Pourquoi autant de ministres se sont déplacés en Bretagne au mois d’avril ?

En un mois, notre région a accueilli pas moins de douze déplacements ministériels. Un engouement que nous avons tenté de comprendre. Est-ce la proximité avec Paris ? Le dynamisme économique de la Bretagne ? Les échéances électorales ? Ou une simple envie de crêpes ? Eléments de réponses. 

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“Ils sont tous amoureux de la Bretagne !”, ironise l’ancienne ministre Marylise Lebranchu. Pour certains, le nombre de déplacements ministériels ces dernières semaines a de quoi faire sourire ou du moins interpeller.  

Douze déplacements ministériels dans notre région en ce mois d’avril. Derniers ministres attendues: Barbara Pompili ce jeudi 29 avril dans le Finistère et Annick Girardin le lendemain dans le Morbihan. “ La ministre de la Mer est déjà venue sur le même sujet”, rappelle Marylise Lebranchu. 

Le Morbihan a d’ailleurs particulièrement la cote avec quatre déplacements en un mois: Brigitte Bourguignon le 9 avril, Gérald Darmanin le 22 avril, Amélie de Montchalin le 23 et donc Annick Girardin vendredi 30 avril.  
 


Si certains déplacements sont justifiés par l’actualité comme celui du ministre de l’Intérieur suite aux inscriptions anti-musulmanes sur le centre culturel et religieux Avicennes de Rennes le 11 avril dernier, d’autres posent question. Le même Gérald Darmanin s’est ainsi rendu dans le Morbihan pour inaugurer la nouvelle gendarmerie de Saint-Avé le 22 avril. 

Un déplacement nécessaire, justifie le député En Marche du Morbihan Hervé Pellois. “Ce déplacement du ministre de l’Intérieur a été repoussé trois fois”. Son homologue Jean-Michel Jacques vante, quant à lui, l’attractivité de la Bretagne. “Une terre qui séduit avec ses problématiques liées à la mer, au cyber, à la Défense, il y a de nombreux sujets qui invitent les ministres à venir ici” 
 

Une hausse des déplacements en plein confinement  

Oui, mais... La litanie des ministres et secrétaires d’État en ce mois d’avril est particulièrement longue, avec par ordre d’apparition : Brigitte Bourguignon, Eric Dupond-Moretti, Olivia Grégoire et Clément Beaune (pour la seule journée du 9 avril), Gérald Darmanin, Marlène Schiappa, Bruno Le Maire, Joël Giraud, Amélie de Montchalin, Barbara Pompili et Annick Girardin. Pas facile de dire tout cela sans reprendre sa respiration... 

Les médias sont d’ailleurs eux aussi parfois à bout de souffle et ne voient pas toujours l’intérêt de couvrir un déplacement.

Les services de communication des préfectures s’arrachent d’ailleurs les cheveux pour composer le “pool” de journalistes, ces représentants de la presse-écrite, de la radio et de la télévision chargés de suivre le ministre et de relayer les questions de leurs collègues. Un pool de journalistes pourtant fortement réduit en raison de la crise sanitaire mais qui ne trouve pas toujours de volontaires. 
 

L’intensification de ces déplacements pose d’autant plus question en pleine période de confinement. Certains services préfectoraux grincent des dents, car un ministre qui arrive en région mobilise du temps et des moyens humains importants. Comptez une vingtaine de personnes pour assurer la sécurité, effectuer les repérages, baliser le terrain.  

Ce n’est pas sérieux, il y a trop de déplacements. On demande beaucoup aux citoyens en ce moment mais les ministres continuent de parcourir le territoire dans ce contexte de confinement. Ce n’est pas le moment et il y a de quoi agacer les citoyens. Le contexte invite à la visioconférence.

Marylise Lebranchu, ancienne ministre (PS)

Le député du Morbihan, Hervé Pellois, justifie ces visites par les 15 jours de vacances parlementaires au mois d’avril qui laissent plus de temps libre aux ministres. Et le Covid dans tout ça ? “C’est vrai, mais ces déplacements rassemblent justement peu de monde. A Saint-Avé, les maires des 15 communes concernées n’ont pas été invités. Les représentants de l’État sont réduits au strict minimum”

Je trouve au contraire que ces déplacements sont plus que jamais importants. Prenez la visite de la ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, à Surzur. C’était sa 14e visite en région, elle cherche à voir comment sont appliquées les lois. Je trouve cela intéressant, c’est normal que l’État aille sur le terrain. S’il ne venait pas, on lui en tiendrait rigueur.

Hervé Pellois, député En Marche du Morbihan

L’effet week-end ? 

Reste que dans la population une petite musique commence à monter. Et si, tout simplement, les ministres venaient prendre du bon temps en Bretagne ?

C’est vrai que notre territoire est attractif et que de nombreux Parisiens viennent d’ailleurs s’y installer. Les ministres n’y-auraient-ils pas de résidences secondaires ? Car, bizarrement, les déplacements ont lieu principalement le vendredi, veille de week-end. 

“Rien à voir”, assure Marylise Lebranchu. “Le vendredi c’est l’espace un peu libre de la semaine pour les ministres. Le jour qui risque le moins d’être bouleversé dans l’agenda. C’est donc traditionnellement celui des déplacements”

L’ancienne ministre ajoute que si certaines villes sont aussi plus prisées que d’autres, c’est parfois dû à la proximité des lignes TGV. 
 


L’effet élections ? 

Pour l’opposition, la raison de la multiplication de ces déplacements est claire. Y aurait-il des élections ? ”, plaisante Stéphane De Sallier Dupin, conseiller régional Les Républicains. Les élections départementales et régionales se rapprochent en effet, elles doivent avoir lieu les 20 et 27 juin prochains. 

Les ministres circulent. C’est de la com. Il ne vous aura pas échappé qu’il y a une belle concentration de candidats d’En Marche dans la région et notamment dans le département du Morbihan. Nous venons d’apprendre que le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, est 3e sur la liste du candidat de la majorité Thierry Burlot. Mais les Bretons n’ont pas besoin de ministres descendus de Paris pour prendre leurs décisions.

Stéphane De Sallier Dupin, conseiller régional Les Républicains

 


Interrogé sur le sujet, le député En Marche du Morbihan Jean-Michel Jacques se dit “surpris du questionnement ” et décide d’écourter la conversation. Tandis qu’Hervé Pellois concède que la critique est “de bonne guerre” et qu’on l’entend à chaque élection dans le camp de l’opposition. 

On peut toujours dire que c’est lié aux élections mais le fait est que ces déplacements, en raison de la crise sanitaire, ne remuent pas les foules. Les visites ministérielles se font en cercle restreint. On reproche toujours au candidat sortant d’être favorisé.

Hervé Pellois, député En Marche du Morbihan

Chacun se fera donc sa petite idée sur le pourquoi de cette ruée des ministres en Bretagne. A moins que ce ne soit bien... l'envie de crêpes ?


 

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