Les demandes de masques réutilisables affluent et l'offre peine à répondre. Où et comment en obtenir, sont-ils sûrs et à quel prix ? Pour y voir plus clair, l'association française de normalisation (Afnor) a lancé une plateforme mettant en relation les confectionneurs et le grand public.
Les masques en tissu s'arrachent. Depuis le début de l'épidémie, de nombreuses mains s'activent pour en fabriquer, en priorité à destination des travailleurs. La demande grandit auprès du grand public, alors que le gouvernement envisage de rendre le port du masque obligatoire à la levée du confinement.
Alors comment s'en procurer quand on ne sait pas coudre ou qu'on ne dispose pas du matériel ?
L'association française de normalisation (Afnor) a créé une plateforme pour mettre en relation les demandeurs et des confectionneurs, proches de chez soi.
Rassembler les initiatives
L'intérêt ? Rassembler les initiatives individuelles, lancées un peu partout en France. Les citoyens intéréssés doivent s'inscrire, sélectionner leur département et contacter via la messagerie de la plateforme un confectionneur disponible.
Les couturiers professionnels ou amateurs s'engagent sur l'honneur à respecter le modèle de masques barrières aux normes Afnor, définies par un comité de 150 experts (professionnels de santé, fabricants de textile, organismes de contrôle). Ils recommandent notamment d'utiliser une double ou triple épaisseur et se penchent actuellement sur les tissus à utiliser. Bien sûr, ces masques alternatifs ne requièrent pas les exigences d'un masque chirurgical ou FFP2.
Quant à la distribution, elle reste à l'appréciation des confectionneurs : ils peuvent en faire don ou les vendre, à un prix n'excèdant pas dix euros.
Mercredi 22 avril, le site comptait plus de 2 000 offres pour plus de 50 000 demandes.
Des couturières volontaires aux entreprises textiles
La liste des contributeurs est non-exhaustive. Il est aussi possible de se tourner directement vers des associations comme Masques à rade, qui s'appuie sur ces normes Afnor.
Montée par des Brestois, l'association est pour l'instant présente sur les réseaux sociaux où les demandes pullulent.
Mary Gourhant, l'une de co-fondatrices et ancienne couturière, a déjà cousu et distribué plus de 1 500 masques aux entreprises et particuliers. Le tout gratuitement.
"Je me sentais privilégiée de savoir en coudre alors j'ai décidé d'aider les autres et j'y prends beaucoup de plaisir", sourit-elle. Ces masques vont toutefois être vendus pour que la somme récoltée soit reversée à une association en faveur des plus démunis.
La Brestoise estime par ailleurs qu'il est "normal" que les professionnels en tirent une rémunération. "C'est leur métier ! Il faut bien que les couturiers et couturières puissent en vivre et soient enfin valorisés."
Ils ont en effet repris du service notamment dans les entreprises du secteur textile. A l'arrêt à cause du confinement, elles sont nombreuses à avoir rouvert pour se consacrer à la production de masques en tissu.
Ils sont vendus pour six euros, à destination des particuliers. "Nous ne retirons aucun bénéfice. La somme récoltée vise à payer les couturières et la matière première. Le reste sera reversé à la Fondation de France", précise Erwan Créac'h, le directeur.
Les produits de la journée sont mis en vente sur le site à 17 h, et mieux vaut être à l'heure. Les 500 pièces produites s'envolent en cinq minutes.
Distribution dans les villes
Autre option : s'adresser aux mairies. Les grandes villes bretonnes ont notamment passé des commandes pour distribuer des masques à leurs habitants.
Quant aux plus petites communes, à plus petits moyens, plusieurs initiatives sont mises en place. À Lesneven (Finistère) par exemple, la municipalité a fait appel à ses habitants pour donner des tissus aux des couturières et couturiers locaux qui fabriquent bénévolement des masques, toujours "selon les modèles de l'Afnor ou suivant un patron du CHU de Grenoble", indique la maire Claudie Balcon, qui redistribue les masques aux particuliers, quatre fois par semaine. "J'attends désespérement de pouvoir commander des masques. Pour l'instant, on peut compter sur un grand et beau mouvement de solidarité."