La perspective d'une augmentation de 14% du SMIC inquiète les dirigeants de petites entreprises. Certains reconnaissent la nécessité sociale de cette mesure, mais s'inquiètent de son impact économique. Elle doit donc être accompagnée d'une baisse des charges. Illustration dans le Morbihan.
Depuis les résultats du second tour et le score du Nouveau Front Populaire, la perspective d'une hausse de plus de 14 % du SMIC inquiète fortement certains patrons de petites entreprises. C'est en effet inscrit dans le programme de cette union des gauches, comme l'un des engagements prioritaires d'un gouverrnement que le NFP dirigerait.
Socialement, je le comprends. Économiquement, j'ai du mal
Pierre Ferrand, chef d'entreprise
Cest le cas de Pierre Ferrand, qui emploie 42 salariés dans une entreprise du Morbihan de vente de matériaux, sous une franchise reconnue. Dans le contexte économique actuel, le surcoût lié au passage du SMIC à 1600 € net ne serait ne serait pas supportable, selon lui, par son entreprise.
"L'augmentation du SMIC, on peut la comprendre, mais ce qui est difficile, c'est l'augmentation de toutes les charges qui vont aller à côté. Et nous, dans une période de crise, on n'arrivera pas à absorber" estime Pierre Ferrand. Le chef d'entreprise n'est pas contre cette mesure de pouvoir d'achat, mais n'en reste pas moins inquiet. "Socialement, je le comprends. Économiquement, j'ai du mal" résume-t-il.
Baisse de charges
Pour Erwan Montrel, le patron de LG Métal à Nivillac, cela doit s'accompagner d'une baisse des charges patronnales. Une mesure qui compenserait cette revalorisation des salaires, à laquelle il est favorable, sans peser sur la compétitivité.
"C'est surtout comment avoir de l'équité par rapport à ceux qui sont déjà actuellement à 1600 euros, parce que les entreprises n'arriveront pas à financer cette hausse de salaire dans un environnement européen conccurrentiel" explique-t-il.
Un frein à l'embauche ?
Selon une enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), cette mesure risquerait de pousser certains patrons à mettre la clé sous la porte. 14 % des dirigeants assurent qu'ils cesseront leur activité, et près d'un quart d'entre eux affirment qu'ils devraient licencier une partie de leur personnel.
"Si c'est fait n'importe comment, les TPE-PME vont déposer le bilan, vont arrêter ou vont refuser de recruter. Surtout, les chefs d'entreprise, il faut vraiment les rassurer et essayer de travailler ensemble, voilà, et non pas contre" appuie Claude Dozoul de la CPME du Morbihan.
Actuellement en France, 3,1 millions de salariés du privé sont rémunérés au niveau du SMIC. Ils représentent 17 % des salariés du privé.
(Avec Yoann Etienne)