Isabelle Le Callennec, tête de liste LR aux Régionales, lancera officiellement sa campagne dans le Finistère samedi 20 mars sur le phare de l'Ile Vierge. Avant cela, elle s’est rendue en Alsace pour y puiser des idées sur le volet institutionnel et sur la politique linguistique. ENTRETIEN
Isabelle Le Callennec, quel était le sens de votre déplacement en Alsace ce mardi 16 mars?
Depuis le premier janvier, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ont fusionné pour créer une nouvelle entité : la Collectivité européenne d’Alsace. Cette dernière reste intégrée dans la région Grand Est, dispose des compétences des départements mais elle a aussi capté des compétences particulières, notamment en matière de coopération transfrontalière, de bilinguisme, de transports et d'organismes professionnels. Là-bas, il y a un dynamisme et des initiatives inspirantes. Avec mon collègue député Marc Le Fur [conseiller régional de droite, NDLR] (Côtes d'Armor) et le maire de Plufur (Côtes d'Armor), Hervé Guélou [conseiller régional de droite, NDLR], nous avons souhaité observé le modèle alsacien.
Visite instructive à la #CollectivitéEuropéenneAlsace @toutelalsace pour partager nos expériences respectives en matière de #bilinguisme, de culture régionale et d’organisation territoriale avec @marclefur, Hervé Guélou, @F_Bierry, Philippe Meyer #Alsace #CeA #Bretagne pic.twitter.com/ejtwYv7Wpf
— Isabelle Le Callennec (@ilecallennec) March 16, 2021
Sur le volet linguistique, en quoi la Bretagne peut s’inspirer de l’Alsace ?
D’abord, il faut rappeler que ce sont les Bretons qui ont aussi servi d’exemple. Le concept de l’immersion développé par Diwan a beaucoup inspiré dans l’Est, l’association ABCM (Association pour le Bilinguisme en Classe dès la Maternelle ) qui s’est crée dans les années 90.
Mais eux aussi, sont confrontés à des problèmes de recrutement d’enseignants. De l’autre côté du Rhin, ces derniers sont payés deux à trois plus cher. Alors pour limiter la concurrence, la collectivité a choisi d’octroyer une prime de 100 euros pour chaque enseignant et de prendre en charge des frais de déplacement si besoin. En Bretagne, cette aide pourrait être envisageable et budgetisée. Enfin, dans l’Est de la France, on peut aussi observer une collaboration étroite entre les collectivités et le Rectorat .
Ce n’est pas le cas dans notre région ?
Je note que les discussions sur la convention entre l'Etat et la Région pour les langues régionales sont au point mort. Elle ne sera pas renouvelée en avril, qui correspond à la fin de la mandature régionale. Le président de la Région Loïg Chesnais-Girard (PS) et le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer sont dans une sorte de bras de fer. La défense de la langue bretonne pâtit du calendrier électoral et c’est dommage.
En ce qui me concerne, je privilégie l’intérêt général. C’est pour cela que j’étais samedi dernier au rassemblement de Quimper et que je soutiens le projet de loi du député morbihannais Paul Molac relatif à la protection patrimoniale des langues régionales.
Deux départements alsaciens ont fusionné pour créer une collectivité unique. Vous souhaitez la même chose en Bretagne ?
La Bretagne a été pionnière dans l’organisation des territoires. Je rappelle que c’est dans notre région qu'a été crée en France la première communauté de communes. C’était en 1992 dans le Morbihan, sur le territoire de la Chapelle-Caro. Depuis, il n’y a pas eu grand-chose.
Une loi « Alsace » a permis la fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Alors pourquoi une loi « Bretagne » ne pourrait-elle pas permettre la fusion des départements bretons pour faire naître une nouvelle collectivité. Je pense qu’une Assemblée unique de Bretagne peut voir le jour d’ici six ans.
Vous êtes toujours conseillère départementale. Mais pour vous, les départements n’ont plus d’avenir ?
Ils sont toujours utiles. Mais aujourd’hui, la priorité c’est plus d’efficacité, plus de transparence. Il y a une superposition de strates qui ne sont plus lisibles et qui coûtent chers. Moi je n’arrive toujours pas à savoir comment aujourd’hui le département d’Ille-et-Vilaine et la Région Bretagne coopèrent.
Je pense que la compétence sociale jusqu’ici dévolue au département peut être transférée désormais aux communautés de communes, aux agglomérations ou aux Métropoles.
Donc pour vous, les candidats aux élections départementales doivent avoir à l’esprit que cela pourrait être l’ultime élection ?
Oui. Il faut le dire, mais aussi rappeler que pendant six ans ils seront encore utiles.
Et la Réunification, c’est un horizon lointain ?
Là encore, arrêtons les discours. Surtout quand les élus sont aux responsabilités. Jean-Yves Le Drian, ministre depuis des années, a laissé passer des occasions.
Ce n’est pas la peine de demander la permission aux élus ligériens de laisser la Loire-Atlantique retrouver la Bretagne. Nous l’obtiendrons jamais. La Réunification passera uniquement par la loi. Il faut donc travailler là-dessus.