Maltraitance animale : les 2 élevages porcins filmés par L214 vendaient leurs bêtes au groupement de producteurs Porvéo-Terrena

Les deux élevages de porcs filmés par L214 vendaient, depuis environ un an, leurs bêtes au groupement de producteurs Porvéo-Terrena. Ce dernier affirme que des contrôles étaient effectués et qu'ils n'avaient "jamais fait le constat des images qu’on voit dans la vidéo".

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C’est une affaire qui risque de faire grand bruit dans le milieu agricole et agro-industriel.

Des cochons pataugeant et agonisant dans leur propre lisier, des cadavres abandonnés aux quatre coins de l'élevage, jeudi 7 mars, l’association de défense de la cause animale L214, publiait des images chocs de deux élevages porcins bretons en état de délabrement.

À LIRE : "C'est un mouroir". L214 porte plainte contre un éleveur de porcs qui fournissait les magasins Leclerc. L'enseigne met fin à sa collaboration avec l'élevage

La société Kermené dénonce des images scandaleuses 

Dans son enquête, L214 révélait que les animaux de ces élevages approvisionnaient notamment l’abattoir Kermené, appartenant au groupe de grande distribution E.Leclerc.

Immédiatement la société Kermené a expliqué avoir cessé toute collaboration avec ces élevages depuis fin janvier 2024, et précisait dans un communiqué : "La société Kermené découvre les images tout à fait scandaleuses et inacceptables filmées par L214 dans l’élevage du Groupement de Producteur Porvéo."

L'abattoir Kermené pointe clairement du doigt le groupement d'éleveurs Porvéo-Terrena.

Alors que ce scandale fait craindre une chute des ventes des produits porcins, Michel Edouard Leclerc a sur les réseaux sociaux.

Porvéo-Terrena explique n'avoir "jamais fait le constat des images qu'on voit dans la vidéo"

Christophe Courroussé est directeur du développement de Porvéo. Il explique que l’élevage en question n’est pas un élevage adhérent du groupement, mais confirme qu'ils ont bien commercialisé les porcs de ces exploitations et ce depuis début 2023.

Le représentant de Porvéo assure que des visites et contrôles de l’élevage ont bien eu lieu, mais il affirme et répète "on n’a jamais fait le constat des images qu’on voit dans la vidéo, ni avant, ni d’ailleurs dans la visite faite cette semaine ".

Christophe Courroussé explique : "On est en lien avec la DDPP (Direction départementale de la protection des populations de la préfecture), déjà depuis un an. Il y avait un certain nombre de constats d’anomalies, et on avait défini un plan de progrès avec l’éleveur pour remettre son élevage en état. Mais cela n’a pas été fait ".

Concrètement le groupement dit n'avoir jamais constaté de maltraitance animale mais seulement des manquements aux obligations environnementales, de gestion des déchets notamment, comme le montrent les rapports d'inspection des services préfectoraux, mis en ligne par L214.

Pourtant l'état de délabrement visible sur les images peut laisser penser que cette exploitation est à l'abandon depuis longtemps. Se pose donc la question de la façon dont se déroule les inspections de la DDPP qui n'ont pas permis de suspendre l'activité de cet élevage avant les révélations et l'enquête de l'association L214.

Le lendemain de ces révélations, une nouvelle inspection menée par la DDPP conduisait finalement à la mise en demeure de l'éleveur et à la suspension d'activité.

À LIRE : Le préfet du Morbihan suspend l'activité des élevages porcins visés pour "mauvais traitements" par L214

Quelles conséquences à cette affaire ?

Quant aux suites de cette affaire, le directeur du développement admet : "On doit redoubler de présence et de vigilance dans l’élevage pour s’assurer que les pratiques sont les bonnes et assurer la confiance vis-à-vis des consommateurs. C’est notre métier, ça nous oblige à nous poser des questions".

Et d'ajouter "cela jette l’opprobre sur la profession mais cet élevage n'est pas représentatif de ce qu’est l’élevage de porcs en Bretagne".

Porvéo-Terrena, un géant de l'agroalimentaire

D’après son site internet, Porvéo a pour objectif "d'accélérer l’innovation et permettre aux agriculteurs adhérents et aux filières de gagner en compétitivité tout en préservant la proximité ".

Ce groupement gère la filière porc de la coopérative Terrena. Il compte 320 éleveurs qui gèrent près de 900 000 porcs.

Terrena, elle revendique 20 117 agriculteurs adhérents et 12 366 salariés, ce qui en fait la première coopérative agroalimentaire de France.

La coopérative est aussi un des plus gros fabricants d'alimentation animale, dont il se partage le marché avec l'autre poids lourds du secteur: Eureden

Jusqu'en décembre 2023, le président de Porvéo était Thierry Lambert, époux de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA entre avril 2017 et avril 2023.

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