Ce 1er décembre 2023 marque la journée de lutte contre le Sida. Cela fait 40 ans, cette année, que le Virus de l’Immunodéficience Humaine a été isolé par une équipe de l'Institut Pasteur. Dans le monde, en 2022, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH et 1,3 million de personnes ont été contaminées. La Bretagne est une des régions où l’on dépiste le moins. AIDES a donc installé un stand à Pontivy pour inviter les gens à pousser la porte des laboratoires, des associations ou des hôpitaux pour se faire tester.
"Normalement, aujourd’hui, on a tous les outils pour faire face à la maladie, se désole Mathieu Stéphant, le président d'AIDES Bretagne, on devrait pouvoir dépister tout le monde, mais ce n’est pas le cas. Les gens ont peur de rentrer dans les locaux d’une association pour se faire tester, ils se disent, tout le monde va croire que je suis séropositif. C’est stigmatisant. "
En cette journée mondiale de lutte contre le sida, rappelons que le nombre de nouvelles infections au #VIH diminue trop lentement et plus de 9 millions de personnes vivant avec le virus dans le monde ne reçoivent toujours pas de traitement...#WorldAIDSDay #1erdecembre pic.twitter.com/AxgY1xwada
— Sidaction (@Sidaction) December 1, 2023
"Pourtant rappelle-t-il, depuis le 1er janvier 2022, on peut aller gratuitement et anonymement se faire dépister dans tous les laboratoires d’analyses médicales, on peut se faire des tests dans les associations, acheter des autotests dans les pharmacies, mais les gens ne le savent pas. "
Résultat, aujourd’hui, "la Bretagne est une des régions qui a le taux de dépistage le plus faible" regrette-t-il.
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Testez-vous !
En ce 1er décembre, journée de lutte contre la maladie, l’association AIDES a installé une tente sur la place de Pontivy pour inviter les gens à se faire tester et à parler de la maladie. "Ici, c’est presque un désert médical et les gens ne se font pas dépister parce que l’hôpital est loin du centre".
"Cette année, en France, 111 personnes ont découvert leur séropositivité à un stade tardif, alors qu’ils étaient quasi malades du Sida, explique Mathieu Stéphant. Ce n’est pas normal."
En 2022, 6,5 millions de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale. L’activité de dépistage du VIH, qui avait diminué entre 2019 et 2020 à cause de l’épidémie de Covid-19, a réaugmenté pour atteindre un niveau en 2022 supérieur à celui de 2019.
[🔎 #Épidémiologie] Infection par le #VIH et infections sexuellement transmissibles #IST bactériennes en France, où en sommes-nous ?
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) December 1, 2023
➡️ L’activité de dépistage augmente en 2022, pour l’ensemble des IST, avec des taux de dépistage supérieurs aux niveaux d’avant COVID-19 👇
Cette même année, 65 500 autotests VIH ont été achetés en pharmacie, +2% par rapport à 2021.
Entre 4 200 et 5 700 personnes ont découvert leur séropositivité avec ces tests. Mais 43 % des infections ont été découvertes à un stade tardif, dont 28% à un stade avancé.
La peur diminue, les précautions aussi
"Les gens ont moins peur de la maladie, constate Mathieu Stéphant. On a de nombreux outils pour faire face au VIH. Les PrEP, traitements préventifs à prendre avant un rapport à risque, les Traitements Post-Exposition à prendre dans les heures qui suivent un rapport non-protégé (à prendre dans les 48h pendant 28 jours) et les TasP, traitement antirétroviral qui empêche la multiplication du virus et peut rendre la charge virale indétectable et donc empêcher la transmission de la maladie. Ces traitements sont d’excellentes nouvelles, mais ils ne doivent pas nous empêcher de nous tester. Pour se débarrasser du Sida, il n’y a qu’une solution, dépister, dépister et dépister. "
[#WorldAIDSDay 🤍] “Depuis 1984, nous, militants-es de AIDES, combattons le #sida.”.
— Association AIDES (@assoAIDES) December 1, 2023
Face à l’inaction politique et aux discriminations subies par les séropositifs-ves & les populations les + exposées au #VIH, nous répondons présents-es ✊🏼✊🏾✊🏿
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Dans les rues à Pontivy, les gens le reconnaissent, le Sida, "on en parle de moins en moins regrette Martine. Nous de notre temps, on était informés, mais aujourd’hui, on en parle moins. Peut-être que les jeunes prennent moins de précautions."
À 27 ans, Mathis connaît la maladie," j’ai été sensibilisé au lycée et au collège. On fait attention forcément parce qu’on connaît le risque", affirme-t-il.
Mais du haut de ses 20 ans, Lison, elle admet qu’elle en a "un peu" entendu parler à l’école, mais "pas plus que ça."
Le rôle de l'école
"Les médias ne parlent plus du Sida que le 1er décembre déplore le président d’AIDES Bretagne, quant à l’éducation nationale elle ne fait pas, ou fait mal son travail. Normalement à l’école, les jeunes devraient avoir 3 heures de cours sur la santé sexuelle, mais on ne parle que très peu de VIH et des préservatifs. En 2023, ce n’est plus entendable de voir des jeunes qui croient que le Sida peut se transmettre par un baiser ou en prenant une douche avec une personne séropositive. Et non, le moustique ne transmet pas le Sida."
AIDES se déplace aujourd’hui beaucoup pour aller à la rencontre des jeunes et c’est maintenant la classe d’âge qui se fait le plus tester. "Il nous faut maintenant toucher aussi les autres populations, les migrants et les personnes de plus de 50 ans", détaille Mathieu Stéphant. "Sur les 172 000 personnes qui vivent avec le VIH en France, on compte beaucoup de femmes dans la tranche d’âge de 40-49 ans et de nombreux hommes entre 50 et 59 ans. "
"Il faut oser franchir les portes pour se faire dépister. Plus vite on sait, plus vite on a un traitement, et plus on peut avoir une vie sexuelle normale sans risquer de contaminer son ou sa partenaire. "
En Bretagne, 101 personnes ont découvert leur séropositivité en 2020. 3 900 personnes vivent avec le VIH dans la région sont suivies par les hôpitaux bretons.
(Avec Nicolas Corbard)