Clap de fin pour le dispositif "Pré Apprentissage". L'expérimentation lancée en 2019 par l'État était destinée aux jeunes décrocheurs de 16 à 29 ans pour leur trouver une formation. Un arrêt définitif critiqué par de nombreux professionnels de la formation et de l'apprentissage.
Gants, pinces et fil de fer en main, ils sont prêts pour leur mission du jour que leur donne Clémence Ardiet, coordinatrice programme "Apprentis Solidaires"à l'AFEV de Vannes, l'association de la fondation étudiante pour la Ville. "Il va falloir renforcer le grillage au sol pour éviter que le petit cochon passe par-dessous."
Un jour par semaine, ils ont une dizaine de jeunes âgés de 16 à 29 ans à donner de leur temps et de leurs bras au sein de cette ferme pédagogique installée à Saint-Avé près de Vannes. Une des missions qu'ils doivent réaliser dans le cadre de leur parcours plutôt novateur.
Tous ont intégré depuis le début de l'année le dispositif "Apprentis Solidaires" mis en place par l'AFEV dans le cadre d'un service civique de 6 mois.
Un programme spécifique pour les jeunes "décrocheurs"
Grâce à cela, à ce programme, j'ai plus confiance en moi.
Camilleparticipante au programme "Apprentis Solidaires" de l'AFEV
Un programme mis en place pour mieux accompagner vers des jeunes en rupture complète avec l'école ou d'autres sans aucune formation. Des jeunes décrocheurs comme Camille qui répare méthodiquement répare le grillage de l'enclos. Une jeune fille en décrochage scolaire. Elle finit bientôt ce parcours de 6 mois. "Au début, j'étais un peu sceptique... Le bilan que je fais, c'est que j'ai trouvé une école pour faire mon apprentissage en coiffure. Donc j'ai un avenir pour plus tard. Et j'ai plus confiance en moi."
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À côté d'elle, Allan qui lui aussi va bientôt terminer son service civique au sein du programme "Apprentis Solidaires". Un dispositif qui l'a aidé à voir plus clair pour son avenir. "Au début, j'étais perdu. Je ne savais pas où aller. Maintenant, je voudrais aller vers les métiers du son. Lors des stages que j'ai faits, j'ai eu un retour positif."
Un programme en concurrence avec d'autres selon l'Etat
Seulement voilà, l'Etat, qui avait lancé cette expérimentation il y a 6 ans, a décidé d'y mettre un terme. Le programme sera définitivement stoppé fin décembre 2024. Parmi les raisons invoquées : le coût cette expérimentation : plus de 260 millions d'Euros. Autre point : l'existence de dispositifs similaires a créé une concurrence notamment avec ceux mis en place par les missions locales dont le rôle est d'accompagner les jeunes déscolarisés.
L'Etat se désengage à hauteur de 70% de notre budget
Chloé KermarrecManageuse développeuse AFEV
Conséquence, l'association AFEV est contrainte de mettre en pause son programme "Apprentis Solidaires" à partir du 1er septembre prochain. "Malgré le fait que nous ayons des bilans positifs et que les besoins des jeunes pour intégrer l'apprentissage soient de plus en plus importants, l'Etat se désengage brutalement alors qu'il apportait en subventions 70% de notre budget." prévient Chloé Kermarrec, manageuse développeuse à l'AFEV. L'association a dû se mettre en urgence en recherche active de nouveaux financeurs publics mais aussi privés via le mécénat. Depuis 2021, cette association a accompagné plus de 70 jeunes sur ses quatre sites bretons.
Les conséquences négatives de la suppression du programme
Motion de la FNADIRFédération Nationale des directeurs de CFA
Un arrêt brutal des financements de l'Etat envers l'apprentissage que condamne la FNADIR, la Fédération Nationale des directrices et directeurs des CFA. Dans une motion votée début juin 2024, elle alerte sur "les conséquences négatives de la suppression du programme qui risque de compromettre gravement les efforts entrepris pour rendre l'apprentissage plus inclusif et plus accessible."
Car le dispositif avait pour objectif de recruter les jeunes les plus éloignés de l'apprentissage. Un secteur largement ouvert aux élèves des lycées et aux formations en études supérieures.
2858 jeunes bretons dans le dispositif depuis 2019
Selon le GREF de Bretagne, "2858 personnes sont entrées dans le dispositif en Bretagne dont plus de 80% non qualifiées". En France, près de la moitié des participants à ce programme ont ensuite poursuivi leur formation en apprentissage, et 25 % supplémentaires ont directement trouvé un emploi ou ont intégré une autre formation.
Des chiffres plutôt encourageants qui n'ont pas, pour le moment, convaincu l'Etat.
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