petit coin de paradis


Au Paradis, elle est partout : à l’accueil, à la caisse, dans la cabine de projection, elle vend même quelques bonbons. 

Mais au générique de cette belle histoire, elle tient à inscrire les 50 bénévoles qui viennent régulièrement faire vivre l’établissement. "Depuis l'annonce de cette participation au Trophée, j’ai reçu des centaines de messages, témoigne Laurence, les gens sont très fiers et même ceux qui ne viennent que l’été m’ont envoyé des petits mots pour me dire qu’ils avaient hâte d’être au Paradis."

La cérémonie de remise des prix aura lieu à Paris le 7 février prochain. Laurence ira sans pression. "Etre finaliste c’est déjà tellement dingue." 


À Quiberon, quoi qu'il arrive, elle a trouvé son petit coin de Paradis. 

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