Le second tour de l'élection présidentielle 2017, qui a été favorable à Emmanuel Macron, a été marqué par une forte abstention et un record de votes blancs et nuls. Cette tendance se retrouve également en Bretagne. Explication avec le politologue Thomas Frinault.
Un électeur français sur quatre n'est pas allé voter dimanche 7 mai lors du second tour de l'élection présidentielle. En Bretagne, l'abstention est moindre (20,3%) mais reste élevée. Comme l'expliquer ?Thomas Frinault : "Ce qu'on voit, c'est ce qu'on avait un peu deviné finalement dans la consultation des Insoumis. Il y avait une ventilation équilibrée entre ceux qui allaient voter Macron, voter blanc ou ceux qui allaient rester chez eux, s'abstenir et ne pas choisir. On savait aussi que ce n'était pas forcément représentatif de l'électorat mélenchoniste. On voit que cette stratégie n'a pas fonctionné à 100% mais on voit qu'elle a quand même fonctionné. C'est ça qui est nouveau finalement dans ce scrutin. Depuis quelques années, la droite était tiraillée par le "ni-ni". Et on voit que ça apparaît à gauche. La question du front républicain commence aussi à s'étioler, à s'affaiblir y compris à gauche".
Cette forte abstention, est-ce quelque chose d'inédit ?
"Non. On a déjà vu ça sous la Vème République. On l'avait déjà vécue en 1969. Il y avait eu un recul de la participation de plus de 8 points. Là, en 2017, il est de 4 points. Donc le recul est moins important".
Plus de 11% des votants ont opté pour un bulletin blanc ou nul lors du second tour de l'élection présidentielle. C'est un record historique...
"Sur le vote blanc et le vote nul, on est sur quelque chose d'inédit. On atteint 12%. En Bretagne, on a à peu près les mêmes chiffres qu'au niveau national et là on est sur des scores qu'on n'a jamais vus jusqu'ici".
Qu'est ce que cela signifie ?
"Par comparaison, on était entre 5,5% et 6% si on prend 2012 ou 2002, où il y avait Jean-Marie Le Pen. Donc on a fait plus que doubler en fait au second tour le nombre de vote blanc ou nul. Cela montre un refus clair de voter pour les deux candidats, Marine Le Pen et Emmanuel Macron".
En prenant en compte l'abstention, les votes blancs et nuls, Emmanuel Macron a été élu par seulement 43,9% des électeurs inscrits.