Les nouveaux édiles attendaient avec impatience de prendre du service, tant pour soulager les sortants que pour reprendre la gestion de leur commune.
Le 28 mai, 86% des communes de France auront, enfin, leur nouveau maire aux commandes. Le gouvernement vient de donner son feu vert à l'installation des conseils municipaux élus au premier tour, en mars 2020. Et si, au début de la pandémie, les maires soutenaient globalement le report de ces conseils, ils commençaient tout de même à s'impatienter.
"On a envie de se mettre au travail"
"Je me réjouis que le gouvernement ait enfin décidé d'une date pour installer les nouveaux conseils municipaux. On va pouvoir se mettre au travail !", salue Francis Cammal. Le nouveau maire divers-centre élu au premier tour à Gien, face à son ancienne équipe municipale, a une pensée pour ses confrères. "Ce n'était absolument pas confortable pour les maires actuels qui avaient décidé de raccrocher ou qui avaient été battus. C'est compliqué de rempiler pour deux mois, et pour gérer cette crise sanitaire inédite."
"Je trouve ça très bien, je trouvais un peu incongru qu'on commence à rouvrir des commerces, et qu'on n'accepte pas que la démocratie aille jusqu'au bout, abonde Nicolas Sansu, maire PCF réélu à Vierzon. J'avais déjà prévenu un certain nombre de conseillers de la nouvelle majorité que l'on se réunirait le 27 mai. Il faut que l'on redonne un peu d'entrain à la vie municipale."
Même réaction à Châteauroux pour Gil Avérous, maire LR réélu en mars dernier. "Je fais partie de ceux qui plaidaient pour que ça se fasse vite. On a quand même de nouveaux élus dans nos équipes qui attendaient avec impatience cette installation. On a envie de se mettre au travail physiquement, et cette absence de possibilités était quand même pénalisante."
Un calendrier "bousculé"
Se mettre au travail oui, mais comment, après deux mois dans un pays mis à l'arrêt par la crise sanitaire du coronavirus ? Tout n'est pas faisable, déjà parce que certaines communes demeurent dans l'attente du second tour, mettant les projets collectifs à l'arrêt. "Pour relancer l'intercommunalité, il va falloir attendre quelques semaines, voire des mois, car il faut que tous les conseils municipaux soient au complet. D'autant que, près de la moitié d'entre elles n'ont pas voté leur budget. L'investissement est bloqué : dans la voirie, dans les transports, dans le bâtiment...", rappelle Gil Avérous.
A Châteauroux, même si le budget avait déjà été voté, il faut tout revoir. "Après deux mois, certains chantiers inscrits au budget ont pris trop de retard pour être finis à la fin de l'année, illustre le maire. On va essayer de reprogrammer des chantiers plus simples, pour ne pas perdre notre budget, et donner du travail aux entreprises locales."
A Gien, Francis Cammal le reconnaît sans peine : "notre programme est un peu bousculé, puisque la priorité aujourd'hui, c'est d'accompagner ceux qui ont souffert de cette crise inédite. Je pense notamment aux commerçants, artisans, entreprises..." Le maire souhaite, au plus vite, réunir les acteurs économiques pour s'entendre sur les aides à leur apporter.
Le maire PCF de Vierzon Nicolas Sansu, lui aussi, anticipe sur la crise économique à venir et même estime-t-il, la crise du budget des collectivités. "Ça va nous occuper un moment !, pressent l'élu. J'avais aussi demandé que mes élus fassent le tour de la ville, de tous les quartiers. Ce sera le plus gros chantier de "reprendre vie" avec les gens."
Suspendus au second tour
L'autre ombre au tableau, c'est la menace d'un second tour trop tardif. Chez Les Républicains, on plaide pour un second tour en juin, si les conditions sanitaires le permettent. "C'est le seul mois qui permet de n'organiser que le second tour. Sinon, il faut complètement annuler les élections, relancer une campagne électorale... Juin, c'est un deuxième tour où on finit ce qu'on a commencé en mars, on peut réunir nos intercommunalités. Moi, je n'y vois que des avantages", argumente Gil Avérous.
L'Association des Maires de France, co-présidée par le maire d'Issoudun André Laignel, lui aussi réélu, s'est elle positionnée pour un second tour en septembre.Le patron de LR Christian Jacob veut un 2d tour des municipales en juin "si les conditions sanitaires le permettent" tandis que son n°3 Aurélien Pradié plaide pour septembre car "on ne joue plus avec la crise sanitaire, même pour des raisons électorales" ?https://t.co/R995NuiyqB
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit) May 11, 2020
Le conseil scientifique devrait se prononcer sur la question le 23 mai. Si celui-ci refuse la tenue des élections fin juin, une nouvelle date devra être définie, en accord avec les parlementaires.