Près de 800 dauphins ont été retrouvés sur les côtes atlantiques entre janvier et mars. Les animaux présentent des traces de blessures de pêche. Ce phénomène inquiète par son ampleur.
En février et en mars derniers, près de 800 dauphins se sont échoués sur les côtes atlantiques. "Alors que nous ne sommes qu'en mars, on arrive déjà à la moitié de ce qui s'échoue normalement en un an", constate amèrement Sami Hassani, coordinateur du réseau échouage à Océanopolis, à Brest.
Ces carcasses ont été ramenées sur les côtes par les tempêtes de ces derniers mois, "mais les vents n'en sont pas la cause. Les dauphins présentent des traces de blessure par la pêche accidentelle", constate M. Hassani. "Et en comptant tous les dauphins qui ne reviennent pas sur la côte", c'est-à-dire ceux qui se décomposent dans l'eau, "la mortalité atteint même 3 500 animaux".
Constat alarmant
À Océanopolis, les spécialistes prennent la mesure du problème. "Si l'on ajoute ce phénomène à la mortalité due à la pollution des eaux, causant des problèmes de fertilité, ainsi qu'à la mortalité naturelle, ça sera inquiétant pour l'espèce", alarme Sami Hassani.Le scientifique participe à ASCOBANS, un programme sous l'égide des Nations unies et qui vise à la préservation des cétacés. En décembre 2016, "les États membres du traité de l'ONU ont adopté treize résolutions". Ces dispositions concernent l'activité humaine, responsable de la mort d'un grand nombre d'animaux. On y trouve par exemple des résolutions visant à mieux respecter le milieu marin lors de la construction de parcs éoliens, des demandes d'études sur les polychlorobiphényles qui contaminent les dauphins. Une résolution a également été votée sur la capture, "avec comme objectif de réduire la mortalité au plus bas".
Des solutions existent ?
Une réglementation européenne de 2004 oblige de mettre en place des répulsifs acoustiques, particulièrement efficaces : "Les résultats montrent une diminution des captures de l’ordre de 70 % sur le nombre de dauphins communs" note l'Ifremer. Cependant, seuls "les armateurs de fileyeurs de plus de 12 mètres sont tenus d’équiper leurs filets" de ces dispositifs. Les chaluts pélagiques ne sont donc pas concernés.Pour d'autres espèces, les filets ont été adaptés : "Par exemple, les tortues échappent à certains filets grâce à des grilles. Il faut rendre les engins plus sélectifs". Cependant, de tels dispositifs sont encore inexistants pour les dauphins.