Des algues vertes au menu des animaux d’élevage car elles stimulent leur immunité. C’est l'idée d’un groupe agro-alimentaire breton pour recycler ces algues envahissantes. Une bonne solution pour dépolluer les plages... mais attention à l'environnement.
Depuis 50 ans, les algues vertes envahissent les côtes bretonnes.A qui la faute ? Principalement aux fuites excessives de produits et engrais issus de l’agriculture et des élevages intensifs bretons (porcs, poulets et bovins) : des nitrates, et du phosphore, qui polluent les eaux souterraines, les rivières et donc la mer.Sur la plupart des plages, les marées vertes sont régulièrement évacuées par des tractopelles.
Il faut éviter au plus vite qu’elles ne pourrissent et génèrent des gaz toxiques. Au bout de 48 heures, elles dégagent du sulfure d'hydrogène. Malodorant, ce gaz est très toxique. À l'été 2011, 36 sangliers avaient été retrouvés morts dans l'estuaire du Gouessant, près de Saint-Brieuc. S'en débarrasser est un enjeu majeur. Depuis quelques années, une étrange machine sillonne certaines plages du Finistère ou des côtes d’Armor.
Elle récolte les algues fraîches, dans la mer, le long du littoral, avant de les livrer à l’usine d’Olmix, à Bréhan dans le Morbihan.
Ce groupe agro-alimentaire a décidé d’utiliser les vertus de ces plantes marines.
Les algues sont pressées et leur jus passé au crible.
Un mécanisme mis en évidence par des chercheurs de l’Inra. Les scientifiques ont démontré, in vitro, qu’un composé d’algues vertes, inhibe la croissance de bactéries pathogènes et stimule l’immunité des animaux d’élevage.
Olmix fabrique des additifs alimentaires à base d’algues vertes depuis 2012.
Selon Gilles Huet, le directeur de l’Association « Eaux et Rivières » :
Suite à cet avertissement, le Parc marin d’Iroise et de nombreuses communes du littoral ont refusé le passage d’Olmix sur leurs plages.cette machine de collecte prélève en même temps, des juvéniles de poissons et certaines espèces de coquillages.
Nicolas Loncle, responsable de l’association Natura 2000 de Guissemy dans le Finistère, s’avère plus modéré :
Mais alors, quelle est la solution idéale pour venir à bout des marées vertes ?les engins qui récoltent les algues vertes sur les plages engendrent eux aussi des dégâts sur la faune. Il suffit de limiter le passage de la machine à des zones restreintes pour limiter l’impact écologique.
Selon Stéphanie Pédron, directrice du CEVA, le centre d’étude et de valorisation des algues
« Depuis 2010 », explique-t-elle, « suite au plan gouvernemental de lutte contre les algues, les agriculteurs utilisent moins de nitrates ».Il faut réduire au maximum le volume de produits et engrais organiques non naturels.
Selon Arnaud Clugery, délégué général de l’association « eaux et rivières de Bretagne », les agriculteurs commencent aussi à développer des cultures spécifiques qui piègent les nitrates en hiver, et des usines de traitement des lisiers .
Le bilan du CEVA: « Les marées vertes sont parfois moins étendues, selon les sites, et selon les années, car les algues prolifèrent aussi en fonction du débit des rivières et de l’ensoleillement, de la température de l’eau. »
Les agriculteurs sont donc vivement invités à poursuivre leurs efforts. Car sur un tiers du littoral breton, le seuil de qualité biologique de l’eau fixé par l’Union européenne n’est pas respecté.