Pas moins de trois médiateurs vont s'atteler au dossier enlisé depuis des années de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), un projet controversé et auquel était opposé Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire.
Les trois médiateurs, dont les noms n'ont pas été révélés en attendant leur nomination, auront six mois pour mener leurs travaux.
Ce dossier polémique a empoisonné le quinquennat du président François Hollande et divisé le gouvernement, opposant notamment la ministre de l'Environnement Ségolène Royal et le Premier ministre Manuel Valls, favorable au projet.
Les médiateurs doivent être reçus jeudi à 18h30 à Matignon par le Premier ministre Edouard Philippe, Nicolas Hulot et la ministre des Transports Elisabeth Borne, afin de lancer la médiation.
Ces trois médiateurs seront chargés "d'envisager les solutions permettant de répondre aux impératifs d'aménagement, dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de l'ordre public", a indiqué Matignon dans un communiqué. Ils devront examiner les enjeux au regard des dernières données économiques (prévisions de trafic, coûts, empreinte carbone, etc.).
"Nous allons remettre les choses à plat", a assuré Nicolas Hulot il y a quelques jours. Le ministre, qui a aussi la main sur les transports, s'est dit "intimement convaincu qu'il y a de possibles alternatives à Notre-Dame-des-Landes qui peuvent nous permettre, à tous, de sortir par le haut". Selon lui, la médiation "en fera la démonstration".
Le rapport des médiateurs doit permettre au gouvernement de prendre une décision "claire" et "assumée", selon les termes d'Edouard Philippe, qui juge "urgent de faire baisser la tension" sur ce projet polémique lancé au début des années 70. Il prévoit le transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique, au sud de l'agglomération, vers Notre-Dame-des-Landes, à 20 km au nord de la ville.
Crainte d''enliser le dossier'
Les partisans du nouvel aéroport l'estiment nécessaire au développement économique de la région. Pour ses opposants, dont une partie est installée sur place, une modernisation de l'aéroport actuel suffirait pour absorber l'augmentation du trafic, dont l'ampleur fait débat.Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait souhaité "une dernière fois, regarder les choses" en termes "économiques, environnementaux, d'empreinte carbone, de capacité à développer" et avait dit vouloir nommer un médiateur et se donner six mois avant de décider.
Trois associations favorables à la nouvelle infrastructure se sont d'ores et déjà inquiétées de la médiation proposée et ont demandé à être reçues à Matignon.
Dans une lettre envoyée à Edouard Philippe fin mai, Des ailes pour l'Ouest, l'Association contre le survol de l'agglomération nantaise (Acsan) et le Collectif citoyen engagé pour le transfert de l'aéroport (Coceta) se disent "prêts à (s')associer à une médiation qui viserait à apaiser la tension sur place", mais pas à une étude des alternatives à Notre-Dame-des-Landes qui serait, elle, "inacceptable".
Une médiation qui viserait à les étudier "serait inacceptable pour les 500.000 personnes qui ont voté" lors de la consultation organisée en Loire-Atlantique le 26 juin 2016, avertissent-elles, dénonçant des alternatives "irréalistes" et qui "ont déjà été étudiées".
De son côté le président (LR) de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau, s'est dit "favorable" à une médiation à condition qu'elle ne serve pas à "enliser le dossier".
Le référendum départemental de juin 2016 a récolté 55% de oui, mais la consultation portait seulement sur "êtes vous pour ou contre Notre-Dame-des-Landes" et n'évoquait pas un agrandissement de l'actuel aéroport.
S'il avait refusé "d'écarter" le résultat de la consultation publique contestée de juin, le candidat Emmanuel Macron s'était aussi montré ouvert à la modernisation de l'actuel aéroport.
De nombreuses études, et même une "commission du dialogue" organisée début 2013, ont échoué ces dernières années à faire naître un consensus sur ce dossier.