La BD à la conquête du jeu vidéo, le succès de Maliki : "si on m'avait dit ça il y a 20 ans, j'aurais rigolé"

Avec 300.000 exemplaires vendus et une communauté de dizaines de milliers de fans, Maliki est un personnage de bande dessinée qui a su, en 20 ans, imposer sa marque. Depuis le Morbihan, elle entame sa dernière mutation pour être l'héroïne d'un jeu vidéo sur PC et Nintendo Switch.

"Si on m’avait dit ça, il y a 20 ans, j’aurais rigolé !" Maliki est un petit personnage que Souillon, son créateur, dessinait dans les coins de page au lycée, en 1995. 300.000 exemplaires de BD plus tard, que de chemin parcouru !

"Ça donne un peu le vertige quand on se retourne et qu’on voit tout ce qu’on a fait, confie l'auteur. On enchaîne les projets les uns après les autres sans forcément regarder par-dessus notre épaule. Quand on voit la quantité de production, on est plutôt contents d’être encore là 20 ans après et que ça continue à plaire."

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"Ça part en cacahuète"

Maliki est une jeune femme qui raconte son quotidien avec humour. Souillon en a fait son avatar. "Je transpose une bonne partie de ce qui m’arrive ou je vole des histoires à des copains, dit-il. Ce n’est pas non plus complètement moi, le personnage réagit en fonction de son caractère."

"Je trouve que se baser sur de l’existant ça ajoute de la crédibilité à ce qu’on raconte, souligne-t-il encore, même si après je rajoute n’importe quoi : ça part en cacahuète et en surnaturel."

En 2004, Maliki n’existait que sur un blog. "J’ai appris à dessiner en même temps que je publiais sur internet" relate Souillon. Des dessins imparfaits qui ont trouvé leur public. La première fois qu’on lui propose d’être édité, le dessinateur répond non. "Je trouvais que ce n’était pas au niveau des standards de la BD."

Success-story

Finalement, il accepte d’être édité par Ankama, un célèbre studio de jeu vidéo et de bande dessinée français. On lui doit notamment le jeu Dofus. Une première BD sort, puis une autre et ainsi de suite. Ankama produira huit tomes et un art-book de Maliki. Bayard trois romans.

En 2016, avec Becky, sa compagne de vie (professionnelle et personnelle), ils se lancent dans l’auto-édition. Quatre bandes dessinées et un roman suivront. En 20 ans, Maliki s’est vendue à plus de 300.000 exemplaires.

100.000 fans

"Avec le temps, Maliki a beaucoup évolué, développe Souillon. Avant, c’était une étudiante, une jeune active, qui décrivait sa vie quotidienne toute seule avec ses deux chats. 20 ans plus tard, elle est mariée, elle a deux jeunes enfants et des chats partout. Une situation professionnelle qui a beaucoup changé."

"Il y a de plus en plus d’histoires d’enfants étonnamment, sourit le dessinateur, mais ce n’est pas grave car mon public a grandi avec moi." Un public qui, depuis le blog, est resté fidèle aux aventures de son héroïne. Sur Facebook, 100.000 fans suivent Maliki. Ils sont plus de 35.000 sur les autres réseaux sociaux. 

Dernière mutation : Maliki devient un jeu vidéo

Parmi les fans de la première heure, se trouve Étienne Jacquemain. Illustrateur, geek, touche-à-tout qui travaille dans le jeu vidéo. 

En 2007, il recrute Souillon comme illustrateur pour un jeu. "Il m’a fait plein de personnages, se souvient-il, c’était super et puis on a fait un deuxième jeu, un troisième, etc. On a continué à bosser ensemble."

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Au fil des années, l’idée de créer un jeu vidéo autour de l’univers de Maliki prend forme. "On a essayé dans mon ancienne boîte et ça n’a pas marché alors on s’est dit qu’il fallait monter la nôtre pour aller au bout de notre projet."

Après le Covid, les planètes s’alignent. Anthony Roux, le fondateur d’Ankama, cherche à diversifier ses activités. Il veut investir. Un studio de production de jeu vidéo voit le jour à Auray, dans le Morbihan. Son nom est Blue Banshee.

Sortie fin 2024 sur Nintendo Switch

Avec les 20 employés de Blue Banshee - la plupart sont en télétravail -, Souillon et Étienne ont depuis deux ans la tête dans le guidon. "On en est à la version Alpha, précise le dessinateur, on peut parcourir le jeu du début à la fin pour tester le déroulé mais il y a plein de choses qui doivent être polies."

Les deux hommes produisent pour la première fois leur jeu. "Ça fait super peur et c’est motivant. C’est galvanisant et tétanisant à la fois mais je suis habitué à bosser sous pression."

Le jeu doit sortir à la fin de l’année 2024 sur la plateforme Steam sur PC et sur Nintendo Swich. Il est d’ores et déjà possible de le précommander sur une toute nouvelle plateforme indépendante de financement de projets intitulée Kune Kune. Le site a été lancé par quelques stars du web comme le joueur du grenier.

Becky est aux manettes pour mettre sur orbite cette campagne de communication. Elle s’occupe de fédérer la communauté derrière ce nouveau projet. En quelques jours près de 2.400 précommandes ont été passées.

"Des tas d'histoires fantastiques"

"C’est un jeu d’aventure, explique Etienne, un RPG, un jeu de rôle narratif. On va raconter l’histoire de Maliki d’une autre façon. On n’a pas besoin de connaître l’univers pour rentrer dans le jeu. On va  raconter des tas d’histoires fantastiques avec une grosse composante combat mais aussi écologie. On pourra s’occuper de son domaine, planter des trucs, etc." Le tout bien sûr sur un ton décalé.

Et après ? "On a plein d’idées pour faire d’autres jeux." Des jeux autour de l’univers de Maliki mais les cofondateurs de Blue Banshee ne s’interdisent pas d'aller explorer d'autres pistes. Tout sera possible si Maliki, Poison of the Past rencontre le succès.

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