Avant la coupe du monde de foot fauteuil, le Breton Tristan Le Beller croit en sa deuxième étoile

A 22 ans, Tristan Le Beller va disputer en Australie sa deuxième Coupe du Monde de foot fauteuil. Déjà titré en 2017, le Lorientais fauché tout petit par une tétraplégie a toujours cru en son étoile. Alors pourquoi pas une deuxième ? Il nous raconte l'histoire, avec en bonus quelques anecdotes avec Mbappé et Lloris.

Il va s’envoler dans quelques jours pour l’Australie. Et tenter d'y conserver son titre de champion du monde de foot fauteuil.

Tristan Le Beller, 22 ans, est l’un des huit Français sélectionnés avec l’Equipe de France pour disputer Coupe du Monde qui se déroulera du 15 au 21 octobre à Sydney. Covid oblige, la compétition avait été reportée de deux ans.

 

25 heures d’avion. "Avec les fauteuils, ce ne sera pas simple..."  

L’aventure va commencer par un très long périple. "À la louche, c'est 25 heures d’avion", raconte le Lorientais. " Avec les joueurs, les accompagnateurs, le staff, on part dans deux avions différents. Il y a les fauteuils de compétition, et ceux de la vie de tous les jours, ça va demander une sacrée organisation."

"Mais on est évidemment très heureux de faire le voyage. On va commencer par une semaine d’acclimatation. Et on restera peut-être quelques jours après la compétition pour découvrir le pays. En espérant qu’on soit à nouveau champions du monde !"

Champion du monde en titre 

Les tricolores sont donc tenants du titre. En 2017, ils avaient battu en finale les Etats-Unis chez eux 4 à 2. Avec deux buts signés Le Beller.

"C’était extraordinaire", se souvient-il. "J'avais seulement 16 ans, et je réalisais mon rêve d'enfant.".

Quand t’es môme et que tu joues au foot, le but ultime, c’est de porter le maillot bleu. Là, j’y étais, on décroche le trophée, je finis 3e meilleur buteur de la compétition. C’était un truc de dingue.

Tristan Le Beller

 

Le sport de haut niveau pour dépasser le handicap  

Tristan Le Beller a commencé le foot fauteuil à 6 ans. À Kerpape, au centre de rééducation près de Lorient.

"Mon handicap, je l’ai chopé à 22 mois, après une vilaine réaction au vaccin de l’hépatite B. À la clé, une myélite aiguë transversale. Je suis paralysé, tétraplégique incomplet. Mes bras bougent, pas mes jambes, mais je sens tout mon corps".

"Au départ, le foot fauteuil, c’était juste une activité au centre de rééducation. On joue, et après on retourne chez papa maman, on fait les devoirs et on va se coucher. Mais depuis plus de 10 ans, c’est devenu ma vie. Je dors foot, je mange foot, je regarde du foot tous les jours".

"Ça m’a apporté de la confiance en moi. Et du professionnalisme au quotidien", dit-il en souriant. "Je ne fais pas la fête avant les matchs, j’essaie de faire gaffe. Et puis le foot fauteuil de haut niveau permet aussi d'échapper au volet médical."

"Avec des handi en rééducation, on parlait surtout de handicap. Nos conversations tournaient souvent autour de çà. "Et toi c’est quoi l’histoire ? Pourquoi tu es là, etc ? Au foot fauteuil, on ne parle jamais de ça. Sur un terrain, on est des sportifs. Le handicap de chacun, son histoire, ses pépins, on s’en fout, on est là pour jouer. Et pour gagner."

En 2018, la rencontre avec Mbappé et les Bleus de Deschamps

Après le sacre des Bleus de Deschamps en 2018, Tristan s'est dit que ce serait merveilleux que les deux équipes championnes du monde, les handi et les valides, puissent échanger. Et l'occasion s'est présentée.

"Malheureusement, quand ils sont venus jouer à Guingamp contre l’Islande, mes coéquipiers de foot fauteuil n’ont pas pu se déplacer, trop compliqué. Mais moi, j’ai eu la chance de les croiser."

"Il y avait Mbappé, Kanté etc. C’était bien, mais c’était court. Je ne les ai vus que quelques minutes et on n’a pas trop eu le temps de discuter. J’étais escorté de très près par la sécurité", se souvient-il en rigolant. "Comme si dans mon fauteuil, je risquais de lui faire quelque chose, à Mbappé !"

Le Beller, le talent... et le sens de l’humour

On a compris que Tristan Le Beller était à la fois doué sur un terrain, et doté d’un solide sens de l’humour. Sur sa rencontre avec les Bleus, le footballeur breton a une autre anecdote.

Les Bleus avaient ramené la Coupe du Monde à Guingamp. Quand j'ai croisé Lloris avec le trophée, on a discuté un petit peu et il m’a gentiment demandé si je voulais le toucher. Je lui ai dit, "t’inquiètes, la Coupe du Monde, je l’ai touchée un an avant toi..." Et on s’est marré.

Tristan Le Beller

  

L’humour, l’autodérision, Tristan en use aussi pour parler de lui.

"Dans la famille, il n'y a que des sportifs. Mon père fait de l’aïkido, ma mère du taï-chi, mes deux frères de l’aïkido, du vélo. Et moi du foot fauteuil".

"Je suis le petit dernier, celui qu'on a loupé. J'aime en rire parfois, parce qu'il faut regarder devant. Paralysé à 22 mois, j’ai quasi toujours vécu avec ce handicap. C’est plus facile peut-être pour moi de prendre de la distance, que pour quelqu’un qui a été victime d’un accident à 15 ans. Et qui logiquement va regarder un peu derrière".     

 

En route pour les Antipodes

Aujourd’hui, Tristan vit à Lorient avec son amie, ses deux chats. Et se rend à Dinan une fois par semaine pour l’entraînement avec son club, qui joue en première division. Avant la Coupe du Monde, l'attaquant tricolore est retourné à Kerpape, le centre de rééducation morbihannais qu'il avait quitté il y a deux ans, pour une préparation physique. 

"La Coupe, ça ne s'annonce pas de tout repos" dit-il. "La compétition va durer une semaine. Il y aura 10 pays. La France, les USA, et l’Angleterre (qui nous a battus en finale du Championnat d’Europe), sont à priori favoris. Si vous ajoutez le Danemark, l’Argentine, l’Uruguay, les deux Irlande, le Japon, l'Australie, ça vous fait 9 matchs de poule à disputer, pour espérer jouer les demi-finales et la finale." 

Quatre Bretons dans l'Equipe de France

Dans l'avion, à l'hôtel, Tristan aura la chance d'avoir quelques compagnons de route avec qui parler du pays. En équipe de France sont également sélectionnés Aurélien Fillatre, licencié à Dinan comme Tristan, Sylvain Malard, de l’AS Lorient Foot fauteuil, et Erwan Conq, le Finistérien qui joue à Chatenay Malabry.

Et comme le foot fauteuil se joue à quatre, avec un gardien, trois joueurs de champ, et puis les remplaçants, quatre Bretons dans l'avion, c'est la moitié de la sélection. Il y a des chances que le "Gwen ha du" fasse lui aussi le voyage des Antipodes.

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