La disparition inquiétante du curé de Ploermel, avec en toile de fond l'hypothèse du suicide, pose la question des fragilités psychologiques auxquelles les prêtres peuvent faire face. Isolement, épuisement, une question prise très au sérieux par l'Eglise, et ce dès le séminaire.
La disparition du curé de Ploërmel, Christophe Guégan, le 18 janvier dernier, a ravivé les questions autour de l'accompagnement psychologique des prêtres par l'Eglise catholique. Une question sensible mais qui semble avoir été prise très au sérieux depuis quelques années, et ce dès le séminaire : "Aller voir un psychologue n'est plus un gros mot de nos jours. Aujourd'hui, sur un parcours de formation de 6-7 ans, presque la moitié des séminaristes bénéficient d'un accompagnement psychologique. Et même du point de vue de l'enseignement théorique, il y a depuis quelque temps une initiation aux grandes notions de psychologie", raconte Louis de Bronac, recteur du séminaire Saint-Yves de Rennes où sont formés de nombreux prêtres bretons.
Aller voir un psychologue n'est plus un gros mot de nos jours.
Louis de Bronacrecteur du séminaire Saint-Yves de Rennes
Alors que les vocations se font de plus en plus rares, selon lui, "le mal-être de certains prêtres n'est pas qu'une question de charge de travail car avant il y avait plus de prêtres, d'accord, mais il y avait aussi davantage de fidèles. C'est plutôt lié à un climat général assez lourd dans la société. Les prêtres sont aussi des hommes, parfois des éponges et ils accueillent beaucoup de détresse. Tout ça les atteint".
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Louis de Bronac est aussi prêtre du diocèse de Vannes et il confirme qu'il y a "beaucoup d'efforts de faits pour lutter contre l'isolement des prêtres. La vie communautaire est très importante. Les évêques encouragent les prêtres à se regrouper par trois dans le même presbytère, pour recréer de la fraternité, quitte à rayonner ensuite à droite et à gauche pour les offices". Des temps de convivialité sont aussi organisés plusieurs fois dans l'année.
Les évêques encouragent les prêtres à se regrouper par trois dans le même presbytère, pour recréer de la fraternité, quitte à rayonner ensuite à droite et à gauche pour les offices.
Louis de Bronacrecteur du séminaire Saint-Yves de Rennes
Un responsable du diocèse de Vannes explique : "L'accompagnement psychologique, chez nous, se fait par un laïc. C'est une volonté de la part du diocèse. C'est un délégué diocésain à la protection sociale des prêtres. Il organise des journées de rencontres et propose un soutien moral".
"Ça a été une renaissance dans ma vie de curé"
Chaque diocèse est indépendant dans la gestion de l'accompagnement psychologique de ses prêtres. Ce qui explique que les choses ne se passent pas exactement de la même façon dans le diocèse de Rennes. Le père Nicolas Guillou est le curé de Notre-Dame en Saint-Melaine depuis 8 ans : "Nous avons une assistante sociale à temps plein dans le diocèse de Rennes. Mais également une cellule psychologique qui est activée en cas de besoin. Cela a été le cas en 2022 lorsque le prêtre de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) a été écroué pour viol aggravé. Enfin, nous avons aussi un service de ressources humaines, qui nous aide notamment dans la gestion des conflits".
Ce service RH organise régulièrement des formations thématiques. Le père Nicolas Guillou a participé à l'une d'elles intitulée "pasteur selon mon cœur". Et il l'avoue : "ça a été une renaissance dans ma vie de curé. Cela nous met face à nos limites, nos fragilités. J'ai été coaché pendant huit jours, y compris par des femmes, ce qui était très intéressant. Moi, cela fait 25 ans que je suis prêtre. Après cet accompagnement, je me suis senti plus fort psychologiquement dans un monde où tout change tellement vite et où les gens réagissent aussi différemment.