Témoignage. "J’ai été ce jeune qui ne sortait pas, qui passait des heures devant la télé". Tristan Le Beller est Champion du monde de foot-fauteuil

Publié le Mis à jour le Écrit par Séverine Breton
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Physiquement, Tristan Le Beller a bien atterri. Il est rentré de Sydney où il a remporté la Coupe du Monde de foot-fauteuil le 20 octobre. Mais dans la tête, le jeune sportif de 22 ans est encore sur un petit nuage. Il n’a pas encore complètement réalisé qu’il était champion du monde pour la 2ème fois !

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"Quand notre gardien a stoppé le penalty, ça a été une sensation énorme" s'anime Tristan Le Beller. La finale de la Coupe du Monde de foot-fauteuil s’est jouée aux tirs au but, dans une salle de Sydney, en Australie, en ébullition. L’équipe de France s’est imposée. Elle est Championne du monde !

L’équipe est sortie des phases de groupe avec la meilleure attaque, la meilleure défense. "On a marqué 48 buts", se félicite le jeune morbihanais.Tristan en affiche 5 à lui seul sur son compteur personnel. L’équipe de France a battu l’Uruguay (7 à 0), l’Irlande du Nord (8 à 0). "On avait la meilleure équipe de France depuis que le foot-fauteuil existe, se réjouit Tristan Le Beller. On avait vraiment tout ce qu’il fallait."

Lors de sa première finale en 2017, Tristan Le Beller avait tout juste 16 ans. "J’étais plus dans l’euphorie, je ne me rendais pas vraiment compte de ce que ça représentait. Là, je suis plus vieux. Je savais que c’était la finale de la Coupe du Monde. Je me suis dit, si on gagne, on est la meilleure équipe au monde ! " 

Une sacrée aventure

Partir en Australie, à l’autre bout du monde, c’est toute une aventure. Partir en Australie quand on est en fauteuil roulant, c’est encore plus compliqué. "Nous, quand on prend l’avion, on ne va pas juste s’asseoir dans un siège. Il faut que nos fauteuils partent en soute, qu’on nous installe", témoigne Tristan. 

Les fauteuils de sport ont fait le voyage de leurs côtés. Pas question pour les athlètes de se séparer de leurs fauteuils. "On a chacun nos petites bidouilles, une manette spéciale, un réglage d’appui-tête, de cale-pieds."

"Le foot-fauteuil, c’est très technique explique Tristan Le Beller. Il faut prendre la balle, au bon endroit, au bon moment. Être bien placé, trouver le bon dosage pour la passe. Tout le fauteuil, c’est vos deux pieds, décrit le footballeur Il faut une dextérité qu’on apprend dès le plus jeune âge."

Un sacré champion !

Tristan est tombé malade à 18 mois. Myélite aiguë transversale. Il est tétraplégique incomplet. Ses bras bougent, pas ses jambes . "Je ne sais pas ce que c’est que la sensation de marcher, de mettre un pied devant l’autre. Mais j’ai eu la chance qu’autour de moi, on sache me dire "t’es en fauteuil, maintenant c’est comme ça, basta, fin de l’histoire ! On va faire avec…"

 "Je pense aux jeunes de 15 ans qui font une petite bêtise, confie Tristan, montent sur un scooter qui ont bu un coup de trop et qui se retrouvent assis pour la vie."

"Il faut qu’ils fassent du sport. J’ai été ce jeune qui ne sortait pas, qui passait des heures devant la télé, qui ne voulait pas bouger…  Quand tu es en centre de rééducation,  c’est compliqué de relever la tête. T’es cloué dans ton fauteuil tous les jours… quand tu croises quelqu’un les questions c’est qu’est ce qui t’est arrivé ? Et puis il y a eu le foot ! "Tristan a commencé à jouer dans l’équipe du centre de rééducation de Kerpape. Une révélation.

"Le sport permet d’oublier complètement le handicap assure le jeune homme. Sur le terrain de foot, on ne parle pas de nos douleurs ou de nos peurs, on parle de  tactiques, de passes, de buts."

"À la Coupe du Monde, il y avait un joueur argentin. Il jouait avec son menton. Je ne sais pas ce qui l’a amené dans un fauteuil, et ce n’est pas ça qui compte. Ce qui est important c’est comment il joue et il m’a vraiment impressionné."

 Pour un sacré titre !

Pendant leur semaine australienne, les joueurs de l’équipe de France ont disputé 11 matchs (en foot fauteuil, les matchs font 2 fois 20 minutes) plus 3 matchs amicaux. "C’était dense, reconnaît Tristan, mais le moindre match qu’on peut jouer, on le joue. Ça nous permet d’apprendre et d’apprendre encore."

Tristan ne veut surtout pas jouer les pleureuses. Mais cette Coupe du Monde,  il aurait aimé qu’elle soit saluée avec un peu plus d’enthousiasme. Il ne demande pas à descendre les Champs-Elysées dans un bus, mais goûterait volontiers un tout petit peu plus de considération.

"Nous sommes des sportifs de haut niveau. On en a le statut. Les 8 joueurs qui sont partis à Sydney et qui ont ramené la coupe à la maison, nous sommes tous des sportifs de haut niveau. On s’entraîne dur. On se débrouille comme on peut avec les moyens qu’on a et ce n’est pas normal. On est l’Equipe de France !"

Le jeune homme balaie très vite cette petite contrariété en regardant sa médaille. Ses yeux se mettent à briller. "Dans ta tête, tu te dis que tu as gagné la Coupe du Monde."

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