Musique en Bretagne : une compile des coups de coeur des programmateurs

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"GO OUEST" : c'est le nom d'une compilation musicale . Huit salles et festivals bretons y ont sélectionné 20 artistes de la région. Talents émergeants ou déjà confirmés pour quelques-uns. Un tour d'horizon de la scène bretonne. Un outil de promotion aussi dans une période de disette culturelle.
 

Go Ouest 2020 vient de sortir. Seconde compile du nom - la série a été lancée l'an dernier - elle est le fruit d'échanges entre 8 programmateurs de salles et de festivals bretons1. Compilation de coups de coeur parmi la foisonnante scène bretonne, elle est disponible sur les plateformes d'écoute.

1 - Antipode, Bars En Trans, Bonjour Minuit, La Carène, L’Echonova, L’Hydrophone, Vieilles Charrues, Nouvelle vague 

"On ne privilégie pas forcément son artiste local, celui que la salle accompagne", indique Thierry Houal, programmateur de L'Hydrophone à Lorient.  "L’idée c'est un panorama depuis la tête d’affiche comme Lorenzo, jusqu’aux groupes peu connus. On intègre des petits nouveaux et des gens plus installés. L’actu des groupes compte aussi. Lorenzo a sorti son album, Victor Solf (ex-Her) c'est pour bientôt".

Même sentiment chez Yanick Martin, programmateur de La Carène à Brest.

"On nous demande souvent : qu’est-ce que vous avez comme nouveautés en Bretagne? C'est vraiment un outil cette compile. Une carte de visite".

Thierry Houal a plébiscité Robin Poligné alias Rouge Gorge. Le Rennais originaire de Vitré devrait partager l'affiche à L'Hydrophone avec Bertrand Belin, en octobre si tout va bien.

L'artiste s'est fait remarqué lors des dernières Trans Musicales de Rennes en première partie d'Etienne Daho. Il sortait simultanément son second album "René".

"En ce moment c’est calme plat, confie Robin. Je ne me suis pas trop formalisé là-dessus mais mon tourneur a dû passer 2 mois à annuler tout ce qu’il avait passé six mois à organiser".

Les dates s'étaient additionnées après le passage aux Trans. Le concert de Daho était incontournable pour beaucoup de journalistes, "ça m'a permis de faire écouter ma musique à pas mal d'oreilles avisées. Ensuite, Eric qui s'ocupe de la promo a pu contacter beaucoup de gens qui avaient vu le concert".

"Je devais faire Villette Sonique, poursuit Robin, je devais aussi aller jouer au festival de l’Eglise Sainte Eustache à Paris. Flatteur de se retrouver là où a joué Patty Smith par exemple. Les nuits sonores à Lyon aussi. J’ai espéré un temps que ce serait décalé".

Rien de comparable en terme de mise en lumière, mais cette compilation fait du bien quand-même.

a symbolise une forme de solidarité entre les structures d’un territoire et les artistes, analyse Robin. On est interdépendants. Je viens d’un milieu underground, c'est très précieux ce genre de compile pour être diffusé à d’autres endroits."

Quelques dates pour l’été se profilent, mais chut, pas encore de programme officiel.

"On va essayer de regrouper 5-6 dates entre Rennes et Bordeaux pour monter une petite « tournée ». Toutes les 2 semaines y’a des nouvelles mesures gouvernementales, donc je me garde la possibilité d’accepter des dates au débotté. On se serre les coudes avec tous les autres métiers du spectacle".

 

Une recommandation avec passion

 

Le fait que ce soit les programmateurs qui élaborent cette compile et qui la diffusent aussi partout où ils se déplacent en France comme à l'étranger, ça apporte quelque chose de plus que la promo des agents ou des maisons de disque.

"On est vraiment sur l’artistique. Je parle de ce que j’ai programmé chez moi et sans calcul économique", dit Thierry Houal. "On ne défend pas une entreprise. C'est complémentaire".

 

Compilation "Fleuves"

 

Le groupe brestois "Fleuves" a sa place dans cette playlist. "Trio atypique Clarinette, Piano Fender Rhodes et Basse" indique la fiche sur le site GO OUEST.

"A la base on a commencé par le fest noz", précise Romain Dubois, membre de Fleuves. "On a un répertoire inspiré musique trad".

Invités aussi parfois par des festivals jazz, "là on se retrouve sur une compile "musiques actuelles", ça fait plaisir. Ca correspond à notre chemin en ce moment. C'est la preuve qu’on peut passer d’un milieu à un autre"

 

Fleuves à côté de Lorenzo ?

 

"Ca fait partie de l’intérêt. Les gens ont toujours les oreilles plus ouvertes que ce qu’on imagine".

Pas de Bout du Monde évidemment.

Pour Fleuves aussi le temps est aux annulations.

"Pas de Bout du Monde évidemment, déplore Romain. On a une trentaine de dates annulées jusqu’à septembre, une tournée en Belgique, dans le sud de la France également. On reste ds l’expectative. On a repris la création".

Fleuves reconnaît sa "chance" d'avoir un tourneur éligible aux mesures d'aides de l'Etat, "même si ça ne couvre pas toutes les dates, c'est mieux que les artistes qui n'ont pas de structure pour assumer le chômage partiel".

Yannick Martin constate, impuisant que GO OUEST sort dans un drôle de contexte.

Il a par exemple une pensée pour La Battue, normalement programmé aux Jeunes Charrues et aux Inouïs du Printemps de Bourges cette année.

"Ils ont joué en ouverture de la saison de la Carène en septembre dernier. Le groupe est freiné dans son essort, dit-il, mais ça va repartir".

 

Le monde d'après

 

"Le réseau de la danse bretonne est vivant, multiple et on espère assez résilient à tout ça", analyse Romain de Fleuves. 

L'avenir appartient peut-être aux petites organisations avec des bénévoles et pas de frais gigantesques.

"On a jamais rêvé de faire des tournées mondiales, poursuit Romain. Notre vision : jouer pour ceux qui nous entourent. On fait souvent la comparaison avec les AMAP, manger pour faire vire les agriculteurs du coin. Des questions qu’on se posait depuis toujours sont d’actualité."

Pour Thierry Houal, "le spectacle vivant c'est d'abord la salle et la transe que ça peut provoquer parfois".

Alors la programmation d'automne est prête et "on a bien chargé le calendrier".

Evidemment ce ne sera pas possible d'ouvrir tant que la jauge autorisée reste à 60 places et si ça passe à mi-jauge "on devra faire des petites formes ou des groupes émergeants. Intéresant mais difficile économiquement. On travaille sur un plan B".

 

Garder le contact

 

En attendant L'Hydrophone innove pour garder le contact avec le public.

Un concert (Teenage Bed), sans public donc, vient tout juste d'être enregistré dans la base des sous marins et "c'est en cours de montage", précise Thierry. "Ça devait avoir lieu dans la salle le 18 juin, ce sera sur Facebook et sur notre site internet". 

A la Carène, Yannick Martin travaille sur la saison 20-21, mais ne signe pas de contrats pour le moment.

"Un contrat spécifie une date et une jauge normalement. Imposible aujourd'hui, mais on avance, on met des options, des accords tacites".

Il faut bien se préparer, mais l'impression des affiches et l'annonce des dates attendront septembre.

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