REPORTAGE. Menhirs, dolmens, tumulus...Guide des bonnes pratiques pour savoir comment prendre soin de ce patrimoine archéologique

Un peu partout en Bretagne, on peut rencontrer, sur les chemins, des dolmens, des tumulus ou encore des cercles mégalithiques, et plus encore dans le Morbihan à l'image des alignements de Carnac. Ces alignements de pierres vieux de 6.500 ans sont pour certains fragilisés par la nature ou la main de l'homme. Alors comment en prendre soin ? Comment les préserver ? Un guide des bonnes pratiques a vu le jour pour aider autant les propriétaires privés que publics.

Des blocs de granit dressés depuis près de 6.500 ans. Les alignements de Carnac constituent aujourd'hui le plus grand ensemble mégalithique de ce type au monde. Un patrimoine exceptionnel qu’il a fallu protéger notamment du public.

Ce site mégalithique n'est plus accessible librement toute l'année. Une situation qui a changé par rapport au début des années 70 quand il n'était alors qu'un vaste parc de camping ou une aire de pique-nique sur laquelle les touristes stationnaient avec leur voiture. 

Au début des années 90, le site a donc été clôturé et il est désormais interdit de monter sur les menhirs. Toutefois, conséquence de l’urbanisme ou des dangers naturels comme la végétation, certains monuments sont tout de même fragilisés. 

Ecopâturage

Depuis 12 ans, Marc-Antoine Michau veille sur les 2.800 menhirs des alignements de Carnac. Responsable du service entretien, il n'utilise ni engin mécanique, ni produit chimique mais de l’écopâturage.

Une cinquantaine de moutons des landes s’occupent de l’entretien de la végétation faite principalement d'ajoncs. "Le principe, c'est qu'ils puissent pâturer sur des petites parcelles pendant 2 ou 3 mois et ensuite, on va venir faucher les refus de pâturage" explique Marc-Antoine. Cela nous fait nettement moins d'entretien avec les outils agricoles." Une manière douce d'assurer l'entretien à l'année des alignements. 

Car posséder un mégalithe que ce soit un menhir, un dolmen ou un tumulus ou sur son terrain, c’est avoir un site archéologique à conserver. Les propriétaires, publics et privés, ont la responsabilité de la conservation du monument historique qui leur appartient et donc de l'entretien courant. 

Un guide d’entretien des mégalithes

Pour s'y retrouver et donner des clés, l’association Paysages de Mégalithes, a conçu un guide d’entretien destiné à tous les propriétaires de menhirs, dolmens et tumulus. 

Pour protéger les mégalithes, il est déjà important de ne pas laisser la végétation envahir le monument afin de garder la visibilité des pierres. L'association préconise donc l'entretien de la végétation aux abords des mégalithes. "Il s'agit simplement de couper la végétation autour pour éviter que les arbres et les arbustes viennent disloquer les pierres à la base soit des menhirs, soit des dolmens pour éviter que les couches archéologiques ne soient trop touchées, précise Emilie Heddebaux, chargée de mission préservation pour Paysages de Mégalithes. Cela permet aussi d'éviter, si un arbre grandit trop vite, de bousculer les pierres et les faire pencher". 

Mais pour réaliser cet entretien, il est préconisé d'utiliser l'huile de coude plutôt que des engins motorisés. "On va vraiment être sur des engins thermiques très légers type débroussailleuse, souligne Marie Kervadid, garde littoral gestionnaire au conservatoire du littoral. Tout est évacué après à la main. On évite tout ce qui est engin motorisé très lourd."

Evitez de les toucher

Préserver ce patrimoine, c'est aussi permettre aux archéologues de mieux les étudier. Beaucoup de traces archéologiques sont conservées sur les surfaces. Il est donc indispensable de ne pas y toucher.

Émilie Heddedaux insiste sur le fait que "sur des pierres gravées, c’est un problème, mais aussi sur des pierres archéologiques en elles-mêmes. On ne le voit pas forcément mais un œil averti d'archéologue sait lire la pierre et sait voir des traces de façonnage des pierres pendant le néolithique."

Certains demandent plus d'entretien que d'autres

Du haut de ses dix mètres, le tumulus de Mané-er-Hröeck de Locmariaquer surplombe le Golfe du Morbihan depuis 6500 ans. C'est l'un des trois grands tumulus carnacéens au monde. Mais son état dégradé ne permet pas aujourd’hui d’accueillir des visites dans de bonnes conditions.

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La municipalité a donc lancé une campagne de dons pour le rendre accessible et visible. "Ce projet va permettre de faire respirer ce monument en acquérant un terrain où il y a des menhirs dans la clôture, détaille Jacques Madec, adjoint en charge du patrimoine à Locmariaquer. Cela va redonner de la grandeur à ce monument."

La Fondation du patrimoine, qui d'ordinaire se penche plus volontiers sur les vieilles pierres des manoirs et autres chapelles, a lancé une campagne de dons pour la valorisation de Mané-er-Hröeck. 

Candidature au patrimoine mondial de l'UNESCO 

L’entretien des mégalithes du Morbihan fait partie des points importants du dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco.

Parmi les 557 sites et monuments recensés sur tout le Morbihan, près de 216 sont aujourd’hui classés monuments historiques. "Un site ou ses abords qui ne sont pas entretenus, c'est un site qui finit par se perdre, déplore Victoire Dorise, présidente de l'association Paysages de Mégalithes. Et un site qui se perd, c'est un site qui disparaît." 

Si l'Unesco délivre en 2025 son précieux label, les mégalithes morbihannais deviendraient le premier site breton à figurer sur la liste du patrimoine mondial.