La Semaine du Golfe aurait été créée en 2001 pour redorer l'image du Morbihan, abîmée quelques mois plus tôt par le naufrage de l'Erika. Mais cette fête maritime est surtout née autour d'un café, de la rencontre de deux hommes, Polig Belenfant et Jakez Kerhoas, passionnés de beaux bateaux. Rencontre.
C'est presque par hasard qu'en ce mardi matin ensoleillé de Semaine du Golfe, nous nous sommes retrouvés embarqués sur le bateau de Jakez Kerhoas et de Polig Belenfant, les deux fondateurs de l'événement.
Quarante minutes de traversée direction l'île d'Arz, au milieu de yoles de mer, de petits voiliers ou de bateaux mythiques comme le Marité. Les deux compères ont le sourire malicieux et satisfait au coin des lèvres. Le sourire de ceux qui ont réussi un joli pari.
Cette balade dans le Golfe nous a donné l'occasion de revenir sur l'histoire de la création de ces fêtes maritimes uniques. Pendant que Jakez Kerhoas, le taiseux, pilote, Polig Belenfant raconte la belle aventure.
Une vieille idée
"C'est une idée qui nous trottait dans la tête depuis longtemps. On voyait les grands rassemblements de Brest ou Douarnenez. Il y avait de petits événements dans le Golfe mais on n'avait pas de grande fête comme celle d'aujourd'hui, relate Polig Belenfant. Après, c'est une histoire de rencontre... Avec ce monsieur qui est là." Il regarde Jakez Kerhoas.
"En fait, poursuit-il, on ne se connaissait pas et puis un jour à "Mille sabords", le salon du bateau d'occasion du Crouesty, je tombe sur Yann Guesdon, un ami journaliste au Chasse-Marée et je lui parle de cette idée. Il y a d'autres amis qui sont là, et autour d'un café, ils me parlent de Jackez. 'Ce serait bien que tu le rencontres', me disent-ils. Je ne l'avais jamais vu, mais je savais que c'était lui qui avait créé les toutes premières fêtes maritimes de Brest, à Pors Beac'h en 1980. Et on s'est retrouvé dans un bistrot pour boire un café. Et puis on a commencé à discuter comme ça."
Une idée autour d'un café
"Il y avait tellement de monde, se souvient Polig. On s'est dit on va aller manger dans un restaurant de Port Navalo, tranquilles. On était plusieurs et on a commencé à phosphorer et imaginer la Semaine du Golfe. Jakez travaillait depuis deux ans sur un projet dans la rade de Lorient, mais ça n'avançait pas. Bref, on s'est tutoyé tout de suite et puis on a commencé à crayonner comme ça, voir comment fonctionnait le Golfe, car la navigation y est quand même trés particulière. Et puis à un moment une serveuse est venue nous demander ce qu'on voulait pour le diner. On avait passé toute l'après midi dans le restaurant, sans voir le temps passer."
"Faudrait faire une étude de faisabilité"
"A l'époque, indique Polig Belenfant, j'étais directeur général adjoint des services du Conseil départemental du Morbihan. En rentrant le lundi, je suis allé voir mon chef. Il m'a dit : "Ah bah c'est pas con ! Mais il faudrait peut-être faire une petite étude de faisabilité !".
On a d'abord pensé à faire une fête plus large, et finalement, on s'est vite dit que non, cette fête devait avoir lieu uniquement dans le Golfe, car c'est une entité tout à fait particulière. Le seul problème, c'est qu'il n'y a pas de grands ports. Seulement des mouillages et des petits abris.
Et donc l'idée a été de se dire, on va utiliser tout le bassin de navigation et on va séparer les bateaux en flottilles et puis on va les faire naviguer. On va les faire changer de port tous les jours".
Le concept était né. Et en 2001 la première édition de la Semaine du Golfe a vu le jour. Elle devait être unique. Mais le succès a été tel, qu'il a vite été décidé de l'organiser tous les deux ans.
Pour cette 12ème édition, le succès ne se dément pas. 1.300 bateaux venus du monde entier sont inscrits. Alors quand on demande à Polig Belenfant s'il est fier de cette réussite, il esquisse juste un petit sourire en regardant les dizaines d'embarcations sur l'eau, puis se tourne vers Jakez Kerhoas d'un oeil complice et répond "oui, assez".
