Départementales 2021 : santé, éoliennes, rocade... 5 choses à savoir sur le Cher qui font l'enjeu de l'élection

En tant que département rural, le Cher est concerné par de nombreux enjeux majeurs, comme la chute démographique, la désertification médicale, ou encore le réseau routier. Des sujets qui pourraient peser lourd dans les résultats des élections départementales de ces 20 et 27 juin.

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Les 20 et 27 juin, les électeurs du Cher sont appelés aux urnes pour élire leurs 38 conseillers départementaux, deux pour chaque canton, et décider de l'orientation politique générale du conseil départemental. Un conseil passé à droite en 2015, après deux mandats de gouvernance de gauche. Pour ces élections, le président Michel Autissier a décidé de ne pas se représenter. 

Petit portrait général : le Berry, c'est la zone la plus rurale du Centre-Val de Loire, marquée par sa distance de Paris, l'absence de LGV, et l'ombre que projettent Orléans et Tours. Le Cher est le plus grand département de la région, mais est avant-dernier en matière de population, devancé simplement par l'Indre. 

Enjeu n°1 : la démographie

Le Cher, c'est une densité de 42 habitants au km², soit plus de deux fois moins que la moyenne nationale. C'est le deuxième département le moins densément peuplé du Centre-Val de Loire, 17e en France métropolitaine. Des chiffres qui ne semblent pas s'améliorer : depuis 1990, la population du département diminue à chaque recensement de l'Insee, perdant près de 20 000 habitants en 30 ans. Au dernier comptage, le Cher est même passé sous la barre symbolique des 300 000 habitants, avec un total de 296 764 habitants pour 2021 (c'est 6 000 de moins qu'en 2018).

La seule ville de Bourges a perdu 13 000 habitants depuis 1975, et Vierzon 10 000 sur la même période. Aujourd'hui, Bourges reste malgré tout la première ville du Berry, avec une agglomération d'environ 80 000 habitants (soit plus d'un Chérien sur quatre).

Dans ce contexte, tous les candidats aux départementales souhaitent miser sur les services publics pour attirer du monde dans le Cher. Mais les services publics, ça peut coûter cher. Et quand le département n'a pas lui-même les compétences nécessaires, il peut lui être difficile de contester certaines fermetures. 

Exemple de cercle vicieux en cours dans le Cher : la baisse des habitants et donc, par extension, du nombre d'enfants scolarisés a poussé le conseil départemental de l'éducation national à fermer 17 classes dans le département à la rentrée 2021, pour seulement trois ouvertures. Une baisse de la densité scolaire qui ne devrait pas engager de nouveaux habitants à venir s'installer dans le département, comme le craint Hugo Lefelle, candidat d'union de la gauche dans le canton de Bourges-3 :

Comment attirer des habitants en disant : votre enfant fera une demi-heure de car le matin, une demi-heure l'après-midi ?

Hugo Lefelle lors du débat des départementales dans le Cher sur France 3 Centre-Val de Loire

D'autres services publics sont touchés dans le département, comme les bureaux de poste. Plusieurs d'entre eux devraient ainsi être remplacés par de simples points de services relais, comme aux Forges à Vierzon.

Enjeu n°2 : la désertification médicale

Ce n'est pas un service public à proprement parler, mais la médecine reste un service de proximité auquel tous les habitants ont le droit légal. Mais dans les faits, les choses ne sont pas si faciles, notamment sur l'accès aux soins. Ainsi, dans de nombreux départements éloignés des métropoles, la désertification médicale s'intensifie. Ce phénomène n'épargne pas -loin de là- le Cher. Avec 211 médecins pour 100 000 habitants, il est le 4e département le moins bien pourvu de France. Et dans la catégorie spécifique des médecins libéraux, il n'en reste plus que 220 dans le Cher, dont un tiers a plus de 60 ans.

Le sud du Berry, à l'ouest de Saint-Amand-Montrond, est particulièrement touché par la désertification médicale, plusieurs communes se situant ainsi à plus de 30 minutes de voiture des urgences

Pour à nouveau attirer des médecins sur le territoire, le conseil départemental a mis en place un arsenal de mesures, comme le soutien à l'implantation de maisons de santé pluridisciplinaires, la formation de médecins maîtres de stage pour des étudiants en médecine, ainsi que les aides aux logements. La région a, de son côté, entamé en fin d'année 2020 le recrutement de 150 médecins salariés (sept ont signé à l'heure actuelle). 

D'autres solutions pourraient voir le jour, comme l'encouragement de la télémédecine. Mais pour pouvoir la mettre en place à grande échelle, y compris dans des territoires très ruralisés, il faut une bonne connexion internet.

Enjeu n°3 : le déploiement de la fibre

Le département a, parmis ses compétences, le numérique et donc, par extension, le déploiement de la fibre optique dans les territoires grâce à des subventions de l’Union européenne, de l’État et de la région. Et à en croire l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), le Cher n'est pas le territoire le plus à la traîne sur le sujet. La zone de Bourges à Vierzon est ainsi presque entièrement éligible à la fibre chez au moins un opérateur. 

