Depuis début septembre, les usagers du réseau de transport régional BreizhGo dénoncent une situation ubuesque sur la commune de Sérent dans le Morbihan. Le seul arrêt de bus de la commune a été déplacé de 5,6 kilomètres sans concertation. Conséquence, beaucoup de personnes ne peuvent plus prendre de transports en commun.
C'est devenu désormais une obligation pour Eric Jahyer. Cet habitant de Sérent, située dans le Morbihan, doit tous les jours prendre sa voiture pour parcourir les 5,6 kilomètres qui séparent désormais le village de son seul et unique arrêt de bus. Pour accéder aux transports en commun, il faut donc obligatoirement disposer d'une voiture.
"Il n’y a pas de piste cyclable, pas une voie piétonne, il n’y a rien", déplore Eric Jahyer. "Il suffit que deux gamins chahutent sur le bord de la route, et c'est l'accident. C’est hyper dangereux. Cette route est dangereuse pour tout le monde."
Des bus qui tournent à vide
Au départ, l'objectif de cette nouvelle liaison BreizhGo était de mieux desservir l’axe Vannes-Ploërmel en passant de deux à huit allers et retours par jour et en plaçant l’arrêt sur une aire de covoiturage. "Le nouvel itinéraire, utilisant les arrêts de car des aires de covoiturage a été établi en tenant compte de ce double objectif d'amélioration du temps de transport et du nombre de fréquences proposé," précise un communiqué de la Région. "Ces adaptations sont essentielles pour garantir l'attractivité de la ligne et permettre aux habitants des territoires traversés de faire le choix du transport public".
Mais force est de constater que cela n'a pas l'effet escompté, notamment en milieu de journée où les bus arrivent et repartent à vide.
"Ils multiplient les lignes mais elles ne s’arrêtent pas à Sérent. C’est totalement absurde," dénonce Eric Jahyer, membre du collectif Ligne 4. "Financièrement, on ne s’y retrouve pas. Écologiquement, on ne s’y retrouve pas. Aucun usager ne s’y retrouve. C’est inutile au possible."
Un manque de concertation
Cible du mécontentement, les intercommunalités et la Région qui ont réorganisé le transport en commun à Sérent et à Saint-Guyomard sans aucune concertation. La Région Bretagne a mis en place le renforcement de cette ligne en partenariat avec Golfe Morbihan Vannes agglomération, de l’Oust à Brocéliande communauté (OBC) et Ploërmel communauté. "Ils ont enlevé le service à 5000 habitants d’un coup, sans prévenir. Ils parlent entre eux à la Communauté de Communes OBC puis ils se renvoient surtout la balle. Cela n’arrête pas", déplore Mickaël Rigaud, membre du collectif Ligne 4.
Dans son communiqué, la région Bretagne indique avoir "pris la mesure des difficultés rencontrées par certains usagers" et de leur mécontentement. Elle ajoute que le nombre d’usagers sur la nouvelle ligne a augmenté de 54% en septembre avec 2765 voyages recensés en septembre 2023 sur l'ensemble de la ligne contre 1798 voyages en septembre 2022.
Une expérimentation sur deux ans
Un chiffre qui étonne cependant la maire de Sérent. Elle veut sortir rapidement de cette impasse. "Je souhaite qu’il y ait un moyen de rejoindre cette ligne à partir du bout de Sérent. Pas forcément un arrêt dans le bourg de Sérent. Cela peut être un moyen d’y aller, des navettes ou quelque chose de mis en place."
La région a indiqué réfléchir à des ajustements et a précisé qu’il s’agissait d’une expérimentation sur deux ans.
Une pétition en ligne
D’ici là les naufragés de la ligne 4 sont bien décidés à tout faire pour ne pas rester au bord de la route. Ils ont d'ailleurs créé un collectif et lancé une pétition en ligne pour tenter de récupérer leur arrêt de bus au bourg de Sérent après les vacances et ainsi "retrouver une mobilité pour les personnes handicapées, les travailleurs et les anciens." Ils se battent également pour que la commune voisine de Saint-Guyomard récupère aussi son arrêt de bus.
