Qu'il vienne de la poissonnerie, du rayon surgelé du supermarché ou qu'il soit en conserve, il n'est pas toujours facile de déterminer l’origine des poissons que l’on mange. La France métropolitaine est dotée de plus de 5 500 kilomètres de côtes, la pêche est un secteur important et les Français sont également de gros consommateurs de produits de la mer, mais ce que nous ignorons souvent, c'est que pour les deux tiers, ceux-ci sont importés.
Le poisson, mets de choix dans nos assiettes, est souvent considéré comme un atout santé et ses qualités nutritionnelles en font un produit très populaire.
24 kilos de poisson par personne et par an
Chaque année, en France, il est consommé près de 24 kilos de poisson en moyenne par personne. Mais parmi les espèces les plus prisées des Français, beaucoup sont importées.
Sur les marchés, comme aux Halles de Merville à Lorient, difficile de ne pas trouver du poisson frais et issu de nos côtes. De nombreux poissonniers proposent ici des espèces issues de la pêche française et côtière et s’approvisionnent en grande partie sur les criées bretonnes. Un atout fraîcheur et local particulièrement apprécié des consommateurs.
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Le saumon et le cabillaud, stars des étals, importés en majorité
Bon nombre de ces espèces proviennent du golfe de Gascogne, de la Manche, des mers Celtique ou du nord de l’Écosse. Mais celles qui connaissent le plus de succès demeurent le saumon ou le dos de cabillaud, c'est-à-dire la morue. C'est le deuxième poisson frais le plus consommé en France, et pour répondre à cette demande, il en est importé 160 000 tonnes par an. C'est 320 000 tonnes pour le saumon.
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20% des populations de poissons sont surpêchées
Selon le dernier rapport de l'Ifremer, 56% des volumes de poissons débarqués dans l’hexagone en 2022 sont issus d'une pêche durable. Une évolution favorable, c'était à peine 20% en 2000. Mais on est encore loin de l’objectif de 100% fixé par l’Europe. Et puis la surpêche touche toujours 20% des populations de poissons et 2% sont même totalement effondrées. Ce qui signifie qu’elles ne se renouvellent plus. C'est le cas du cabillaud, pêché en mers du Nord et celtique, mais en excès avant les années 2000, et désormais très rare au large de nos côtes. D'autant que le réchauffement climatique limite également ses capacités de reconstitution.
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Comment se portent les populations de poissons pêchées en 🇫🇷 en 2023 ?
— Ifremer 🌊 (@Ifremer_fr) February 14, 2024
🔹 56 % des volumes de poissons débarqués dans l’hexagone en 2022 proviennent de populations exploitées durablement, contre 54% en 2021.
🔹 La surpêche touche quant à elle 20 % des volumes des débarquements. pic.twitter.com/5ivSIupw8E
Deux tiers des poissons consommés sont importés
Les poissonniers sont contraints de s'approvisionner ailleurs, "en Islande, très haut au nord, témoigne Stéphane Guillemette, commerçant à Merville, "Il existe du français, mais je n'ai pas la vente. C'est trop cher, quand j'arrive à en trouver, je ne peux pas suivre !" confie-t-il.
En France, 66% des poissons que nous consommons sont d’origine étrangère et 22% proviennent d'élevages, à l'image du saumon. Ce dernier, avec le thon et les crevettes, truste les premières places du podium des poissons préférés des Français. Des espèces qui ne sont pas produites localement. Alors pour répondre à la demande, il faut les importer.
La pêche française n'a pas les volumes suffisants pour répondre à la demande. De toute façon, il y a une situation de déficit structurel. La pêche française a diminué depuis trois bonnes décennies et ceci en raison d'une pression de pêche trop intense, d'une sur-exploitation et d'une dégradation de l'état de santé des écosystèmes marins.
Didier GascuelDirecteur du Pôle Halieutique Agrocampus-Ouest
De plus en plus de restaurateurs ou de mareyeurs accordent de l’importance à la saisonnalité et sensibilisent le consommateur à se tourner vers des espèces plus locales et durables. "Là en ce moment, on est en pleine reconstitution du bar, confirme Vincent Nguyen, restaurateur et mareyeur, alors on essaye d'éviter d'en avoir sur l'étal. Et on sensibilise le consommateur, ceux qui voudraient choisir ce poisson-là, à plutôt partir sur d'autres espèces, qui peuvent être valorisées et qui peuvent être très bonnes. Typiquement, le mulet, aujourd'hui, va être un bon substitut au bar pour la table."
La Norvège, avec son saumon, premier pays exportateur de poissons vers la France
La Norvège, grand pourvoyeur de saumons, est aujourd’hui le premier pays exportateur de poisson vers la France, devant l’Espagne et le Royaume-Uni. En quatrième position, arrive l’Équateur, qui fournit les crevettes.
Une dépendance alimentaire d’autant plus importante dans le secteur de la grande distribution où les Français consomment un grand nombre de produits en conserve ou transformés. Le thon, en particulier, bien souvent pêché dans l’océan Indien, ou des noix de Saint-Jacques qui proviennent du Pérou ou d’Argentine.
"Le thon, pêché dans le golfe de Gascogne, il n'y en a pas assez pour remplir toutes les boîtes de conserve consommées, détaille Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, par contre les coquilles Saint-Jacques, qui sont en abondance dans les baies bretonnes, pourraient être utilisées pour les plats cuisinés. Le problème, c'est qu'elles sont plus chères que des Saint-Jacques qui viennent d'ailleurs, le plus fréquemment d'Amérique du Sud. L'industriel qui veut être compétitif aux yeux du distributeur et aux yeux des consommateurs, doit tirer les prix vers le bas et favorise des produits d'importation."
Création du label Breizhmer en 2023
Alors pour revaloriser la filière de pêche française, le label Breizhmer a vu le jour en septembre dernier. Le but est de garantir l’origine bretonne des produits tels que le grondin, la seiche ou encore les langoustines pêchées dans le golfe de Gascogne.
🏆 Remise des prix aux premiers labellisés BREIZHMER 🏆
— Breizhmer (@breizhmer) October 20, 2023
- Prix du mareyage 🐟
- Prix de la pêche 🎣
- Prix de la criée 🦀
- Prix de la conchyliculture 🦪
👏 Félicitations à eux, pionniers du label #Breizhmer ! pic.twitter.com/VWZtEW9YVR
Toute la filière bretonne des produits de la mer, de la production, à la vente en criée, en passant par la transformation est concernée.
"Il fallait rassurer les consommateurs et être transparent avec eux, souligne Isabelle Thomas – secrétaire générale du label Breizhmer, donc, nous avons construit ce label, avec un super cahier des charges, qui prend en compte les questions d'origines, de fraîcheur, d'origine, de traçabilité, mais aussi les questions sociales, d'environnement et de territoire."
(Avec Yoann Etienne)