Fermées pendant le confinement comme les autres lieux accueillant du public, les ressourceries reprennent petit-à-petit leur activité en mettant en place les nouvelles règles sanitaires. Un retour très attendu par certains acheteurs qui y trouvent une alternative au "consommer toujours plus".
L’attente était grande, mercredi 27 mai au matin, aux portes de la ressourcerie Treuzkemm à Quimper. Fermée mi-mars au début du confinement, la structure associative a pris le temps de bien s’organiser pour rouvrir et dès la première journée, plus d'une soixantaine de personnes ont circulé entre les meubles, les objets divers et les vêtements, tous de seconde main.
"Il y a un réel engouement pour cette reprise", explique Lucie Brahushi, valoriste à Treuzkemm. "Depuis plusieurs jours, les gens appelaient pour savoir quand on allait rouvrir. Cela nous conforte dans nos valeurs et dans notre vocation de départ, le réemploi de choses qui sont toujours en bon état".
Circulation fluidifiée entre les zones de vente, gel hydro-alcoolique et masques : les mesures ont été prises pour permettre cette reprise. Et tout objet déposé est d’abord laissé 72h dans une zone dédiée, sans que personne n’y touche, avant d’être trié par l’équipe. Le fonctionnement de la ressourcerie reste en effet basé sur les dons d'objets, vêtements, jouets, etc. pour leur donner une deuxième vie au lieu de les tranformer en déchets.
La santé des équipes et des clients d’abord
Dans le pays bigouden, à Plozévet, la réouverture attendra la première semaine de juin. La clientèle étant notamment composée de personnes retraitées, l’équipe de Cap Solidarité a voulu tout mettre en œuvre pour garantir les meilleures conditions sanitaires.Malgré la taille de l’imposant entrepôt où se déroule la vente, seules 40 à 50 personnes pourront accéder aux lieux en même temps, deux fois moins que les normes en vigueur dans les autres commerces. Les passages ont aussi été élargis et comme à Quimper, les objets collectés sont d’abord laissés à l’écart pendant 48h avant d’être triés puis mis en rayon.
Ne pas saturer les filières de collecte
En Bretagne, le paysage est contrasté après cette période de confinement. "Chaque structure, il y en a plus de 50 en Bretagne, décide comment et quand elle rouvre, résume Amandine Bonneau, qui observe et accompagne ce secteur d’activité pour la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress Bretagne). Du côté des structures spécialisées dans le textile, la situation est plus compliquée parce que la partie export est complètement bloquée, ce qui expliques les bennes de collecte fermées en Bretagne. Les structures généralistes comme les recycleries ont pour beaucoup d’abord eu du mal à avoir accès au matériel de protection, masques, solution hydro-alcoolique. Certaines ont élargi leurs plages de dépôt pour faire face à l’engouement pour le réemploi tout en respectant les mesures sanitaires."
Il faut surtout que les gens qui ont tous eu du temps pour ranger leurs maisons et trier s’interrogent bien sur l’état et la qualité de leurs objets avant de les déposer, pour éviter d’engorger et de faire perdre inutilement du temps aux personnes qui trient
Amandine Bonneau, chambre régionale de l’économie sociale et solidaire
Le confinement, du temps pour penser
Malgré la perte de chiffre d’affaire et la rupture du lien social, le confinement à eu ses bons côtés. Chez Treuzkemm par exemple « la période a été salutaire, selon Aube Scoma, la directrice. Ce temps nous a permis de prendre soin de nous, des bénévoles. Et nous avons décidé de continuer, en fermant le dépôt à la vente tous les mardis pour prendre le temps de réaménager le magasin, de réfléchir ensemble. »Et l’engouement à la reprise met également du baume au cœur de ces acteurs du réemploi qui espèrent voir affluer de nouveaux visiteurs qui auront profité de ce temps de cerveau disponible pour remettre en cause le dogme du tout-jetable de la société de consommation.