Une vingtaine de centres de dépistages éphémères sont à l' œuvre depuis lundi en Bretagne. L'’un des derniers a ouvert ce jeudi à Lanester, près de Lorient, dans le Morbihan. Ce sont cette fois des infirmiers libéraux, sur leur temps libre, qui s'y emploient.
En ce jour d’ouverture, l’ambiance est silencieuse, calme. Étonnamment, quasi aucun bruit. Et pourtant, pas de répit pour les infirmiers et infirmières libéraux qui gèrent ce centre : les tests antigéniques se succèdent.
Pour faire tourner ce centre, " une soixantaine d’infirmières et d’infirmiers se sont positionnés sur le planning ", explique Delphine Dochter-Palleau du collectif des infirmiers libéraux du Pays de Lorient.
Des professionnels qui se relayeront sur leurs temps de repos. En ce jeudi de démarrage, certains sont même venus prêter main forte, sur leur pause, entre deux tournées auprès de leurs patients.
Une offre supplémentaire sur le territoire
Un centre qui vient compléter le dispositif de drive covid dans l’ancienne caserne des pompiers de Lorient où les prélèvements PCR sont aussi assurés par des infirmiers libéraux.
La semaine dernière, " l’ARS m’a contactée pour savoir si on avait la possibilité, côté infirmiers libéraux, de répondre à la demande en montant un centre éphémère de tests antigéniques", explique Delphine Dochter-Palleau. "Du coup, on a répondu par la positive car cela répondait aussi aux besoins de collègues qui étaient assaillis d’appels, plus d’une centaine par jour pour certains, et ce n’était vraiment pas gérable sur nos tournées.". (...) "Ce site est une offre supplémentaire sur le territoire" .
Un centre éphémère qui a donc pris ses quartiers dans l’espace jeunesse de Lanester, la salle Le Studio.
"Nous sommes des facilitateurs" résume le maire divers gauche de Lanester, Gilles Carreric, qui a rencontré les infirmiers libéraux pour s’organiser.
Et faciliter dans l'urgence la mise en œuvre d’un tel centre, c’est mettre rapidement à disposition une salle à proximité d’un grand parking, mettre à disposition des ordinateurs, le réseau informatique… Ajoutez à cela les déchets de soins récupérés par la collectivité.
Les infirmiers qui interviennent sont rémunérés à l'acte et ce sont eux qui apportent leurs masques FFP2, leurs blouses et leurs charlottes, précisent les professionnels.
L'ARS fournissant l'approvisionnement en tests, pris en charge financièrement par la sécurité sociale.
Un centre éphémère... jusqu'à quand ?
Pour ceux et celles qui souhaitent se faire dépister, pas de prise de rendez-vous nécessaire. Juste... patienter.
"Ce concept de sans-rendez-vous dépanne énormément" , explique Aurélie, une habitante de Lorient, venue se faire dépister. "Le créneau d’ouverture est pratique aussi entre midi et deux."
Ce centre sera ouvert de 10 heures à 14 heures et de 16 heures à 19 heures du lundi au vendredi et le samedi de 8 heures à midi.
Il est calibré pour accueillir jusqu’à 3 lignes de tests avec pour objectif, une vingtaine de tests par heure et par ligne.
"Nous sommes partis sur une organisation de 3 à 4 semaines", ajoute Delphine Dochter-Palleau. (...) "Si demain on voyait qu'il n'y a plus aucun flux, si le nombre d'usagers diminuait, on réduirait la voilure. De la même façon, si on voyait que cela devait se prolonger, on prolongerait."
Le public est invité à rentrer par groupe de 10. Lavage des mains au gel hydroalcoolique et puis, un formulaire de renseignements à remplir pour la réalisation du test antigénique qui permet d’être fixé rapidement.
Les professionnels de santé présents, saisissent les résultats sur la plate-forme SI-DEP, les résultats devant parvenir aux personnes testées dans un délai d’une demi-heure.
Erwan est venu de Languidic pour vérifier qu’il n’est plus positif. "Tout est pris d’assaut à Languidic , explique-t-il. " Pas de rendez-vous chez les pharmaciens et infirmiers donc ça facilite la vie."
Vanessa, elle, ressent pour sa part quelques symptômes. Les résultats de ses autotests sont négatifs, mais elle est venue pour s'en assurer via un autre test mené cette fois par un professionnel, car sa fille est positive depuis lundi.
Beaucoup de jeunes, beaucoup d'enfants à tester
A l'instar des autres professionnels de santé, cela fait des mois que ces infirmiers libéraux sont mobilisés face à l'épidémie de Covid, pour tester mais aussi vacciner.
Ce qui a changé avec cette 5e vague, c'est le nombre de personnes à dépister "La masse énorme de gens" constate Delphine Dochter-Palleau qui voit majoritairement passer des gens ayant des autotests positifs.
Beaucoup de jeunes et beaucoup d'enfants à tester aussi. "On sent l'agacement de la population, il y a une vraie fatigue" ajoute la professionnelle de santé.
Des infirmiers eux aussi fatigués mais "ce que cela a apporté de positif, c'est qu'on a fait connaissance les uns avec les autres, on a appris à s'organiser, à travailler ensemble et heureusement ", précise cette représentante des infirmiers libéraux du Pays de Lorient.
"Si on avait été tout seul, chacun dans nos exercices, on serait vraiment très très en difficulté morale, physique, psychique parce que c'est lourd, explique la représentante, "la charge mentale est lourde, face à toutes ces demandes, face aux injonctions gouvernementales face à la peur de la population, face à la maladie."
Sur son site internet, l'Agence régionale de Santé affiche les dates d'ouverture et horaires d'une vingtaine de centres éphémères de dépistage et elle précise que d'autres seront amenés à ouvrir prochainement dans la région.
Des centres éphémères pour lesquels Protection civile, médiateurs de lutte anti-Covid et professionnels de santé libéraux sont mobilisés.