Régionales 2021. "Je veux servir la Bretagne d'une autre façon", Florent de Kersauson s'engage avec le RN

A la tête d’un fond d’investissement, ancien directeur d’Alcatel Afrique, Florent de Kersauson s’engage dans les élections régionales. Le frère du célèbre navigateur sera le chef de file du Rassemblement national dans le Morbihan. Il nous explique son choix. Entretien.

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C’est la présidente du Rassemblement National qui est venue en personne à la Trinité-sur-Mer annoncer votre candidature. Vous avez des liens étroits avec la famille Le Pen ?

Ce sont des relations de jeunesse. Nos familles se fréquentaient. J’ai navigué sur le bateau de Jean-Marie Le Pen avant d’embarquer sur le Pen Duick. Je suis surtout proche de Marie-Caroline, la sœur ainée de Marine, à qui j’ai appris à nager. Ce sont d’ailleurs Marie-Caroline et son époux, le député européen Philippe Olivier qui m’ont proposé ce challenge. 

Comme directeur Alcatel Afrique, j’ai beaucoup œuvré sur la question du développement économique. J’ai toujours eu une ligne de conduite : être utile.

Et puis la lecture de deux livres, ceux de la journaliste Sonia Mabrouk et de l’élue Lydia Guirous ont fini de me convaincre. Ces deux femmes parlent tellement bien de la France que je me suis dit : "Moi aussi, je dois m’engager pour ma région et mon pays."


Vous portez un nom célèbre. C’est d’abord un joli coup médiatique et une prise de guerre pour le RN ?

Vous trouvez ? Je suis tout de même un vieux bateau avec de vieux canons. Mais je flotte encore !  Plus sérieusement , je pense bien connaître l’écosystème breton. Je connais bien le monde de l’agriculture, de la pêche. En tant que dirrigeant d'un fond d'investisssement régional, j'ai aussi une expertise concernant le secteur des entreprises et des start-up.

Durant cette campagne, je veux alerter sur un danger qui guette la Bretagne : la fracture numérique. L’accès à la fibre doit être le même partout surtout le territoire pour assurer l’installation des entreprises. Et il y a beaucoup à faire encore. La fracture territoriale ne cesse de grandir.


Certains diront que ce n’est pas en vivant à la Trinité-sur-Mer que l’on peut se rendre compte de la fracture territoriale ?

Certes, ici on est privilégié. On vit au bord de la mer. C’est le 16 ème arrondissement. Mais je vois aussi ce qui se passe en « proche banlieue ». Ce n’est pas beau. Il suffit d’aller à 40 kilomètres vers Ploërmel pour se rendre compte que des bretons vivent très mal.

Vous partagez depuis longtemps les idées du Rassemblement National ?

On va dire que je n'ai jamais été un homme de gauche. Je me définis de droite. J’ai été chiraquien puis filloniste. J’ai d’ailleurs fréquenté l’ancien Premier ministre au Lycée Sainte-Croix au Mans.

Aujourd’hui, les LR n’ont pas de leader. Sur les questions de sécurité et d'immigration, j’estime que Marine Le Pen défend mieux aujourd’hui mes idées. Mais Je suis sans doute moins jacobin et plus régionaliste que beaucoup au RN.

On va dire que le RN ce sont mes voisins, mes amis, mais les LR, eux, restent ma famille. Je plaide d’ailleurs pour un rapprochement en Bretagne entre la liste d’Isabelle Le Callennec et celle de Gilles Pennelle.

Sur le plan électoral, la Bretagne a toujours été une région modérée. Le RN peine à s’ancrer localement. Il y a un plafond de verre ?

Les choses changent. Notamment du côté des jeunes. Je pense que pour beaucoup d’entre eux , le Rassemblement national est un mouvement politique d’avenir. Ils ont besoin de retrouver des valeurs, une culture partagée par leurs proches.

Et puis vous savez, sur un dossier comme l’insécurité, notre région n’est plus à l’abri. Regardez ce qui se passe à Rennes. Regardez comment un député LREM comme Florian Bachelier analyse avec angoisse la montée de l’insécurité.

Sur le plan professionnel, votre société d’investissement est en conflit avec l’Autorité des marchés financiers. Elle vous a sanctionné d'une amende de 100 000 euros et d'une interdiction d'exercer la profession de gérant durant 5 ans.  Vous avez fait appel devant le conseil d’Etat qui pourrait rendre une décision en juin , au plus tard en décembre. Une situation compliquée lorsque l’on est candidat à une élection ?

Je n’ai absolument pas peur. Je suis droit dans mes bottes. Et moi je n’ai pas "piqué dans la caisse".

En sollicitant un mandat, en étant désigné chef de file, n’avez-vous pas peur de perdre la liberté de parole et le franc parler qui vous caractérisent ?

C’est vrai que je commente très souvent l’actualité sur les réseaux sociaux. Je dis toujours ce que je pense. C’est quelques fois brutal, mais je reste toujours poli. J’aime le dialogue. Je ne pense pas que je serai censuré au sein du Rassemblement national.

Que pensent vos proches de cette candidature ? Une de vos filles s'est émue dans la presse de cet engagement. Elle estime les idées du RN éloignées des valeurs de votre famille...

On a eu des discussions mais toujours dans un climat de tendresse et d'affection. En effet, deux de mes six enfants sont engagés en politique et ne partagent pas mes convictions.

Isabelle travaille à la mairie de Paris auprès d’Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo. Mannaïg, vétérinaire quant à elle, va se présenter sous l’étiquette Europe Ecologie aux élections départementales dans l’Allier. Elle m’a toujours dit : "Tu ne m'as jamais fait de reproches sur mes idées politiques, je ne vois pas pourquoi je t’embêterai avec ta candidature." 

Elle est même venue chez moi imprimer sa déclaration de candidature. C'est vous dire que tout se passe bien. 
 

Et votre frère, Olivier, comment a-t-il réagi ?

Il n’est pas au courant. Mais je vais lui envoyer un petit mot.

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