Qui sont les gagnants et les perdants du commerce en France après deux ans de crise sanitaire ?

Commerce de bouche grand gagnant, secteur de l'habillement grand perdant... Le littoral ouest en poupe contre un Paris dépeuplé... Le point sur le nouveau visage du commerce en France.

La crise sanitaire a bouleversé nos modes de vie, nos habitudes de consommation et ainsi, le commerce de détail, qui emploie 224 445 travailleurs en Bretagne. 

Parmi ceux qui tirent leur épingle du jeu, on retrouve la grande distribution alimentaire, le commerce de bouche et l'équipement de la maison.

Boom du commerce de bouche 

Entre les restaurants et les cantines fermés et le télétravail, au temps du Covid-19, les Français ont davantage mangé chez eux. Cela a profité tant aux supermarchés  qu'aux épiceries de quartier.

La preuve, selon la Chambre de commerce et d'Industrie (CCI), les seuls types de commerces qui ont vu leur nombre progresser entre 2018 et 2021 en Ile-de-France sont l'alimentation et la restauration rapide. Le nombre d'épiceries fines ou charcuteries traiteurs a augmenté de 57%,  les supérettes de 25%, les fromageries et crémeries de 15% et les commerces bio de 13%. 

Sport, bricolage, high tech : les Français équipent leur maison 

Depuis le début de la crise sanitaire, les Français ont beaucoup investi dans le textile sportif, le bricolage, le jardinage et la bureautique. Début 2022, la Fédération des magasins de bricolage et de l'aménagement de la maison annonçait des ventes 2021 en progression de 11,61% par rapport à 2020, pourtant déjà dynamique.

Le secteur de l'habillement en chute libre 

Confinements, télétravail massif, report d'événements festifs... Le prêt-à-porter n'a plus la cote. Les ventes en France ont baissé de 16% par rapport à 2019, selon un recensement de l'Alliance du commerce (grands magasins, habillement, chaussure), qui co-réalise un panel d'une quarantaine d'enseignes représentatives du marché de l'habillement avec Retail Int.

Selon Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, fédération qui représente environ 60 000 points de vente, "dans les grands pôles de commerce, les grandes rues marchandes des grandes villes ou encore les gares, les baisses de trafic atteignent 20% à 30% par rapport à 2019."  

A noter... Ce secteur est l'un des plus exposés à la concurrence des ventes en ligne, et doit composer avec l'essor de la seconde main. En Bretagne, le nombre de friperies a cru de 6,6% entre 2018 et 2021, pendant que les boutiques de prêt-à-porter étaient 6,8% moins nombreuses. 

Cette tendance va-t-elle durer ? Pas forcément, selon Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, qui assure avoir observé une meilleure fréquentation en magasins mi-2021, quand les inquiétudes sur l'épidémie étaient moins vives. 

Une nouvelle carte de France : le littoral sourit, Paris moins 

La carte du commerce en France a été re-dessinée par la pandémie. En effet, le télétravail a eu des conséquences pour les commerces situés dans les gares, aéroports, et à proximité des quartiers d'affaires.

Le recours au télétravail sera sans doute moins important à l'avenir mais "rien qu'un jour de télétravail sur 5 jours de semaine, c'est 20% du trafic, un pourcentage très élevé" pour les commerces qui le perdent, affirme Emmanuel Le Roch.

Si nombreux sont ceux qui viennent télé-travailler en Bretagne, les personnes qui se rapprochent de la retraite, elles aussi, migrent vers l'ouest de la France : "l'arc Atlantique est très attractif, c'est quelque chose qui s'est accéléré", précise le spécialiste.

Enfin, ultime perdantes de cette crise sanitaire : les villes qui avaient des commerces tournés vers le tourisme ont davantage souffert. 

Compenser avec la vente en ligne ? 

Dès avril 2020, pour pallier autant que possible les nombreuses difficultés de la crise sanitaire, les commerçants ont mis en place des alternatives à leur logistique commerciale, principalement en développant la vente en ligne.

Une initiative qu'ont pris 47 % des commerçants travaillant dans l'alimentaire et 33% de ceux travaillant dans le non-alimentaire, selon une étude de l'Insee et de la Dares publiée en juin 2021. Beaucoup ont également organisé de nouveaux systèmes de livraison.

Tout semble alors pointer vers l'apologie de l'"omnicanalité", c'est-à-dire une bonne articulation entre ventes en ligne et en magasins. Mais pour s'adapter, "le besoin d'investissement est très fort", plaident les professionnels depuis des mois et notamment à l'occasion des Assises du commerce organisées par le gouvernement fin 2021, avec pour mission de "définir une politique commerciale pour la France au XXIe siècle". Les décisions des pouvoirs publics sur d'éventuelles aides à l'investissement ou baisses d'impôts sont attendues en ce début février.

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