C'était le 1er mars 2020. La nouvelle tombe, annoncée par les autorités. Plusieurs cas de Covid sont identifiés dans le Morbihan. Il s'agira alors du premier cluster en Bretagne. Les élus et la population seront soumis, avant tout le monde, à plusieurs mesures pour contenir ce foyer épidémique.
Le 1er mars 2020 marque l'apparition d'un premier cluster en Bretagne. 13 cas de covid ont été identifiés au sein d’une même zone, à Auray (3), Crac’h (6), Carnac (3) et Saint-Philibert (1). Le Morbihan devient alors le troisième foyer épidémique en France, après l’Oise et la Haute Savoie.
Joseph Rochelle, maire d'Auray à l'époque, se souvient des nombreux coups de fils ce dimanche, du secrétaire général de la préfecture. Ce jour-là dans la commune, c'est la finale du tournoi de tennis, avec 1200 personnes rassemblées. L'édile s'interroge : doit-il stopper la compétition ? Il sait que des consignes vont arriver, prévient ses services. L'arrêté préfectoral tombe à 23 h 45. "La nuit a été courte" dit-il. Il se saisit des réseaux sociaux pour annoncer les prochaines restrictions.
Je n'étais pas inquiet, il fallait passer à l'action. On poserait les questions après.
Des mesures hyperlocales
La préfecture prend des décisions pour les quatre communes concernées, qui doivent durer 15 jours. Les établissements scolaires sont fermés, du primaire au secondaire, ce qui représente 5700 élèves. Idem pour les crèches et les accueils périscolaires. Les marchés ne doivent plus avoir lieu.
Des mesures sont aussi décidées pour tout le département. Un arrêté préfectoral interdira tout rassemblement collectif, quel que soit sa nature. Cela implique les événements sportifs ou associatifs, les réunions publiques pour les élections municipales. Les cinémas fermeront également.
Quand on a un événement pareil qui arrive sur les épaules d'un maire, je crois que tous nous réagissons de la même manière. Nous sommes des courroies de transmission de l'Etat et nous devons agir selon les décisions imposées. Ensuite, on essaie de privilégier aussi la population, de la défendre par rapport à ces décisions pas toujours compréhensibles ou adaptées.
Joseph Rochelle doit s'adapter. La campagne pour les municipales s'arrête, il devra en informer tous les candidats. Il doit aussi annuler "en catastrophe" tous les spectacles prévus à Auray.
En une semaine, une dizaine d'arrêtés s'enchaînent, ordres et contre-ordres. Pas facile de s'y retrouver. "Ce n'était pas évident de savoir ce que nous devions fermer ou non, quels rapports avoir avec les communes environnantes. C'était une première pour tout le monde."
La population est elle aussi prise de court. Les parents doivent garder les enfants. Certains sont obligés de se mettre en arrêt de travail. Là encore tout le monde navigue à vue, car à l'époque on ne savait pas encore "ce qu'on avait le droit de faire ou non, légalement parlant."
Avec le recul, l'ancien maire estime que cette batterie de mesures aura été efficace. "Le foyer épidémique a été contenu." Joseph Rochelle ajoute : "la plus grande difficulté aura été d'appliquer des décisions nationales, parfois incohérentes ou incomplètes. Par exemple la décision du président de la République de permettre à chacun d'avoir des masques grand public en liaison avec les maires n'a jamais été suivie d'indication complémentaire. Il a fallu que les maires se débrouillent."
Le Morbihan, le deuxième département breton le plus touché
Aujourd'hui, le Morbihan reste le deuxième département breton le plus touché par l'épidémie, après l'Ille-et-Vilaine.
Selon les derniers chiffres de l'Agence régionale de santé, 312 personnes sont décédées du coronavirus. Depuis le 28 février 2020, 17 977 cas y ont été recensés. Son taux d'incidence reste élevé avec 123,5 cas pour 100 000 habitants.