Vous ne trouverez pas de guide pour visiter les sous-sols de la ville ancienne. Pourtant, sous le centre historique de Vannes coulent encore aujourd'hui des ruisseaux dont les rives nous racontent l’histoire d'une cité qui s'est créée il y a plus de 2000 ans au fond du golfe du Morbihan.
De Vannes on connait sa ville close avec ses fortifications, son lavoir et ses maisons à pans de bois. Un héritage historique précieux qui fait l’attrait de la cité morbihannaise. Mais Vannes cache aussi dans ses profondeurs des trésors patrimoniaux bien moins connus.
Christophe Le Pennec, historien et archéologue rattaché au Musée de la Cohue, nous amène en expédition souterraine. Notre première plongée dans les tréfonds de la ville se fait à une centaine de mètres du port de plaisance, sous la place poissonnerie.
Sous la place poissonnerie on découvre les aménagements hydrauliques du XIVe siècle
Equipés de cuissardes Christophe Le Pennec nous ouvre la voie dans le réseau d’adduction d’eau de la ville. En effet ce tunnel est un témoin unique de l’évolution de la cité. Sur les parois on distingue des ruptures dans la maçonnerie. La taille des pierres ou encore leur agencement changent radicalement quand on se rapproche de la mer. C'est que ces deux bouts de tunnels n'ont pas été construits à la même époque...
A la fin du XIVe siècle, le duc Jean IV a en effet décidé d’agrandir l’enceinte urbaine. Il fait alors construire les remparts sud en gagnant du terrain sur la mer. Aussi dans le mur on distingue clairement une rainure par où glissait une herse qui servait de protection contre des envahisseurs qui pouvaient arriver par la mer.
Depuis la ville n’a cessé d’avancer sur le port. Désormais au-dessus du canal se trouve la place Gambetta, ses cafés et ses restaurants avec vue imprenable sur le bassin à flot
2000 ans d'histoire encore visibles sur les rives souterraines du Rohan
Notre exploration souterraine se poursuit le long du Rohan. Ce ruisseau autrefois à ciel ouvert coule aujourd’hui sous le quartier Saint-Patern.
C'est pas la cave d'un immeuble situé près de la rue Saint-Nicolas que nous atteignons le Rohan.
Sous les fondations de l'immeuble coule le ruisseau, et ses rives conservent les traces de la vie passée comme une souche d’arbre qui semble défier le temps. De grosses pierres entreposées semblent dessiner les contours d'un jardin.
La rivière a été recouverte au début du XXe siècle mais sur ces berges ont habité des hommes et des femmes pendant plus de 2000 ans
Notre guide poursuit l'exploration:
Ce qui est émouvant c’est de voir les vestiges des maisons qui occupaient l’espace y’a moins d’un siècle. On devine ici le rez-de-chaussée d'une maison, des portes, des fenêtres et des emmarchements qui servaient à aller puiser l'eau où à laver linge
A fil de l'eau Christophe Le Pennec nous amène jusqu’à une arche de pont parfaitement conservée sous laquelle coule encore le Rohan: "C’est le pont dit de la rue Saint-Nicolas, une construction emblématique datant du moyen âge [...] C’est le passage obligé entre la colline de Boismoreau et la colline du Mené. C'est le passage à gué qui a donné son premier nom à Vannes : Darioretum, littéralement "le gué bouillonnant" selon les érudits ".
En s’enfonçant dans les profondeurs de Vannes on réalise un retour aux sources, un voyage à travers le temps qui nous amène vers le berceau de la ville millénaire.
Reportage de Maylen Villaverde, Jean-Michel Piron et Gérard Chicoine:
Intervenant: Christophe Le Pennec, Responsable des collections histoire, archéologie et sciences naturelles, direction culturelle de la mairie de Vannes