Berry numérique, syndicat mixte chargé du déploiement dans le Cher, revendique 50 000 locaux raccordables. La majorité sortante de droite promet, par la voix de Véronique Fenoll, que "l'ensemble du département du Cher sera fibré" en 2025, soit avant la fin du prochain mandat.

En déplacement à Aubigny-sur-Nère début juin, Pascal Bourdillon, directeur de Berry numérique, misait lui aussi sur le 100% numérique en 2025, "y compris pour l'habitat isolé", comme le rapporte le Berry républicain. Ce qui ne veut pas dire que ce sera gratuit pour tout le monde. Racorder une habitation au réseau ne coûte rien au consommateur, le fournisseur prenant à sa charge 150 mètres de ligne à tirer au maximum. Mais au-delà, le client devra payer des frais, une situation qui pourrait concerner des habitants de zones très rurales. Car le réseau bâti par Berry numérique s'arrête là où s'arrête la route publique.

Enjeu n°4 : les éoliennes

Le Cher n'échappe pas à un mouvement de contestation assez généralisé dans de nombreuses zones rurales contre l'implantation d'éoliennes. Aux arguments classiques de la nuisance sonore, de l'impact sur les oiseaux et les chauves-souris, et du gâchis visuel pour le patrimoine et les paysages, s'est greffée toute une panoplie de points plus ou moins controversés depuis quelques années.

Des arguments repris, lors du débat des départementales ce lundi 7 juin par le candidat RN à Saint-Germain-du-Puy, Jean-René Coueille, faisant lui-même partie d'une association anti-éoliennes. "Les éoliennes, c’est un système qui n’est pas rentable, qui pollue les sols et les paysages, et qui détruit les finances publiques", plaidait-il. En réalité, selon l'Agence internationale pour l'énergie (AIE), l'éolien terrestre coûte 45 euros du kW/h en France, soit plus que le nucléaire classique mais moins que le nucléaire de type EPR, présenté par les anti-éoliens comme l'énergie écologique du future.

Candidat d'union de la gauche, Hugo Lefelle préférait laisser le choix aux collectivités encore plus locales que le département pour décider de l'implantation d'un parc éolien : "Quand les élus du territoire le soutiennent, et que les habitants le soutiennent aussi, il n’y a pas de raison de ne pas faire."

A l'heure actuelle selon la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), il y aurait environ 130 éoliennes dans le Cher, réparties à travers 26 parcs autorisés. Un peu plus de 90 sont actuellement en activité, tandis que les autres attendent la fin de leur construction, ou la conclusion d'une requête contre leur arrêté d'autorisation.

Car, en tout, il y avait pas moins de neuf recours dans le département contre des parcs éoliens autorisés, affirmait en mars dernier Bernard Desserprix, chef de l’unité interdépartementale Cher et Indre à la Dreal, dans les colonnes du Berry républicain. Une rejet qui s'est traduit, localement, par la destruction d'un mât de mesure à Vorly en février, et par la démission d'un adjoint au maire de La Perche, opposé à un parc approuvé par le conseil municipal. Autant dire que les éoliennes n'ont pas fini de faire parler d'elles.

Enjeu n°5 : la rocade de Bourges

L'entretien et la construction des routes, c'est en très grande partie la responsabilité des départements. Une responsabilité d'autant plus importante que plus de 80% des déplacements se font en voiture dans la région Centre-Val de Loire, notamment dans le Cher où la faible densité et la raréfaction des services publics fait faire de nombreux kilomètres aux habitants. Le réseau de routes départementales du Cher est d'environ 4 600 kilomètres, soit le deuxième plus grand du Centre-Val de Loire après l'Indre et le 29e de France métropolitaine, selon les données du ministère de l'Ecologie en 2010.

Alors forcément, tout cela coûte cher. En 2021, le budget investissements dans les routes était de 22 millions d'euros dans le Cher. 

Une partie est notamment dédiée à la construction du dernier quart de la rocade de Bourges, cet axe en forme (pour l'instant) de fer à cheval, et dont les différentes phases de création s'étalent depuis... 1989. Actuellement longue de 28 kilomètres, il manque à la rocade environ 8 kilomètres de plus, entre la route de Vierzon à l'est et la route de Paris au nord-ouest, pour qu'elle soit enfin une boucle complète. L'objectif : soulager les axes routiers du nord de Bourges, très empruntés.

Ce dernier quart faisait notamment l'objet d'une promesse de Véronique Fenoll, candidate à sa réélection au sein de la majorité départementale sortante lors du débat de lundi 7 juin : "La rocade de Bourges sera terminée. Le dernier quart est démarré, et sera terminé sûrement dans le mandat suivant." "Sûrement", mais il reste encore à le budgéter.

La première phase de financement de 17,5 millions d’euros a bien été votée, et s'est répartie entre 7 millions d’euros de l’État, 7 millions d’euros du département et 3,5 millions d’euros de Bourges Plus. Cette première phase concerne, d'après le budget 2021, le segment reliant la route de Vierzon à la D58, soit un peu plus de la moitié du tracé restant. Le désengagement de la région, dont le réseau routier ne fait pas partie des compétences au contraire des chemins de fer, pourrait ainsi fragiliser le montage de la deuxième phase dans des délais brefs.
 

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