C’est l’une des particularités des élections municipales version 2020 : l’entrée en lice de listes citoyennes. Des habitants qui plaident pour une nouvelle démocratie locale, plus participative, en dehors des partis et clivages politiques traditionnels.
À l’approche des prochaines élections municipales, des listes dites "citoyennes" se constituent un peu partout en France. Quasi-inexistantes il y a six ans, le site du collectif Action commune qui leur est consacré en recense 157 à ce jour.
Le fossé se creuse encore entre politiques et citoyens
En Bretagne, au moins une trentaine de collectifs d’habitants ont décidé de s’inviter dans cette campagne, et de constituer des listes dites apolitiques en réaction aux listes portées par les partis traditionnels. "C’est un basculement qui s’accélère. Il y a une telle critique, une telle défiance à l’égard des institutions partisanes que du coup, il apparaît porteur de se présenter comme on dit aujourd’hui sur liste citoyenne, on ne court plus après les étiquettes", explique Christian Le Bart, professeur de sciences politiques à l’université de Rennes.
Membre d'"Ensemble Pour Guémené 2020", autrement, Henrik Piski réfute lui, toute notion d’opportunisme : "C’est un peu la suite du mouvement des gilets jaunes, les gens veulent participer, prendre en main leur destin, ne plus être toujours dirigés".
"Notre programme : rendre le pouvoir politique aux citoyen.ne.s"
Dénominateur commun de tous ces collectifs : inventer une autre manière de gérer leur commune. Plus collégiale, plus participative. Un principe qui s’applique dès la constitution des listes (au vote ou au tirage au sort) et l’élaboration des programmes. Ainsi, au cours de réunion organisées depuis le mois de mai 2019 par l’Assemblée populaire qui présente une liste à Saint-Brieuc, chacun était invité à se prononcer sur "ce qu’il voulait garder, et ce qu’il ne voulait pas garder". Et quand on parle de programme, Georges Samson, membre du collectif, corrige : "Nous, on appelle ça des trames programmatiques. Rien n’est bouclé, tout se fera avec les gens quand on sera élu. On ne fait pas de promesse de campagne."
Car pour les listes citoyennes, la gouvernance fait, elle aussi, l’objet d’une vraie révolution. Pour Brest, la liste citoyenne, Vincent Garcia explique : "On n’a pas réponse à tout. En revanche, on a quand même travaillé et on présente en détail notre projet politique qui se limite par un changement des règles du jeu".
Dans un document de 57 pages, il est en effet question de la mise en place d’un droit de pétition pour permettre à chaque citoyen d’initier ou de soutenir les projets qu’il souhaite voir réaliser dans la ville ; du renforcement du pouvoir des Conseils de Quartiers ; de la création de 9 Assemblées Citoyennes Thématiques composées de 50 Brestoises et Brestois tirés au sort qui auront pour mission de valider les initiatives proposées ; de l’organisation de référendum réguliers pour les décisions les plus importantes. Pour résumer, la liste citoyenne milite pour "un nouveau modèle de gouvernance plus horizontal, inclusif, transparent et compatible avec le droit".
Pour que plus rien ne soit décidé "d’en haut"
Et les élus ? Et le maire dans tout ça ? À Saint-Brieuc, l’Assemblée populaire a décidé de remplacer sa tête de liste par trois porte-paroles. Et la fonction de 1er magistrat « un peu trop monarchique » au goût de Georges Samson, sera elle aussi assuré de façon collégiale, à tour de rôle par trois élus de la liste. Autres propositions : le non-cumul des mandats entre la ville et l’agglomération pour le maire et pour ses adjoints, et la validation de leurs décisions par un conseil communal composé de 43 citoyens tirés au sort.
"Nous, on préfère à chaque fois mettre le sujet sur la table. En, général avec l’intelligence collective, on a des résultats qui même s’ils prennent plus de temps, sont meilleurs", défend Vincent Garcia.
Alors, les électeurs seront-ils sensibles à ce discours ? Glisseront-ils leur bulletin dans l’urne en faveur d'une liste citoyenne lors du prochain scrutin ? Christian Le Bart émet quelques réserves : "C’est vrai qu’il y a un mouvement de fond, mais il y a aussi une résistance du champ politique qui en a vu d’autres. Je prends un exemple : aux élections européennes, les Gilets jaunes n’ont rien pesé, alors même que le mouvement était assez populaire. Est-ce que cette ambition, de renouveler la façon de faire de la vie politique passera mieux aux municipales ? "Je suis très curieux de voir les résultats".
Rendez-vous est donc pris les 15 et 22 mars 2020.
Listes issues de collectifs citoyens (dates butoir de dépôt : le 27 févier)
Certaines listes ont déjà été officiellement été déposées en préfecture. D’autres le seront d’ici le 27 février. D’autres encore peinent à être bouclées et pourraient jeter l’éponge.
Côtes-d’Armor
- Saint-Brieuc : L’Assemblée populaire
- Plérin : Plérin Citoyenne
- Pordic : Pordic alternative
- Binic-Etables-sur-mer : La Fabrique citoyenne
- Langueux : Langueux en Transition
Finistère
- Saint-Renan : Nouvel Elan
- Châteaulin : Un autre Châteaulin est possible
- Brest : Brest, la liste citoyenne
- Telgruc-sur-Mer : Telgruc avec vous
- Combrit : Agissons ! Une dynamique collective pour Combrit-Saint-Marine
- Morlaix : Morlaix Alternative Citoyenne
- Poullaouen : Pour des lendemains meilleurs
- Quimper : Vivre Quimper
- Concarneau : Concarneau Solidaire et Durable
- Bénodet : Bénodet Ensemble
- Quimperlé : Quimperlé décidons ensemble
- Ploudalmézeau : Liste participative pour Ploudal-Portsall
- Redon : Redon demain
- Rennes : Choisir l’écologie pour Rennes
- La Mézière : La Mézière ensemble
- Montreuil-le-Gast : MLG2020, Pour vous, avec vous !
- Saint-Médard-sur-Ille : Engageons la Transition Citoyenne à Saint-Médard sur Ille
- Vitré : Vitré, solidaire et écologique
- Saint-M’Hervé : Ensemble Saint M’Hervé
- Saint-Malo : Saint-Malo autrement
- Lorient : Energie Citoyennes LorientLocmiquelic : Locmiquelic Citoyenne
- Auray : Auray ville citoyenne
- Guémené-sur-Scorff : Ensemble pour Guémené 2020, autrement
- Vannes : Vannes Projet Citoyens
- Questembert : S’épanouir dans un Questembert participatif, citoyen et durable