Après avoir reconquis les plages, les amateurs de natation s'apprêtent à retourner dans les bassins à partir du 2 juin. Une natation "post-covid" à laquelle travaille depuis dix jours l'équipe d'une piscine intercommunale, près de Rennes, ravie du feu vert donné ce jeudi par Edouard Philippe.
« Je suis très très très content qu'on puisse rouvrir à partir du 2 juin », se réjouit Stéphane Chatenet, directeur de la piscine "La Conterie", à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine).
L'établissement, qui couvre un bassin de vie de plus de 70.000 habitants réalise d’ordinaire 265.000 entrées par an. Il avait fermé un peu avant les autres en raison de la découverte d'un foyer épidémique dans la commune voisine de Bruz.
« Il y a beaucoup de gens à qui nager apporte un bien-être physique et psychologique. C'est un sport très complet et qui détend », souligne le directeur.
Dotée d'un bassin sportif de 25 mètres et d'un bassin ludique, la piscine de Chartres de Bretagne avait été l'une des premières en France à se porter candidate, avec une trentaine d'autres, pour une phase test de réouverture qui n'aura finalement pas lieu.
"Comme une séance de cinéma"
« Cela nous tenait à cœur de rouvrir ». On sent le frémissement du nageur frustré. « Ici, on accueille toutes les générations, de 6 mois à 94 ans, l'âge de notre doyenne Marie-Jo », confie Stéphane Chatenet, lui-même ancien maître-nageur.
Conformément au guide de recommandations du ministère des Sports, "La Conterie" de l'après Covid-19 est dorénavant praticable sur réservation d'un créneau horaire d'1h30 via son site internet. « Comme une séance de cinéma », rassure son directeur.
Chaque baigneur reçoit en entrant un bracelet de couleur, correspondant à son créneau horaire.
Un bracelet couleur pour chaque créneau horaire
Distanciation oblige, chaque nageur doit bénéficier de 4 m2 de plan d'eau. En proportion de la surface de piscine, la jauge sera maintenant réduite à 140 personnes maximum, contre 567 avant l'épidémie.
« Chaque personne se désinfectera les mains en arrivant puis se verra attribuer une cabine à laquelle correspondront des casiers pour limiter le brassage dans les vestiaires », explique Olivier Gendron. Le maître-nageur prépare les lettres qui seront collées sur les casiers pendant que des agents techniques s’affairent au montage de trois distributeurs de gel hydroalcoolique "avec commande à pied".
Une hygiène renforcée et distance entre chaque nageur
« On va renforcer par précaution le chlore à 0,8 mg/L sur une échelle qui va de 0,4 à 1,4 mg/L, mais les virus et bactéries ne résistent de toute façon pas à l'eau chlorée », rappelle Stéphane Chatenet, qui va également mettre en place un "sens de circulation" autour des bassins.
La piscine post-covid est surveillée par des maîtres-nageurs masqués. Elle n'offre plus ni pataugeoire ni jaccuzi. Elle sonne aussi le glas des frites de piscine qu’on plaçait sous les bras pour apprendre à nager. Sur les bords du bassin, plus de transat mais juste des zones de repos sur les bancs, séparées par des rubans orange.
Dans le bassin sportif, les lignes de nage changent de couleur tous les 2 mètres pour rappeler la distance à conserver entre chaque nageur.
Des changements notables dans l’organisation
À l'entrée, le banc pour se déchausser a été supprimé. Une douche sur deux fonctionne et en sortie, on n’a plus de sèche-cheveux. Dans l'enceinte de la piscine, des marquages au sol signalent les distances à respecter dans la file d'attente qui mène au grand toboggan.
Deux interruptions quotidiennes pour désinfection sont également prévues : « Les piscines sont déjà des lieux plus que très propres et vont être encore plus propres », assure le directeur. Il ne lui manque plus que les barrières mobiles à positionner devant l'entrée pour pouvoir rouvrir.
1 million d'euros de perte pour l'équipement sportif intercommunal
Pour Philippe Bonnin, maire de Chartres-de-Bretagne et président du syndicat intercommunal, l'objectif c'est aussi de continuer à apprendre aux enfants à nager, avec des créneaux réservés à l'apprentissage le matin.
« Nous avons une population très jeune. C'est bien de pouvoir avancer sur la réouverture des piscines, d'autant que d'autres sports sont encore limités » souligne le maire. Avec le confinement et les contraintes qui suivent, il s'attend à une perte d'au moins un million d'euros pour cette piscine cette année.
Reste un point d'interrogation : comment organiser la rentrée de septembre dans cette piscine qui accueille habituellement les élèves de 59 écoles et six collèges ?