Associations écologistes, habitants de la commune et élus ont manifesté ce matin devant la mairie de Liffré contre l'installation d'une usine de production de viennoiseries surgelées. Ils dénoncent un pillage des ressources en eau et l'artificialisation des sols
A Liffré, les manifestations contre l'usine Bridor se suivent et se ressemblent. Début juin déjà, les opposants s'étaient rassemblés durant tout un week-end.
Aujourd'hui ils marchent à nouveau contre l'implantation de l'usine de 21 hectares dans la zone de Sévaille 2.
Nouvel élément dans le dossier, la validation du projet par le préfet le 1er juillet dernier.
"Un projet d'un autre âge après la sécheresse de cet été"
"Incompréhensible", "aberrant", "déconnecté du réel", "d'un autre temps", les qualificatifs ne manquent pas dans la bouche des opposants (associations, élus, habitants) pour qualifier ce projet d'usine de viennoiseries surgelées destinées à l'export.
180 000 mètres cubes d'eau par an devraient être nécessaires pour la production et 21 hectares de terres seront artificialisées pour construire l'usine. Des chiffres qui ne passent pas pour les manifestants.
Ca me paraît de plus en plus aberrant de consacrer autant d'eau à une usine et à un modèle de développement vieux et arriéré par rapport à l'actualité et au modèle qu'on nous demande de suivre.
Simoné, agriculteur bio sur une commune voisine
"C'est un projet d'un autre âge. Aujourd'hui la priorité écologique c'est l'accès à l'eau et à la nourriture de proximité, pas exporter à l'autre bout du monde des brioches surgelées pour enrichir toujours les mêmes" s'insurge Solène dans le cortège.
L'emploi local comme argument d'implantation
En face, le maire de Liffré Guillaume Bégué, défend le projet d'implantation. "500 emplois dans la zone seront à pouvoir" explique t-il. "C'est 10% d'emplois complémentaires aux 5000 déjà existants. Or on sait que ceux qui ont le plus de mal à trouver un emploi, c'est à cause de la mobilité. Donc là on ramène de l'emploi auprès des habitants."
Pour le maire, la zone de Sevaille 2 est celle sur laquelle l'impact de l'installation de l'usine sera le moins important. Guillaume Bégué reconnaît que l'entreprise sera grosse consommatrice d'eau mais qu'elle a déjà réduit sa consommation sur l'usine de Servon, passant de 50 000 mètres cubes à 30 000.
Le Duff, un groupe breton d'envergure internationale
Le groupe Le Duff, maison mère de Bridor, est un des leaders mondiaux de la boulangerie et de la restauration. Il emploie plus de 35.000 personnes, pour un chiffre d'affaires 2019 de 2,05 milliards d'euros. Il a annoncé en 2019 un investissement de 250 millions d'euros pour construire à Liffré cette usine de produits de boulangerie traditionnelle et de viennoiserie pâtisserie, promettant "500 emplois non délocalisables".
Il avait alors reçu le soutien du président de la région Bretagne et ancien maire de Liffré de 2008 à 2017 qui s'était réjouit que le groupe Le Duff ait choisi la Bretagne pour son projet, plutôt que les sites de Lyon ou Düsseldorf, alors envisagés.
L'usine de Liffré viendra donc compléter celles de Servon (Ille-et-Vilaine) et de Louverné (Mayenne). Les habitants et les associations écologistes ne s'avouent pas vaincues. Un recours contre le permis de construire est en cours et un autre contre l'autorisation environnementale sera initié en novembre.