Eric Jeanne dit Fouque a ouvert la laiterie de Belle-Île en juillet dernier. Il collecte une petite partie du lait produit par les éleveurs de l’île pour le transformer en produits laitiers. Un modèle vertueux basé sur le circuit court qui permet aux habitants de manger des produits fabriqués sur place. Dans le cadre du festival les Insulaires, qui se tient ce week-end, la laiterie est nommée dans la catégorie artisanat local.
Éric Jeanne dit Fouque s’active au-dessus d’une cuve dans son atelier. "On prépare le lait pour le fromage blanc, explique-t-il. Je vais le mettre à refroidir et je mettrai un fermant dedans dans 4 heures." Une petite routine qui se met en place doucement depuis début juillet et l’ouverture de la Laiterie de Belle-Île.
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"Il y a eu du lait qui est parti à la poubelle le temps de faire mes expérimentations mais c’était heureusement assez rapide, s’amuse-t-il. On a eu un retour des clients qui nous permettait d’ajuster. Pour l’instant, ils sont satisfaits. Pourvu que ça dure !"
Éric Jeanne fabrique son fromage blanc "un jour sur deux" en fonction de la demande. Aujourd’hui, il fournira les écoles et des restaurants de l’île.
Paysagiste en reconversion
Éric était paysagiste il y a encore quelques mois. Il cherchait à se reconvertir comme comptable quand il entend parler d’un projet de laiterie à Belle-Île. Le projet en question tombe à l'eau mais pas question pour lui de laisser tomber... "Ça me semblait cohérent car tout le lait de Belle-Île part sur le continent. Tous les jours un camion de lait va à Pontivy et rien n’est transformé sur place."
"C’est logique. Les fermes faisaient ça autrefois à Belle-Île. Elles transformaient leur production et la vendaient sur place. Ça permet de valoriser le lait des agriculteurs.
Éric Jeanne
La laiterie de Belle-Île travaille avec deux agriculteurs locaux. À l’image du Gaec familial d’Emmanuel et Martine. Ils vendent à Éric le lait de leurs 73 vaches. "Ça s’est fait naturellement quand il nous a contactés, se souviennent-ils. C’est plus intéressant de fournir des clients sur l’île et de vendre localement plutôt que de se tourner vers la grande distribution."
Éric achète leur lait 10 centimes de plus que ne le ferait Lactalis. "Ça fait 100 euros de différence pour 1.000 litres, c’est donc intéressant."
Avec ce lait, Éric et le salarié qu'il emploie à mi-temps produisent du fromage blanc, du skyr, de la crème et des yaourts. "On produit 2.000 pots !" Des produits vendus sur place dans un distributeur automatique et dans une vingtaine de commerces de l'île comme l'épicerie de Sauzon. "Ça marche bien, se réjouit Florence le Doux, l’épicière de Sauzon. Les clients sont très friands des produits faits sur l’île. Et j’aime mettre en avant les produits de Belle-Ile…"
Sur l'île, Éric livre aussi une dizaine de restaurants, la cantine scolaire, le collège et il espère travailler avec l'hôpital afin de produire tout au long de l'année.
"Ça fait partie du projet : transformer en local, mieux rémunérer les agriculteurs, vendre sur place. On fait du circuit court."
Éric Jeanne
Coût de la laiterie: 450.000 euros financés par des prêts, une aide de la Région et un financement participatif. À terme, Éric espère embaucher 3 personnes et pérenniser une entreprise qui aujourd’hui plus que jamais à toute sa raison d'être.
Ce week-end, l’île d’Houat accueillera le festival les Insulaires qui, chaque année, rassemble les 15 îles du Ponant . À cette occasion, l’association « Savoir faire des Îles du Ponant » remettra ce 22 septembre, les Trophées Insulaires, 5 trophées destinés à récompenser des acteurs locaux qui font bouger leur île. Éric Jeanne est nommé dans la catégorie artisanat local.